Avoir été élevé par des parents toxiques - (01-10-2011)
Bonjour,
Si j'interviens aujourd'hui sur ce forum que je viens de découvrir, c'est pour tenter d'apporter par mon expérience personnelle, une modeste pierre à la reconstruction de notre MOI et à sa réapropriation, MOI qui nous à été volé.................. Mots, j'en ai conscience, très forts, mais mots tous emprunts d'un très forte réalité et s'accompagnant de très grandes souffrances ce depuis notre petite enfance et toute notre vie durant !
Je suis l'aînée d'une famille de deux enfants, mon frère est né deux ans après moi. Neuf mois après sa naissance, mon petit frère qui était né trisomique 21 avec de graves malformations cardiaques est décédé, laissant mes parents dans le plus grand des désarrois et de grandes souffrances. Il n'ont pas été alors accompagnés psychologiquement, cela ne devait pas être très courant et normal en 1963. A l'âge du décès de mon frère, j'avais donc 2 ans et neuf mois, âge si je ne m'abuse où un enfant s'approprie son MOI. Ma maman, n'a probablement jamais fait le deuil de son fils et est rentrée très certainement dans une dépression latente qui n'a sûrement jamais atteint de point culminant et qui a distillé lentement et sûrement son poison. Les conséquences ont été terribles puisque la mère qu'elle aurait pu être est morte avec son fils, mon frère décédé. J'ai donc développé un syndrome connu des psychothérapeutes, qui est celui de la mère morte.
A vous qui me lisez, vous vous demandez si je ne me suis pas trompée de thème de forum après ce début de lecture : je vous rassure que non et je vais y venir.
Parrallèlement à ce syndrome et aux lourdes conséquences et séquelles qui s'y accompagnent, ma mère a reproduit inconsciemment les affres d'une éducation toxique qu'elle-même avait subie dans son enfance (dénie de son individualité, instrumentalisation, récupération, manipulation.............). Ne pouvant et ne sachant faire autrement, après avoir été victime, elle est devenue bourreau. Et cela, auprès du seul enfant qui lui restait (mes parents n'en n'ont pas eu d'autre), mais aussi auprès de son mari, mon père qui lui aussi doit avoir une antériorité d'enfant soumis pour être tombé dans un tel piège, mais là ne sont que suppositions car mon père ne s'est que peu livré sur son passé et comme j'ai très peu connu la famille de mon père............. ce qui n'est pas le cas côté maternel !
Je ne vous parlerez pas du quotidien de l'enfant élévé par des parents toxiques, vous le connaissez, il fait partie de votre histoire à vous aussi. Nous avons et connaissons les mêmes souffrances qui nous collent et nous collent encore et encore à la peau........... à notre ETRE........... Ou je dois dire, car cela est plus juste , plus réel, plus parlant, plus criant : notre pseudo-ETRE. Un VIDE........... UN immense et incommensurable VIDE................
Comment aimer et reconnaître ce quelqu'UN en nous qui ne nous a jamais été permis de LUI donner toute la place qui lui revient de droit de part sa venue au monde. Comment trouver sa place dans un univers dans lequel nous sommes né et dans lequel nous n'existons pas en tant qu'individualité ? Sommes-nous condamné à errer éternellement en attente dans les lymbes de nos rêves et de nos cauchemars ?
Si je ne sais pas encore qui je suis réellement, je sais de quoi cette "éducation" m'a imprégnée : hypersensibilité, timidité, indécision, échec dans toutes mes relations interpersonnelles, dépendance affective, auto-déni, recherche de la solitude qui est pourtant source de souffrances................. Tout cela bien entendu vécu en excès.............
Le temps s'écoule, après l'enfance, vient l'adolescence et tous les dangers que cela représente pour des parents toxiques : un cran au dessus est donné et de peur que son enfant "n'accouche" de lui-même, l'oeuf dans l'oeuf est à nouveau tué. Conséquences catastrophiques dans les relations amoureuses qui deviennent inexistantes : la peur, toujours cette même peur.............. La solitude devient alors un refuge, une protection et on érige de plus en plus haut un mur qui nous coupe et nous protège encore plus d'autrui. A notre insu, et avec notre "accord" on devient acteur puis réalisateur de notre propre internement, aprés avoir été longtemps conditionné, alors la dépendance d'avec nos parents devient de plus en plus grande, car ils sont compatissants, semblent être à l'écoute, nous ouvrent toujours leur bras dans lesquels nous semblons réparer nos peurs, nos peines.............. Ils sont notre "port d'attache", le seul sur qui nous pouvons compter et qui sera toujours là !
