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Cours de Psychologie
Mode ZEN

8 - Le narcissisme secondaire : phases orale et anale

I - Etude de la révolution

  1. Le phénomène de scission

L’émergence de la reconnaissance de l’extériorité entraine une réorganisation du monde intérieur basé sur le narcissisme primaire : paradis, satisfaction, monde du tout, tout de suite, tout seul et tout ensemble ; c’est le monde idéal.
Ce monde n’a jamais existé que dans le psychisme du bébé, il s’agit donc du monde de l’illusion primaire.
La découverte de l’extériorité est la première désillusion mais elle ne fait pas pour autant disparaitre toutes les traces intérieures de l’illusion primaire, c’est comme si le bébé quittait le monde de la loi de la perception pour le monde de la représentation, la première étant celle de la représentation de l’idéal perdu qui se crée au moment même de la désillusion. Toute notre vie, nous chercherons à atteindre ce monde idéal mais celui-ci reste inatteignable puisqu’il n’a jamais existé.

  1. La 3ème révolution

Une fois découverte, l’enfant projette sur sa mère la représentation de l’idéal perdu ; on dit qu’il projette sur la mère du narcissisme secondaire ses expériences du narcissisme primaire. Le sein est alors idéalisé et devient le symbole de l’abondance : processus psychique d’idéalisation du sein et premier transfert du paradis perdu sur le corps maternel. Ces phénomènes entrainent un vécu subjectif de dépendance et de quête de cet objet idéal.
Ex : - Narcissisme primaire : le cri est une décharge de tension sans intention

  •  Narcissisme secondaire : le cri est intentionnel, c’est un cri d’appel

Ainsi, le bébé charge ses mouvements d’une tentative d’exploration de l’objet, soit un travail de perception beaucoup plus fin et de description de la mère. Il découvre ainsi que la mère lui adresse des signes, qu’elle communique avec lui. Le bébé dépendant totalement de la mère pour sa satisfaction, tout ce qui la concerne devient primordial. C’est en ce sens que l’on dit que la dépendance est un puissant moteur de socialisation.

II - Entrée de l’enfant dans le conflit d’ambivalence

  1. Rappel

Avant de l’avoir découverte, les bébés aiment leur mère mais cet amour est différent de celui qui existe lorsqu’ils ont découvert l’extériorité car la qualité subjective de ce qu’il se passe donne sens aux choses. Avant, il ne s’agissait pas de l’amour d’un sujet envers un autre.
L’oralité commence au moment de l’extériorité de la pulsion : lorsque le sein est absent, le bébé est en manque, il se jettera dessus lorsqu’il reviendra. Ce conflit entre la haine pour l’absence et l’amour pour la satisfaction va s’organiser autour d’autres conflits car la dépendance provoque du déplaisir.

  1. Organisation autour d’un autre conflit

Bien que l’enfant ait projeté le monde idéal sur la mère, il le conserve tout de même à l’intérieur de lui. Ainsi, lorsque le sein lui manque, il se tourne vers la représentation interne de l’idéal, se passant donc de la mère. C’est ainsi que le bébé découvre l’autoérotisme, c’est-à-dire l’activité du sujet en rapport avec la représentation de l’objet en cas d’absence de cet objet envers lequel la dépendance est trop forte.
L’existence et le développement de l’autoérotisme sont à l’origine d’un conflit entre la voie autoérotique (narcissisme) et l’hétéroérotique (l’objet), le premier n’apportant pas de satisfaction authentique au besoin lui-même mais au narcissisme. Ce conflit est lié à l’ambivalence puisque lié à la dépendance.
Remarque :
Autocensualité : comportement dans lequel le sujet se donne lui-même des sensations idéales mais sans représentation : corps du corps
Autoérotisme : activité du sujet en rapport avec une représentation de l’objet : corps de la représentation.
Dynamisme du conflit : lorsque la mère est absente, le bébé lui en veut mais fait appel à la mère intériorisée. Lorsqu’elle revient, il ressent moins de haine puisqu’il bénéficie davantage de sa personne. Plus il existe de représentations internes positives de la mère, plus il peut faire appel à ses représentations lorsqu’elle s’absente. Si la mère est insuffisamment bonne, l’autoérotisme ne permet pas de calmer le bébé. Les boucles autoérotiques ne fonctionnent pas.

  1. Conflictualité de l’autoérotisme

L’autoérotisme lui-même n’est pas exempt de conflictualité. En effet, lorsque l’enfant se donne satisfaction seul grâce aux représentations, tout se passe subjectivement comme s’il l’avait retirée à la mère. En ce sens, le bébé renferme quelque chose de violent à l’égard de l’objet. D’ailleurs, les mères sentent très bien que le bébé commence à s’auto-automatiser et à s’éloigner d’elles. .
L’une des régulations essentielles est le constat que la mère n’a pas été touchée par l’utilisation auto-érotique, le conflit étant entre l’envie de se passer de l’objet et la crainte que l’utilisation auto-érotique de l’objet ne l’ait entamé.
Kipler a montré l’importance fondamentale de la non intervention de l’adulte (durant l’absence) afin que le bébé puisse s’approprier les objets.
Remarque : on retrouve ces phénomènes à l’adolescence lorsque l’auto-érotisme se traduit par la masturbation. Celle-ci porte sur un objet. Lorsque l’on croise cette même personne, on ressent de la culpabilité. C’est la même question que le bébé, c’est à dire de savoir si ça lui a fait quelque chose.

