La vie psychique est considérée comme un ordre de réalité. Il existe en effet deux types de réalité :
La réalité matérielle : elle correspond à la physique, aux sciences de la matière et de l’inanimé
La réalité biologique qui renvoie à un niveau de complexité supplémentaire car le vivant dispose d’un système d’autorégulation. Faire dans le vivant confronte en effet à une sophistication qu’on appelle réalité psychique. Elle renvoie au fait de donner du sens à ce à quoi nous sommes confrontés. Il s’agit d’un rapport de métacognition par rapport à nous-même, cette subjectivité étant ce qui nous définit comme sujet.
La psyché a une consistance propre, une résistance propre et une spécificité propre, ce qui fait d’elle une réalité propre et particulière.
La psyché n’est pas matérielle mais on n’a jamais non plus vu une psyché en dehors d’un être humain !
La réalité psychique est souvent bafouée car on ne s’occupe que de la réalité physique dans un grand nombre de cas. Pourtant, dans le cas d’un sujet déprimé, même si l’on ne peut localiser le circuit neuronal en question, la réalité psychique existe et résiste (au traitement, aux paroles…) autant qu’une table peut le faire lorsqu’on s’appuie dessus.
En tenant un bébé, on peut à la fois le placer dans un environnement sûr en le serrant fermement mais on peut également le placer dans un monde chaotique et angoissant en le tenant mal. Dans les deux cas, l’expérience psychique interne du sujet sera différente.
On remarque également que la médecine même tient compte de la réalité psychique puisqu’elle teste ses traitements en double aveugle : les patients A et B ne savent pas si leur médicament est efficace. C’est l’effet placebo, lequel d’ailleurs, correspond à 40% de l’efficacité du traitement !!!
Ainsi, la réalité psychique est prise en compte dans les protocoles expérimentaux des médecins mais pas dans leur formation.
Lors d’une expérience, on a posé une pièce de monnaie sur la main d’un sujet hypnotisé en lui disant qu’elle était brûlante. On a pu observer une tâche brune se former sur la main. Conduit chez le dermatologue, celui-ci a diagnostiqué une brulure du second degré. Cette expérience démontre que la réalité psychique est objective et prouve l’importance de la parole humaine.
La réalité psychique est composée d’une partie dont on est conscient. Par exemple, on sent lorsque l’on est en colère. Mais elle comporte également une part qui nous échappe : la culpabilité inconsciente d’un enfant provoquant des punitions et qui renvoie à l’une de hypothèses pour comprendre la délinquance.
Cette part qui nous échappe est celle qui intéresse la psychologie clinique.
Nous sommes organisés dans le temps : nous avons des projets. Nous sommes également des êtres logiques et rationnels. Concernant les logiques qui nous échappent, nous tentons de nous en saisir : par exemple ; le cœur a ses raisons que la raison ne peut pas comprendre.
On distingue donc trois formes de logiques :
La réalité psychique a un sens d’un autre point de vue que celle des logiques rationnelles et primaires. Cette autre logique nous semble irrationnelle car ce sont des logiques de l’enfance : l’inconscient est en effet infantile.
Nos goûts ou désirs n’obéissent pas à une logique rationnelle mais ils nous poussent à agir et nous influencent. Par exemple, un sujet souffrant de symptômes névrotiques sait qu’il ne devrait pas avoir peur mais il ne peut l’empêcher. Il souffre alors d’une angoisse supplémentaire car il ne comprend pas ce qu’il se passe à l’intérieur de lui.
Face à cette réalité psychique intérieure se développent alors trois attitudes :
Charcot a expérimenté l’attitude de rationalisation en 1885 à la Salpêtrière : il hypnotisa une femme et lui dit qu’elle ira ouvrir un parapluie dès son réveil alors qu’il faisait beau. Elle le fit puis il lui demanda la raison de son geste. Elle lui répondit alors qu’elle voulait vérifier s’il fonctionnait bien.
Une part de notre appareil psychique est faite pour refouler la réalité psychique. La plupart des personnes se contente en effet d’une théorie psychologique banale. La réalité psychique a ainsi été explorée par des individus en souffrance mais qui ne refoulaient pas comme par exemple, les hystériques, les obsessionnels etc. C’est en cela que l’on considère qu’il existe une alliance historique entre psychopathologie et psychologie clinique.
Cependant, la psychologie clinique tente de démontrer que les processus psychiques sont identiques chez les sujets ‘normaux’ et les sujets ‘anormaux’. Par exemple, Freud répliqua les processus de l’hystérie aux rêves, aux lapsus… Si la psychopathologie offre une situation expérimentale vraie, la psychologie clinique en extrait des énoncés qui s’appliquent à tous.
Une définition de la souffrance plaçait en position centrale le rapport entre le sujet et les évènements du passé. Les réminiscences renvoient à une sorte de souvenir traumatique non digéré. Freud a ainsi entrepris de rechercher les évènements traumatiques sous-jacents aux symptômes :
Il démontra ainsi que pour comprendre les symptômes, il fallait remonter aux scènes de la petite enfance.
Beaucoup de progrès ont été faits autour des interactions précoces entre les objets premiers (père et mère). On est parvenu à catégoriser les symptômes en fonction de 4 âges (adolescence, 7/8 ans, 5/6 ans puis de 0 à 2 ans). On sait par exemple que les tendances anti-sociales correspondent à des trauma pendant la deuxième année.
La psychanalyse apporte un moyen de vérification expérimentale dans le sens où le patient reste malade tant que le noyau du trauma n’a pas été élaboré. La confirmation est soit directe (le symptôme disparait) soit indirect (le patient confirme par des associations d’idées).
