Les cours psy
Découvrez et apprenez, pas à pas, les fondements de la psychologie
Cours de Psychologie
Mode ZEN

5 - Les concepts fondamentaux de la psychologie clinique

I - Concept de la pulsion

  1. Les vortex

La psychanalyse n’aborde jamais un phénomène humain avec une seule perspective. Il existe trois points de vue que l’on nomme vortex (concept de Bion), un terme qui permet de ne donner le primat à aucun sens.
Le vortex économique :
Il renvoie aux forces parcourant la psyché et auxquelles on se réfère pour comprendre son fonctionnement. Ces forces sont des pulsions dont on peut mesurer l’intensité mais pas d’un point de vue quantitatif.
Le vortex dynamique :
Les forces parcourant la psyché vont obligatoirement s’opposer et donc créer des conflits. Ces conflits s’analysent, se gèrent et se forment au travers de ‘procédures’ que l’on nomme mécanismes de défense.
Le vortex topique :
Ces forces délimitent des territoires, chacun étant défini par certaines lois. Il peut exister des migrations de territoire mais pas sans implication sur ce qui migre. Pour comprendre les conflits et comment ils se gèrent, on découpe la psyché en topique.
En 1900, il s’agit de l’inconscient, du préconscient et du conscient
En 1923, il s’agit du Ca, du Moi et du Sur-moi, cette topique s’emboitant avec la précédente car chaque territoire comporte une partie inconsciente, préconsciente et consciente. Mais attention, l’inconscient du Sur-moi est différent de l’inconscient du Ca : il est donc difficile d’aborder un vortex sans aborder les autres.
Vortex génétique ou historique ?
Il s’agit de l’étude de la psyché du point de vue de sa genèse, c’est-à-dire les problématiques de formation de la psyché. Selon l’âge, on rencontre des organisations pulsionnelles différentes. Celles-ci ne s’ajoutent pourtant pas aux autres vortex car il existe une genèse de chaque point de vue. Il ne faut pas penser 4 mais plutôt 3+1.
Pour autant, le point de vue économique est premier car aucune démarche n’est valable si elle ne pose pas le problème de ce qui pousse la psyché.

  1. Désir, pulsion, excitation pulsionnelle
fleche haut      1. Situation où le sujet adhère inconsciemment ou consciemment à la pulsion, soit en la désirant, soit en la redoutant.
2. L’excitation est plus organisée, elle va quelque part en direction de quelque chose. Elle a ainsi une source, un but, une poussée et un objet : une pulsion suppose que l’excitation ait un rudiment d’organisation.
3. Ce niveau nomme un mode diffus de la force peu organisé et peu vectorisé.

3 < 2 < 1 : démarche croissante du point de vue de l’organisation et de l’adhésion du sujet.

II - Le modèle quantitatif

  1. Principe de plaisir et de déplaisir

L’économie de la psyché est réglée par un principe fondamental auquel elle obéit sans exception. Freud l’a nommé le principe de déplaisir puis le principe de plaisir/déplaisir.
La sensation de plaisir résulte de la situation où la quantité d’excitation est réduite alors que le déplaisir correspond à l’information que la psyché se donne quand la quantité d’excitation augmente. La psyché tend à réduire les pulsions.

plaisir et déplaisir Le modèle sous-jacent est celui de l’orgasme masculin dont Freud est parti pour définir le principe de plaisir et de déplaisir.
  1. Principe de constance

Freud complexifia son modèle car il montra que certaines baisses de tensions pouvaient provoquer du déplaisir, par exemple, la dépression ; mais aussi que certaines fortes excitations pouvaient provoquer du plaisir.
Freud propose alors de considérer que cette loi est une loi relative à une constance. C’est alors ce qui fait varier cette constance qui provoque du déplaisir et ce qui ramène à la constance qui provoque du plaisir.

 

Principe de constance    Lorsqu’il y a baisse de la tension en dessous de la constance, alors il y a déplaisir.

 

  1. Interactions entre les deux principes

Freud pensait qu’il existait un conflit interne en chacun de nous. Le principe primaire correspondrait au premier modèle, puis au travers de l’école et de la socialisation, on tendrait vers un second modèle.
Le premier modèle correspond au modèle du nirvana qui fonctionne en tout ou rien. Le second modèle est celui du principe de constance puis du principe de réalité, autrement dit, le principe de plaisir/déplaisir transformé en principe de réalité.
Pendant la petite enfance, tout est considéré selon un modèle idéal qui fonctionne comme un principe absolu. En grandissant, on apprend qu’on ne peut pas tout avoir, tout de suite, tout ensemble ou tout seul. Il s’agit du principe de réalité. Pour autant, nous gardons comme vecteur fondamental le principe d’obtention du plaisir et d’évitement du déplaisir. Ainsi, le principe de plaisir/déplaisir serait transformé en principe de réalité, c’est-à-dire que l’on intègre le plaisir/déplaisir dans notre sphère de réalité.