III - Le stade oral

  1. Destructivité

A l’âge du stade oral, les dents du bébé sortent et le sevrage se met en place. L’enfant ressent l’envie de mordre, d’incorporer les objets, ce qui est traduit comme stade sadique-oral dans la littérature. En s’apercevant que l’objet ne disparaît pas même après l’avoir agressé, le bébé prend confiance en lui.

  1. Transitionnalité

Piker observa des activités libres spontanées correspondant au prototype du jeu. Il remarqua que le bébé est découvreur, dans le sens où tout se passe comme s’il mêlait aux objets qu’il manipule, des choses de sa propre expérience sensorielle (il ne fait pas de différence entre l’objet et le corps). C’est la première expérience d’appropriation subjective des bébés. Ce temps est important car il forme la base de la liberté.
Winnicott, de son côté, remarque que dès la naissance, un doudou est élu. Il formule l’hypothèse que l’activité du sujet est liée à un lieu et à une atmosphère. Il serait donc nécessaire de créer un objet transitionnel offrant un moyen de trouver cet environnement. Le doudou serait cet élément intermédiaire entre le monde externe et le monde interne. Il est donc un élément de la réalité intérieure perceptible, tel le transfert.
Remarque :
L’oralité passe par la bouche mais elle correspond avant tout à un rapport au monde qui organise la pulsion. Certains objets transitionnels deviennent des fétiches, ce qui implique qu’un bon objet transitionnel doit être laissé au bout d’un certain temps. 

IV - Le stade anal

  1. Premières manifestations

A cet âge, le bébé a découvert la dépendance et développé l’auto-érotisme pour la réduire. La motricité s’affine de plus en plus offrant ainsi une indépendance qui éloigne l’enfant de la vue de la mère de plus en plus souvent. De ce fait, la mère court et s’inquiète.
On parle du concept du retournement car l’enfant agit sur la mère en l’angoissant à son tour. Il s’agit du premier signe d’analité.
Lors du moment de la propreté, la mère perd l’objet de satisfaction puisque c’est l’enfant qui le possède, décidant lui-même de faire plaisir à sa mère en acceptant de faire ses besoins sur le pot ou non. Il s’agit de la première expérience subjective d’être le maître des choses. Cette expérience se multiplie ensuite sur de nombreux objets comme par exemple avec la nourriture.

  1. Décharge

Lorsque le bébé a envie d’aller à la selle, il ressent une tension qu’il peut lui-même expulser, en ce sens, il peut se satisfaire tout seul. En effet, les matières fécales lui permettent de réduire les tensions tout seul, quand il le veut et où il le veut, c’est-à-dire trois propriétés communes avec le monde idéal. On constate alors un nouveau transfert de la représentation idéale sur les matières fécales.

Le rapport de force mère/enfant s’installe afin qu’il ne devienne pas le maître des choses. La difficulté est de savoir où poser la limite. Il faut en effet une attente suffisamment longue pour que l’enfant sente que quelque chose dépend de lui (appropriation de l’expérience de contrôle corporel) mais un temps tout de même suffisamment limité. Par ailleurs, si la mère accepte d’attendre, l’enfant pourra s’identifier à un modèle qui accepte l’attente. C’est le début de la socialisation.

  1. Le comportement anal

Le concept de retournement se comprend avec celui d’autonomie. L’enfant comprenant comment son corps fonctionne concernant les selles,  poursuit l’exploration de son corps mais chaque partie tend à s’automatiser comme s’il était un tout : la main veut prendre, la bouche a faim etc. L’enfant est ainsi assailli d’envies et est confronté à la loi du tout ou rien, soit il a un sentiment de force qui augmente s’il lui permet de contrôler également la mère (comportement de petit tyran) : l’analité a donc à voir avec la volonté (d’où l’expression pour les hommes considérés comme faibles d’être des lavettes) ; soit la tension est trop importante et l’enfant lâche sans rien avoir obtenu. Il se sent alors vide et déprimé. Ce paradoxe fonde le prototype du compromis.
Ex : le bébé qui vole les jouets des autres enfants
L’enfant est écartelé entre ses désirs et devient victime d’une angoisse de morcellement qui menace le moi d’explosion. L’enfant est tyrannisé par ses désirs au point d’oublier ses propres jouets pour aller prendre ceux des autres. Il en lâche donc un puis un autre et encore un autre. Il y a retournement du tiraillement interne et nécessité que l’enfant soit aidé par son environnement.

  1. Limites de l’analité

L’enfant est contraint de faire des compromis concernant son idéal du tout. Par exemple, ce n’est pas lui qui détermine le moment d’aller à la selle mais son organisme, ce qui diminue son plaisir. On dit donc qu’il existe un couple pivot qui est le couple passif/actif.
Par ailleurs, le moment où l’enfant ressent le plus de plaisir est aussi celui où il perd l’objet. Il perçoit ainsi que le plaisir ne peut durer, ce qui va à l’encontre de l’idéal du tout.
La problématique générale de l’analité est qu’elle n’offre que peu de permanence et ne tient pas la promesse du retour différé du plaisir.