Bien entendu, il y a parfois, je dis parfois (car dans mon cas les attaques ont été souvent sournoises, déguisées telles un cheval de Troie) des attaques verbales directes qui m'ont toujours laissée anéantie et dans l'incapacité de réagir, baissant toujours l'échine, dans une totale soumission (du reste les conflits me font toujours fuir et je suis incapable le plus souvent de me défendre et encore plus de faire face à la méchanceté qui me déstabilise complétement). Et lorsque tout allait si ce n'est pour le mieux mais plutôt pour le moins pire, il y avait toujours un regard maternel de jugement, d'absence d'empathie.............
Malgrè la solitude dans laquelle je me réfugiais, j'ai réussi à me marier à l'âge de 26 ans avec un homme souffrant des mêmes blessures narcissiques que les miennes (mère supra-autoritaire avec égo surdimensionné : la reine-mère qui a castré très sûrement son fils avec un père qui a non investi sa place). Donc deux "enfants" qui se sont rencontrés. Nous avons vécu 17 ans ensemble et avons eu deux garçons que j'ai voulu tout de suite après notre mariage. Il était et du reste doit toujours être un homme bon et trés gentil mais à qui, à lui aussi, ses parents ne lui avait pas donné sa place, à lui aussi il lui avait été interdit de développer son MOI. Il n'a donc jamais vraiment été un amant, un mari, un ami et un père puisqu'il a reproduit le seul schéma qu'il connaissait. Nous avons vécu ainsi cahin-cahan sans que l'un comme l'autre n'ait conscience de tout ce que je suis en train de vous livrer. J'ai actuellement 50 ans et je viens à peine de comprendre mon histoire, de comprendre pourquoi...........
Sans compréhension de ce que nous étions et avec nos souffrances respectives, nous avons élevé nos enfants, certainement du mieux que nous pouvions. Puis à l'âge de 8 ans notre deuxième fils a développé un ashme sévère amenant son pneumologue à le ficher comme patient à risque auprès du SAMU (je suis moi-même allergique, ashmatique depuis l'âge de 15 ans). L'année qui a suivie a été très éprouvante d'autant plus que notre fils aîné âgé alors de 11 ans a développé lui aussi un ashme sévère avec même protocole instalé auprès du SAMU. La maison est devenue progressivement une annexe de l'hôpital mais inmanquablement la casi-totalité de nos soirées se terminaient à l'hôpital avec intervention du SAMU, ambulance...... Mon conjoint a été largement dépassé, comment pouvait-il dans ces moments d'angoisse, de peur, prendre sa place de père et j'ai combattu seule la maladie de nos enfants, en essayant de les enfermer le moins possible dans cette maladie, faisant pour cela taire toutes mes peurs et mes angoisses de mère, les inscrivant tous les mercredis au ski avec l'épée de Damoclès toujours sur leur tête d'une crise en altitude avec SAMU, hélico, retour hôpital, soufflant à chaque retour de car............. Je lui en ai longtemps voulu même après notre divorce. Je me suis alors éloignée de plus en plus de lui jusqu'à ne plus l'aimer et j'ai demandé le divorce. Avec le recul, je sais qu'il n'est pas responsable. Etre responsable c'est ETRE, et lorsque l'on n'EST pas............. La conscience amène à l'état !
Lorsque deux "enfants" de 26 et 31 ans se marient pour divorcer 17 années plus tard, qu'ont-ils recherché dans l'autre, quelle est la raison qui les a unit ?
Je crois que chacun de nous a épousé, l'un sa mère, l'autre son père.
L'un sa mère : potentiellement je pouvais devenir bourreau ! Je m'explique : je crois qu'il puisse y avoir une transmission familiale de la persécussion d'autui, pas de façon systématique et pas forcément à des niveaux comparables (plus ou moins marqués).
Si je pars de ma grand-mère maternelle : bourreau, peut-être victime dans son enfance (absence de connaissance de son histoire).
Ma mère : victime puis bourreau.
Moi : victime et potentiellement bourreau.
A savoir, le suis-je devenue, l'ai-je été ?
Certes, j'ai désiré avoir des enfants très tôt après m'être mariée, il me fallait toujours combler un vide profond qui était tout au fond de moi, une avidité à emplir, remplir............ Plus mon ventre s'arrondissait, plus j'étais épanouie c'est ce que ma sage-femme me disait quand elle me voyait et je la voyais chaque semaine car nous allions en sa compagnie avec un groupe de femmes enceintes à la piscine. Ma grossesse, je l'ai mené toute seule, mon mari avait de nombreuses occupations y compris le week-end que je passais du reste la plupart du temps chez mes parents... Comme c'est drôle et normal, non ?
Mon enfant je l'ai désiré, attendu, choyé, aimé.......et très certainement idéalisé... Avec lui, je ferai........... je lui apprendrai............ il aimera.............. en redemandera................ Neuf mois ainsi ! Puis mon fils est né. Un Amour. J'étais comblée, heureuse. Mon bébé............
