Mode ZEN
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Suis-je un bon parent ?
Nous sommes enfermés dans le culte de la performance et du bon à tout prix. Partout, nous sommes exhortés à réussir voire à être parfait. En tant que parents, nous n'échappons pas à cette injonction. Mais qu'est-ce qu'être un bon parent ? Etre un bon parent est-ce ne pas en être un mauvais ?
Avant tout une rencontre
La question de la parentalité s'est affirmée avec l'essor de la psychanalyse qui a mis en lumière l'importance des premiers moments de vie dans le devenir de l'enfant.. Ainsi, très vite, le rôle des parents dans la constitution psychique de l'enfant est apparu fondamental. Pour autant, la psychanalyse et les psychanalystes se sont dans leur majorité refusés de proposer un code de "l'être parent". Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises conduites vis-à-vis de l'enfant hormis celles interdites par la loi (maltraitance, abus, négligences graves). Ils ont donc insisté sur l'importance de la rencontre parents/enfants et de ses modalités. Winnicott a métaphorisé cette rencontre sous la formule de la "mère suffisamment bonne" et l'a sortie de la dualité figée bon/mauvais.
La rencontre parent/enfant met en jeu deux individualités, deux histoires, deux personnalités. C'est dans ce creuset que se joue la question fondamentale à laquelle nous avons à faire : la relation parent/enfant plutôt que la qualité du parent. S'il n'y a pas de bons ou de mauvais parents, il existe un modèle positif de relation parent/enfant : celle qui permet à l'enfant de commencer son existence avec des bases solides.
La rencontre parent/enfant met en jeu deux individualités, deux histoires, deux personnalités. C'est dans ce creuset que se joue la question fondamentale à laquelle nous avons à faire : la relation parent/enfant plutôt que la qualité du parent. S'il n'y a pas de bons ou de mauvais parents, il existe un modèle positif de relation parent/enfant : celle qui permet à l'enfant de commencer son existence avec des bases solides.
Une relation qui crée un être neuf
Remplir son rôle de parent, c'est permettre à l'enfant de disposer d'une relation sécurisante lui permettant d'aller vers l'extérieur et d'investir son environnement. Pour rester efficace le parent doit donc s'adapter à chaque âge de la vie de son enfant. Si au départ les besoins du nourrisson doivent être satisfaits avec diligence, au fur et à mesure qu'il grandit, il doit se confronter à une certaine frustration. Il découvre ainsi que tout n'est pas acquis immédiatement et qu'il est en relation avec quelqu'un qui lui est extérieur et qui fonctionne différemment de lui. Cette prise en compte de la différence entre soi et l'autre fonde sa personnalité et son unicité.
Répondre aux attentes de l'enfant
Ainsi, être un bon parent c'est pouvoir répondre aux attentes de l'enfant tout en lui ménageant un espace à investir. C'est dans cet espace que va se constituer son psychisme. L'exemple de l'alimentation du nourrisson est à ce titre parlant. Quand il pleure pour réclamer son biberon, il demande à être immédiatement satisfait. Pour autant, le temps de préparation joue un rôle de temporisation, c'est-à-dire de développement du psychisme. Il enseigne au bébé :
- qu'il est détaché de la personne qui le nourrit
- qu'il existe des paramètres extérieurs à sa relation
- qu'il survit quand ses besoins sont différés
Pour la supporter, il va se mettre à imaginer (halluciner) la satisfaction qu'il va tirer lorsque la nourriture lui sera enfin proposée. Ces mécanismes sont dès lors fondamentaux. C'est par eux que le psychisme vient aux bébés.
Les mots qui font du bien
Toutefois, leur capacité de temporisation n'est pas égale à tous les âges de leur vie. Il importe qu'elle soit proportionnée à leurs possibilités. Trop longue, l'enfant se sent rapidement en insécurité. En conséquence, il apparaît qu'être un bon parent c'est être en mesure de répondre aux attentes de l'enfant en y introduisant un espace juste. C'est une attitude entre la satisfaction totale et la négligence. Elle demande un certain tact parental rendu possible par le fait qu'adultes, nous maîtrisons une formidable compétence pour différer la satisfaction : le langage. D'ailleurs les parents s'en rendent compte d'eux même lorsqu'ils commentent leurs actions. Ils expliquent en fait à l'enfant qu'il va manger ce qu'ils lui préparent et ce faisant l'invitent à patienter.