Ex : un patient souffrait de brûlures d’estomac. Le psychanalyste remonte jusqu’à la petite enfance et pose l’hypothèse que les premiers biberons de sa mère étaient bouillants. Le patient répond qu’il ne sait pas mais qu’il se rappelle que sa mère l’obligeait toujours à boire son café bouillant : le symptôme disparut immédiatement.
L’évènement correspond à ce qu’il s’est passé (une relation, un déménagement…) mais on désigne également la façon dont l’enfant l’a signifié, c’est-à-dire le mode de fonctionnement de la psyché dans l’enfance qui correspond au narcissisme. L’une des conséquences du trauma est d’ailleurs le vieillissement (des enfants trop mûrs par exemple).
Adultes, nous avons appris à réinterpréter les évènements de notre enfance. Nous avons en effet un rapport dynamique avec notre propre histoire compte-tenu de notre évolution. Il existe plusieurs processus de réinterprétation des évènements passés. C’est cette réinterprétation que le psychologue clinicien va changer. Son travail se base donc sur la représentation de ce qu’il s’est passé.
Les évènements traumatiques sont deux qui n’ont pu subir ce travail de réinterprétation. Par exemple, une mère donne naissance à une petite fille alors que son précédent enfant a deux ans. Cet enfant ressent alors de la jalousie. Suite à une maladie, le bébé meurt. Du fait du narcissisme, l’enfant pense que la mort est du à lui. Dans la famille, on ne parle pas de cet évènement car il est trop douloureux. L’enfant refoule alors tout. Cet évènement ne sera pas élaboré ce qui provoquera un point de fixation, le refoulement empêchant l’évolution.
Cet évènement refoulé a ainsi été enfoui mais reste potentiellement actif, d’où les réminiscences car il faut sans cesse le repousser.
Elles peuvent être non-structurantes ou destructurantes.
Ses origines ne sont pas nécessairement désagréables et peuvent être intenses. Deux éléments sont importants : l’intensité de l’excitation et la capacité d’écoute de l’environnement.
Elles peuvent entrainer un retournement : l’enfant élabore les situations en les retournant, c’est-à-dire en reproduisant ce qu’il a vécu passivement sur une personne de manière active.
Ils correspondent à ce qui sépare la psychologie clinique de la psychopathologie. Il s’agit d’actes manqués, de lapsus… Freud considérait que le symptôme était un type de signifié, c’est-à-dire le signifiant (Saussure) d’un conflit psychique qui cherche à se faire comprendre.
On intègre également un autre signe représenté par l’affect disrupteur à prendre en compte lorsque l’écart entre l’intensité de l’affect et le contexte est trop important.
On intègre enfin les particularités du langage car la méthodologie de l’écoute permet de voir émerger la réalité psychique.
Ex : « Papa, tous mes copains ont un vélo »
Il existe des espaces sociaux dans lesquels les censures sont levées ce qui permet l’accès aux formes de la réalité psychique, par exemple, les artistes.
Autre exemple : on ne peut pas être la personne la plus importante du monde, nous allons donc voir un film dont le héros est cette personne et on s’identifie à lui. Dans ce cas, le narcissisme et la mégalomanie s’expriment sans refoulement.
Autre exemple : les mythes d’Œdipe ou de Narciss montrent que nous nous voyons en fonction de comment nous sommes vus ; ces mythes donnent forme à une problématique de la réalité psychique.
On peut aussi l’étudier au travers de la peinture ou de la littérature (surtout le roman).
La vie sexuelle est un des lieux sensibles d’émergence de la réalité psychique la plus intime. La sexualité est une activité irrationnelle avec nombre de fantasmes. Les zones érogènes, les orgasmes… sont des zones d’exploration de la réalité psychique.
Tout le comportement sexuel est lié à notre libido et nos relations précoces avec la mère.
Le fantasme narcissique : le petit Poucet renvoie à la revanche de l’enfant abandonné et correspond au fantasme de retour narcissique dans la mesure où il revient pour couvrir d’or ses parents. Ces fantasmes nourrissent notre identité emblématique, de ce fait, on les livre très peu.
Il s’agit de situations professionnelles organisées par les psychologues pour aborder la réalité psychique inconsciente et douloureuse des patients.
La situation psychanalytique facilite l’accès à la réalité psychique qu’elle analyse et qu’elle décrit.
Dans toutes les rencontres avec un psychologue, le patient s’adresse à un sujet supposé savoir, à un expert. Il transforme donc ce qui est dit. Ex : un patient arrive en retard en disant qu’il a eu un accident de voiture : cela peut être la manifestation d’un accident survenu au Moi.
L’examen psychologique permet de recueillir un maximum de données sur la réalité psychique en un minimum de temps. Ex : les tests projectifs qui permettent à la réalité psychique de se projeter au travers du stimulus perceptif. On n’y est pas libre, il y a des consignes strictes et un dispositif analysant. Ainsi, tout ce qui se passe de la réalité psychique est un transfert.
Elles correspondant au fait de noter et de recueillir ce qui se passe en se faisant oublier. Par exemple, on filme un bébé avec sa mère. En regardant image par image, on prend conscience de nombres d’éléments subliminaires. Il existe des régulations et des interactions très complexes : quelque chose de la réalité psychique de la mère est transmis à l’enfant. En entretien clinique, on observe souvent que le patient croise les jambes dès lors que le psychologue le fait également.
Conclusions :
Il existe un triple niveau d’observation de la réalité psychique: