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Cours de Psychologie
Mode ZEN

11 - La problématique Å“dipienne

La problématique oedipienne est présente bien avant l’organisation phallique mais elle ne se met en crise qu’à ce moment du développement. Sa première forme apparaît donc durant le narcissisme secondaire.

I - Terminologie

Il existe une utilisation extensive de la notion d’oedipe mais également une utilisation restrictive, c’est-à-dire que l’on ne donne le nom d’oedipe qu’à un certain type de système.

  1. La structure oedipienne

La structure oedipienne correspond à l’utilisation extensive d’oedipe. Dès que l’enfant nait, sa subjectivité est confrontée au fait que sa naissance est le fruit d’une différence de sexe et qu’il a engendré une différence de génération. Ainsi, rien dans la psyché ne s’est créé seul : en ce sens, la construction est toujours imprégnée de la relation primaire. Personne ne peut échapper à l’oedipe mais sa crise ne se déclenche que lorsque l’enfant a mûri.

  1. La crise oedipienne

Elle correspond au moment où la subjectivité humaine va rencontrer la structure oedipienne, c’est-à-dire lorsque l’enfant comprend que la différence de sexe n’est pas réversible. Cette crise débute lors de la 2ème année et s’étend jusqu’à la 5ème  année. Cette crise est donc longue et ne peut se résoudre sans que l’enfant ne change de niveau de développement.

  1. L’organisation oedipienne

Elle correspond à la façon dont l’enfant va tenter de s’organiser durant la crise, c’est-à-dire à une solution pour traiter cette crise identitaire essentielle et que l’on peut observer au cours de l’examen clinique. Elle est ce que les auteurs appellent l’oedipe. On parle encore de personnalité oedipienne, ce qui signifie que les patients sont arrivés à une organisation oedipienne.

Attention : certains ont de tels problèmes lors de leur développement primaire, dans leur identité primaire ou encore dans la différenciation moi/non-moi que leur développement n’atteint jamais le stade oedipien. Par exemple, les autistes ou les psychotiques. On parle alors d’organisation anté-oedipienne (on peut y trouver des traces d’organisation oedipienne mais il ne s’agit pas d’un système d’organisation identitaire).

Les personnalités narcissiques ou les cas limites sont des individus qui ont échoué à trouver une solution à la crise, ils s’organisent donc contre la crise oedipienne alors que l’organisation adoptée pour résoudre la crise oedipienne correspond à la névrose.

II - La crise oedipienne

  1. Développement

La crise oedipienne trouve son origine avant la naissance de l’enfant avec le contre-oedipe parental, c’est-à-dire l’oedipe de la génération précédente, lui-même réveillé par la crise oedipienne de la génération suivante : les réactions des parents dépendent aussi de leur enfance.

La crise s’amorce lors de la phase anale mais butte sur la différence entre moi et les autres, entre grand et petit. Elle se déclenche durant la phase phallique : avec la mise en échec des consolations, les différences deviennent permanentes.

  1. Lieu de la crise

La première démarche de crise apparaît lors de l’exclusion de l’enfant de la chambre des parents. Elle se combine avec la différence de sexe et de génération et se traduit par la différence de sexualité. La chambre est bien sûr symbolique puisque le problème se pose à l’enfant dès lors que les parents sont seuls.

L’enfant aime être au centre des parents, pour lui, c’est un triomphe car il exclut qu’il puisse se passer quelque chose entre eux. En ce sens, on dit qu’il exclut son exclusion. Le couple pivot de l’organisation oedipienne est donc être exclu/être au centre. Cela est visible lorsque l’enfant demande, par exemple, à ce que les parents viennent l’embrasser ensemble : il vérifie qu’il est bien au centre.

Remarque : dans le conte du Petit Poucet est joué le fait que l’enfant entende les parents parler d’eux lorsqu’il dort ; il s’agit du fantasme de l’enfant d’être au centre du couple.

La deuxième démarche de la crise intervient lorsque l’enfant désire empêcher l’évènement dont il est exclu, par exemple, en provoquant une dispute entre les parents : l’enfant est alors au centre et tient les parents éloignés l’un de l’autre.

La troisième démarche se traduit par la tentative de l’enfant de former un couple avec l’un de ses parents, il développe alors une relation privilégiée avec l’un en excluant l’autre. Par la suite, la triangulaire père/mère/enfant va tourner. Une fois la réversibilité acquise, il ne sera plus possible d’envisager ce qu’il se passe avec l’un, sans référence à ce qu’il se passe avec l’autre.

Pour autant, l’enfant demeure parfois exclu du couple, ce qui provoque le sentiment d’une blessure irréversible. Il comprend alors qu’il ne peut pas être tout en même temps. C’est ce qu’on appelle la crise oedipienne.

  1. L’organisation oedipienne

La solution trouvée à cette crise le sera dans la découverte de l’importance et de l’efficacité de la symbolisation (jeu, représentations, imaginaire), qui permet des solutions d’attente par rapport au désir qui ne peut se réaliser.

Se développe alors la double identification :

  • Au père : l’enfant pense être le même que lui, sur le plan du sexe (y compris la fille) mais est différent sur la génération
  • A la mère : se voit différent sur les deux points.

L’enfant s’identifie à ce qu’il n’a pas mais il imagine l’inconnu à partir du connu, d’où le développement des théories sexuelles infantiles de type oral, anal et phallique. L’enfant imagine aussi l’inconnu à partir de ce qu’il sait de l’autre. Par exemple, lorsque l’enfant assiste à des scènes de ménage violentes, il va imaginer que dans la chambre, le père sera violent ou l’inverse.