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Cours de Psychologie
Mode ZEN

6 - Le bébé : La genèse de la subjectivité

I - Les facteurs de l’évolution

  1. Epigenèse interactionnelle

Est-on le fruit de programmations innées ou le produit des interactions avec l’environnement ? On peut en effet considérer qu’il existe une pulsion de vie mais il existe aussi des bébés qui ne parviennent pas à grandir en cas de difficultés relationnelles.
L’épigenèse nous enseigne qu’il existerait bien, à la naissance, une poussée évolutive innée qui s’accompagnerait d’un certain nombre de compétences et de potentiels qui ne se développeraient que s’ils rencontrent un environnement facilitateur. En l’absence de cet environnement, les potentiels sont inhibés, freinés ou pervertis.

  1. La thèse de la néotonie : le facteur interne

Puisque nous naissons prématurés, un facteur d’évolution principal correspond à la poursuite de la maturité biologique, notamment motrice. Par ailleurs, le désir humain n’a pas d’objet donné d’emblée mais le construit tout au long de son histoire. C’est notamment pour cela qu’il existe des singularités, des perversions ou encore du désir qui se distinguent de l’instinct.
Du fait de la néotonie, c’est-à-dire l’immaturité de l’être humain à la naissance, l’organisation interne de l’enfant est limitée. Mais c’est cette rencontre entre l’incomplétude et l’insatisfaction qui constitue un puissant moteur de l’évolution : si nous grandissons, c’est parce que nos premières organisations sont insatisfaisantes. Par exemple, le passage du stade oral au stade anal s’effectue au travers de l’espoir de dépassement des limites du premier stade.

  1. Les facteurs externes

Les attentes des parents :
Il n’existe pas de bébé qui naisse sans qu’il ait été attendu. Les attentes de l’environnement familial, le réseau des désirs ou des espoirs sont projetés dans l’espace d’accueil de l’enfant. Cela commence avec l’enfant imaginaire que tout couple construit. Par exemple, en emménageant sa chambre, nous aménageons son espace physique. La représentation interne d’un enfant forme le berceau psychique de son propre développement.
Les attentes positives sont par exemple : qu’elle soit jolie (représenter par les fées dans la Belle au bois dormant)
Les attentes négatives sont par exemple : pourvu qu’elle ne soit pas trisomique.
Remarque : les psychothérapies ont montré que dans 50% des cas, elles permettaient de diminuer les bébés prématurés de 50%.

L’histoire du désir d’enfant :
Le rapport au bébé ne démarre pas à la grossesse, déjà enfants, nous jouons au papa et à la maman. Par ailleurs, on désigne des fonctions à l’enfant : guérir les blessures de vie des parents ou encore ne pas répéter leur échec (parents envieux, jaloux).

L’enfant imaginaire est différent selon les cultures :
Les recherches ont démontré que chaque couche sociale avait ses attentes propres envers les enfants, ce qui implique qu’il existe différentes séries d’élément programmateurs : socio-culturels, conjoncturels et structurels.
Un élément important est l’adéquation entre les attentes et le rythme de l’enfant : il existe en effet une différence entre ce que l’on attend et ce qu’il peut nous fournir (nécessité de faire des compromis). Il faut également que cet écart n’excède pas les capacités subjectives sans quoi le bébé se sentira menacer et sera contraint de choisir entre deux alternatives :
Soit il prend le rythme, garde alors le contact avec son entourage mais perd le lien avec lui-même
Soit il perd le rythme, garde le lien à lui-même mais perd celui à son entourage.
Le premier choix aboutit à une surmaturation fausse dans la mesure où elle ne s’appuie pas sur la subjectivité propre : se traduit par un sujet narcissique ou psychotique.
Bibio : Erickson : « L’enfant et la société ».

II - Les étapes du développement

  1. La vie utérine et les premiers moments

Le fœtus n’a pas de moyen d’expression ce qui entraine une difficulté pour comprendre sa propre subjectivité. De fait, soit il utilise un système de reconstruction, soit il utilise des moyens indirects pour nous représenter ce qu’il se passe dans son monde.
Le travail psychanalytique est issu de l’observation de bébés, comme la neurobiologie et la physiologie, et propose de donner à voir les particularités du monde des bébés.

  1. A partir de la naissance

Freud affirmait que l’enfant était narcissique, ce qu’il a traduit par le concept de narcissisme primaire, qui correspondrait donc également à la première position subjective.
Il développa un autre concept, c’est-à-dire celui d’ensemble non objectale : l’enfant n’a pas de moyen pour reconnaître qu’il existe de façon séparée et différenciée de son environnement et de ceux avec qui il entre en interaction. Il ne peut faire de différence entre ce qu’il se déroule à l’intérieur de lui et à l’extérieur de lui et ne peut donc pas attribuer subjectivement ce qui est au dehors.

  1. Distinction manifeste/latent :
  1. Système d’interaction mère/bébé :

Biblio : Stern, « Le journal d’un bébé »
En observant le message adressé par la mère à son bébé, on remarque qu’il existe une réponse et des mimiques comme devant un miroir, ce qui démontre que les réponses sont accordées. Stern décrit ainsi un système d’accordage visible :

  • Au niveau manifeste, c’est-à-dire des interactions objectives, mais aussi
  • Au niveau latent, c’est-à-dire des interactions subjectives : il existe des messages non conscients d’adresse ou de direction

L’enfant vit donc parfois des évènements psychiques sans pouvoir les mettre en coïncidence avec ceux de la mère.

  1. Non différenciation entre Moi et non-Moi

Le bébé est en incapacité d’attribuer ce qu’il perçoit à lui-même ou à son environnement. L’environnement précoce a donc un rôle fondamental car il occupe une fonction de protection contre les angoisses et la détresse que cette incertitude créée. En ce sens, on dit qu’il existe une épigenèse interactionnelle de la subjectivité.

  1. Construction de l’épigenèse

L’épigenèse n’est pas donnée d’emblée puisque la construction de la subjectivité dépend de la qualité de l’adaptation de l’environnement du bébé, la mère s’arrangeant normalement pour que le bébé ne soit pas trop mis face à cette incertitude existentielle.  C’est cette adaptation qui rend possible l’objet trouvé-créé (Winnicott) qui se fonde sur l’illusion de l’enfant que ce qu’il trouve, il l’a créé et que ce qu’il crée, il le trouve. Là est sa seule solution pour résoudre la difficulté à différencier ce qui est du dedans et ce qui est du dehors.

  1. Préoccupation maternelle primaire

Il s’agit de l’évènement psychique particulier dans lequel s’installe la mère au cours de sa grossesse et après la naissance. Il y a retrouvaille avec un ensemble de processus psychiques refoulés. Il s’agit d’une manière pour retrouver sensoriellement des aptitudes.
Le processus de civilisation entraine en effet une régression du sensorium (l’odorat notamment). Les mères remobilisent un certain nombre de ces aptitudes sensorielles. On en trouve un exemple au travers des processus de rêve mère/fœtus : leurs rêves paradoxaux se mettent en phase (au début de la grossesse, la phase paradoxale de la mère se met en œuvre sur 25% de la nuit, à la fin de la grossesse sur 40%, la phase paradoxale du bébé couvre 90% de sa nuit au début de la grossesse puis également 40% à la fin).
Le travail intérieur de la mère se produit et la rend ainsi apte à entrer dans le mode de la préoccupation première, expliquant également la régression narcissique que l’on peut constater durant la grossesse.