  1. Les phénomènes extrêmes : La contrainte de répétition

Certains sujets répètent des expériences qui n’ont amené aucune satisfaction. Il existerait donc une contrainte de répétition qui forcerait les individus à répéter des expériences, même lorsqu’elles sont désagréables.
Freud assimile cette force à une pulsion de mort : il existe en effet biologiquement une tendance vers la mort puisqu’elle se produit toujours du dedans. .
Il existe donc un au-delà apparent au principe de plaisir : la contrainte de répétition. Par exemple, le premier réflexe d’un enfant battu qu’on retire à ses parents, sera d’y retourner. Selon Freud, la contrainte de répétition serait encore plus fondamentale que le principe de plaisir/déplaisir.
Elle correspond à la tendance de la psyché de répéter ce à quoi elle est confrontée jusqu’à ce que le plaisir soit obtenu de façon à ce que l’expérience soit intégrée. La contrainte de répétition ne serait donc pas tant que cela au-delà du principe de plaisir. Par exemple, le deuil d’un objet satisfaisant est moins difficile que celui d’un objet investi mais qui n’a jamais été satisfaisant.
Le principe de plaisir est un facteur fondamental de l’intégration psychique : il est donc nécessaire que les situations soient suffisamment érotisées. Freud disait que le principe de plaisir était une force de liaison dans la mesure où, s’il y a plaisir, alors la situation est intégrée dans le Moi.

 

III - Le modèle qualitatif

  1. Le modèle identificatoire

La pulsion est un concept limite et dit d’interphase. Il existe la phase biologique, qui est tournée vers le corps et la phase psychique qui est tournée vers les objets d’amour et de haine. Les principes de fonctionnement de la psyché ne doivent pas être pensés dans les seuls rapports de la psyché au corps mais aussi aux objets.
Par exemple, une femme qui ne pouvait jouir qu’en développant des fantasmes sadomasochistes : dans son enfance, son père lui disait toujours que dans la vie, rien n’était facile, qu’il fallait se forcer. Dans cet exemple, ce qui a été déterminant est la théorie du plaisir du père.

  1. Théorie du plaisir transmis

Selon Laplanche, une part des sources pulsionnelles provient de la confrontation à l’objet premier et avec quelque chose d’énigmatique dans son environnement. Par exemple, lorsque le bébé a faim, il tête le sein mais celui-ci donne de la nourriture tout en étant un objet sexuel. Ainsi, le fait de téter devient aussi érotique et est en cela, une source d’excitation. L’excitation a donc une double origine : somatique et liée à l’objet.
Freud : « la pulsion est l’exigence du travail imposée au psychisme du fait de son lien avec le somat. »
Laplanche : « du fait de son lien avec l’objet ».
La pulsion revendique une place et interprète la subjectivité pour qu’elle lui donne une place à l’intérieur d’elle. La psyché doit travailler jusqu’à ce que l’exigence de la pulsion soit prise en compte et peut-être jusqu’à ce que l’exigence de l’objet le soit aussi.

  1. Les 4 composantes de la pulsion
  1. L’objet de la pulsion

Lorsque l’objet est le sujet lui-même, il correspond au narcissisme, lorsqu’il concerne l’autre, il s’agit d’un amour objectal ; il devient une partie de moi et est investi comme un objet partiel. La pulsion ne retiendrait donc qu’une partie de l’objet.

  1. La poussée de la pulsion

La pulsion peut être effractive (et provoquer un trauma) ou intégrative (et renforcer le vécu de la psyché). Elle est d’intensité variable et peut être innée ou acquise.

  1. Le but de la pulsion

La sublimation survient lorsque la pulsion peut se satisfaire de la simple représentation de l’objet et n’a pas à s’accomplir dans l’objet lui-même. Par exemple, la curiosité sexuelle de l’homme peut remplacer la curiosité du monde.
Le but de la pulsion est le plaisir mais il obéit à différentes théories :

  • La décharge vers l’objet : absolue
  • Le principe de réalité : partiel
  • La modalité sado/maso
  • Le plaisir obtenu passivement ou activement
  • La sublimation
    1. La source de la pulsion

Au-travers des sources, on étudie l’histoire de la pulsion car celles-ci sont organisées : d’abord orale puis anale et enfin phallique. La psyché garde une trace de tous ces stades.
Par exemple, le regard anal correspond au contrôle du monde environnant, le regard oral correspond au fait d’avoir toujours les yeux grands ouverts tandis que le regard phallique est celui qui vous transperce.

  1. Théorie de l’étayage
    1. Freud

Les sources des pulsions sont dérivées des sources de l’autoconservation. Par exemple, l’oralité passe par la bouche, ce qui permet de manger et donc de survivre. La phase phallique passe par le sexe, ce qui permet d’assurer la reproduction.
Les sources s’appuient sur les expériences d’autoconservation et sur les stimulations des soins. Lorsque le bébé tète, il éprouve du plaisir, ce qui construit le prototype du plaisir. Plus tard, il se donnera du plaisir en suçant son pouce. En ce sens, le plaisir est indépendant de l’autoconservation même s’il en est né.

  1. Après Freud

L’autoconservation demeure importante mais ses termes en sont réinventés. En effet, même s’ils sont nourris, les bébés qui ne sont pas investis par leur entourage vont mal. Ainsi, les zones deviennent pulsionnelles car elles sont des zones de relation entre le dedans et le dehors, permettant des échanges affectifs.
La théorie de l’étayage est donc imparfaite : les pulsions se forment à partir des expériences relationnelles autour de l’autoconservation du fait que l’on nait non terminé. Ces zones d’échanges affectifs sont aussi des plissés (des troués) du corps, d’où les problèmes d’échanges et d’effractions qui peuvent se poser.

  1. Les trois composantes de la théorie de l’étayage

La théorie de l’étayage se base sur l’autoconservation et/ou les soins corporels.
La pulsion relationnelle intersubjective va s’étayer sur les besoins corporels. La pulsion va tendre à se modeler sur les expériences corporelles. Cependant, la pulsion s’en détache aussi et les expériences nous fournissent des représentations, ce sont des métaphores.