J'ai poussé son père à investir sa place de père, j'avais besoin de lui pour me rassurer, le tout premier enfant est souvent l'enfant de l'angoisse pour la maman, suis-je une bonne maman, suis-je capable de bien m'occuper de mon bébé. Il s'est inscrit aux abonnés absents (il ne pouvait faire autrement), là sans être là. Alors mon bébé est sûrement devenu mon bébé pansement, je lui ôtais déjà une individualité puisque j'effectuais un transfert. Je crois avoir été une maman très angoissée, un début de toxicité qui se transmet tel un virus. Puis, le "avec lui, je ferai.... je lui apprendrai..." enfin l'enfant idéalisé que je m'étais inventé n'a pas correspondu à la personalité de mon fils qui a toujours été plus moteur que cérébral, et j'avais malheureusement idéalisé mon enfant dans une cérébralité uniquement. Une claque ! Un décalage ! Mon amour pour mon fils était inchangé mais ce petit être ne correspondait pas à l'idée que je m'étais faite de mon premier enfant. Encore une part de lui-même que je lui ôtais ! Mon fils aîné a aujourd'hui 23 ans et a souffert de cela : il s'est toujours mangé ses ongles de façon je dirai compulsive et le fait encore. Je lui ai fait du mal sans le vouloir et sans en avoir aucune conscience à l'époque. Je lui est peut-être enlevé plus de lui-même mais venant il y a peu de comprendre tout cela, je ne sais. Je n'ai par contre pas eu la même attitude à la naissance de notre deuxième fils : je ne crois pas avoir été toxique. Je lui ai fait du mal, oui mais plus tard à ses seize ans lorsqu'il s'est senti abandonné quand j'ai quitté la région pour vivre avec mon futur mari. Par contre, je sais et cela avec certitude parceque mes deux enfants me l'ont dit, avoir été un mère attentive, aimante et présente. J'ai à l'heure actuelle une relation d'amour, de respect, de communication avec chacun de mes deux fils, ce que je n'aurai pu construire si j'étais devenue moi-même bourreau, relation que je n'ai toujours pas établie avec ma mère. Suivant l'adage populaire on récolte ce que l'on sème. J'aime mes deux fils d'un même amour, pour ce qu'ils SONT en leur faisant une entière confiance dans leurs décisions, leurs choix : je suis une maman très fière de ce qu'ils sont : deux hommes biens et justes.
Quant au père de mes fils, je sais maintenant qu'à travers lui j'ai dû épouser la gentillesse et la bonté de mon père mais aussi son absence d'implication dans son rôle de père et forcément lorsque nos fils ont été touchés par l'ashme, son absence d'implication pourtant habituelle m'est devenue alors intolérable. Mes enfants étaient sacrifiés par leur père tout comme je l'avais été moi-même. Je n'ai pu le supporter et j'ai cassé le lien que je n'ai pu casser d'avec mes parents. En divorçant de mon mari, j'ai divorcé de mon père.
Et pourtant, nous avions deux fils, et nous aurions pu être heureux et très certainement toujours ensemble.
Mais l'histoire n'est pas fine, elle se joue et se rejoue, n'oubliez pas on devient à notre insu acteur et réalisateur.
Avant même d'être divorcée, quand symboliquement j'ai cru reprendre ma liberté lorsque j'ai avoué au père de mes enfants que je ne l'aimais plus et que je désirai le quitter, ce vide qui m'avait toujours accompagné est devenu abyssal. Je l'ai comblé par des aventures qui loin de me nourrir, me laissait de plus en plus vidée de mon MOI. Plus j'essayais de combler, plus je me vidais.
Je travaillais pour la première fois, ayant été mère au foyer afin d'élever mes enfants auparavant ; je me suis lancée à corps perdu dans le sport qui n'était qu'un éxutoire ; et dans des aventures que je m'évertuais à tuer pour ne pas souffrir de tout attachement, tout cela inconsciemment bien entendu. J'ai fini par m'isoler de plus en plus : travail, sport, et couette toute la jounée de mes repos en compagnie d'un............ bouquin. Sauf bien entendu, lorsque mes enfants étaient à la maison (garde partagée une semaine sur deux). Une image à tenir plus qu'un rôle à tenir, une responsabilité que je fuyais (je redevais l'enfant en souffrance que je n'avais jamais cessé d'être mais que j'étouffais parceque maman j'étais devenue), donc travail, sport parceque c'était devenu une drogue, et mes fils. Mes fils, que j'abandonnais petit à petit, là sans être là, toute à ma souffrance, à mon vide qui ne cessait de m'appeler, de m'aspirer......... Je ne crois pas que mon fils aîné se soit aperçu de quelque chose. Par contre, mon deuxième, oui. Il a essayé de me porter : ce n'était pas son rôle. Il était l'enfant et moi la mère, sauf que là les rôles se sont inversés, et je ne voyais toujours rien, aveugle je devenais, sourde, aveugle et muette. La dépression que je niais bien entendu tissait sa toile et me piégeait. Mais, c'est moi la plus forte, alors tel un petit soldat, je m'évertuais à avancer tête baissée, advienne que pourra ! Mon fils a fait ce qu'il devait faire pour se protéger, il a commencé à arriver de plus en plus tard à la maison pour retarder la confrontation avec une maman qui souffrait trop pour qu'il puisse l'aider et là n'était pas son rôle.
C'est à ce moment là que j'ai recontré celui qui allait devenir mon futur mari. En allant dire bonjour à d'anciens collègues de travail commerciaux comme je l'avais été dans le premier emploi que j'avais exercé, j'ai rencontré un homme, lui aussi commercial, avec lequel j'ai commencé une relation. La passion partagée tout de suite. Moi qui n'avais jamais été reine, je le suis devenue. Pas un week-end sans le voir à partir de ce jour ou presque, le temps de le présenter à mes fils, je précise que nous n'habitions pas le même département. Aimée, adulée, gâtée, jamais je n'avais reçu des attentions aussi importantes, tout était fait, organisé pour moi en fonction de moi. Du moins en apparence, car tout ce qui brille n'est pas d'or ! Mais cela, il m'a fallu un certain temps pour m'en rendre compte, toute entière absorbée par ce que je considérais comme un cadeau de la vie. Six mois après, j'avais vendu mon appartement, démissionné de mon travail pour aller rejoindre l'amour de ma vie en laissant mes enfants à leur père. Bien entendu, moi seule pouvait déménager (j'étais seule propriétaire), son travail il l'exerçait sur foire donc pas d'obligation de devoir rester dans son département.............. Je ne pensais plus, ne réfléchissais plus : c'est moi qui devait déménager au risque de le perdre. Et nous revoilà face à au déni de moi-même. En peu de temps, il a su installer chez moi une dépendance affective qui annonçait ma perte. Mais quoi à perdre quand on est pas ? Mes enfants avaient alors 16 et 19 ans. Ce n'a pas été facile pour eux de me voir partir mais pour mon bonheur ils ont accepté en me donnant leur bénédiction : leur maman avait droit d'être heureuse et elle le méritait. A 16 et 19 ans c'est faire preuve d'une grande maturité et (cela n'a rien à voir avec l'âge) d'un amour profond pour leur maman.
Pendant ces 5 années dernières, chaud et froid m'ont été insufflés : du fer froid et de la braise. Mais de façon très intelligente et très pertinente à chaques fois et à dose homéopathique mais suffisament dosée pour être efficace. Aucun parallèle avec quelquechose de déjà connu dans ma tête . Le poison à nouveau coulait dans mes veines. Il m'a fallu 5 ans de ma vie à ses côtés pour reconnaître le déjà connu. Je vivais à nouveau sous l'influence d'une relation toxique. Celle-ci a un nom : narcissique manipulateur.
Et la boucle est bouclée !
Un élément extérieur a été déclencheur de ma prise de conscience : l'argent, le manque d'argent au point de tout perdre (saisie, huissier.......). Un choc pour moi de vivre tout cela, je n'ai jamais connu l'opulence, mais je n'ai jamais connu non plus la précarité et sa cohorte d'angoisses, de peurs......
J'ai ouvert dans ma tête ou plutôt entrouvert une porte bien fermée et vérouillée jusqu'à peu, et une action en entrainant une autre, d'autres portes qui étaient encore et bien plus sûrement vérouillées se sont ouvertes. Il ne me restais plus qu'à les pousser en grand.
WAOU ! Quelle souffrance et quel mal être m'ont assailli alors ! Cette lettre est bien un début de thérathie j'en suis consciente. La suite de mon parcours m'appartient encore et les décisions que je vais devoir prendre se prendront quand le moment de les prendre viendra. Rien n'a jamais été aussi clair dans mes interrogations. J'ai répondu au pourquoi. Je sais mainenant. A moi de me réapproprié mon MOI.
Cette lettre pour que vous soyez vigilants à toutes les conséquences qu'engendrent toute relation toxique d'autant plus si dans notre berceau elles nous ont été "offertes" (mythe de la Belle au bois dormant). Plus tôt, vous vous réveillerez, plus tôt vous deviendrez l'acteur et le réalisateur POSITIF de votre vie.
Nous sommes tous UNE personne.
Tu es TOI
Je suis MOI
Même si pour beaucoup d'entre nous c'est une notion très floue.
Le chemin de la guérison est certes caillouteux, blessant, voire traumatisant, mais au bout... LA LUMIERE
VOUS
NOUS
TOI
MOI
Merci à vous tous d'avoir eu la patience de me lire.
Amicalement. Poupéeratatouille
(poupeeratatouille)