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Cours de Psychologie
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1 - Définition et histoire

  • Qu’est ce que la psychopathologie ?
  1. Définition

La psychopathologie est une branche de la psychologie qui se définit par son objet d’étude, à savoir les troubles mentaux.

Son objectif est de parvenir à une compréhension du fonctionnement psychique à partir de ses déviations.

Elle se développe à partir de plusieurs postulats fondamentaux :

  • il existe un continuum entre la santé psychique et les problématiques psychiques
  • tout individu est susceptible d’être frappé par un désordre psychique
  • il n’existe pas de frontière radicale entre la notion de normal et de pathologique

On parle donc de psychopathologie et non de psychologie pathologique.

  1. Psychopathologie et psychologie clinique

Il existe souvent une ambiguïté du fait de la signification du terme ‘clinique’ qui renvoie au ‘lit du malade’ et induit donc une idée de ‘maladie’.

La psychologie clinique correspond en réalité à un champ de pratiques professionnelles, basée sur une méthodologie de l’étude approfondie des cas individuels pris isolement ou en petits groupes.

Elle procède par observation et conduite d’entretiens (méthode clinique dite ‘à main nue’) et peut employer des tests, notamment projectifs tels que le TAT ou le RORCHAR. Son évaluation est censée mettre en exergue les dimensions singulières de chacun en s’intéressant à l’histoire du sujet, à ses conflits ou encore à ses relations avec autrui. Son objectif est de comprendre le sens d’une conduite pour un individu donné. La méthode clinique peut donc être employée en psychopathologie.

La psychologie clinique se pratique dans différents environnements professionnels : dans le champ de la santé psychique et somatique, dans le champ du travail (recrutement par exemple) ou encore dans le champ de l’éducation au sein des établissements scolaires.

  1. Différences entre psychopathologie et psychiatrie

Ces deux disciplines sont liées historiquement : la psychiatrie est une branche de la médecine née au début de l’ère médicale scientifique au 19ème siècle. Son objectif est de traiter. Elle s’inspire des données psychopathologiques mais également de la physiologie, du droit, de l’anatomie et de la chimie. Le psychiatre est donc en premier lieu un médecin spécialisé dans un domaine donné.

  1. Psychopathologie et psychanalyse

La psychanalyse est :

  • une théorie étiologique des troubles mentaux, en particulier des névroses (largement étudiées par Freud)
  • une théorie du fonctionnement psychique
  • une méthode d’investigation du fonctionnement psychique consistant en la cure psychanalytique et la libération de la parole
  • une méthode thérapeutique

On peut donc estimer la psychanalyse comme une psychopathologie psychanalytique.

Conclusions : la psychopathologie s’appuie sur des théories différentes et complémentaires, chacune expliquant la normalité et le pathologique à sa manière. Elle est donc un ensemble de théories compréhensives du normal et du pathologique, qui sont elles-mêmes associées à des thérapies précises.

  • Histoire de la psychopathologie
  1. Les conceptions ‘magiques’
    1. Définitions

Elles vont tenter d’expliquer l’origine du trouble mental et proposer des méthodes de soins. Les conceptions magiques sont donc les premières théories psychopathologiques, elles parcourent l’histoire et sont toujours plus ou moins présentes officieusement ou non. Aujourd’hui, on les nomme parapsychologie : voyance, médium, mage etc…

  1. Caractéristiques principales
  • L’extériorité du mal :

L’origine du mal est toujours extérieure à l’individu, en cela, les conceptions magiques se situent à l’opposé des théories médicales modernes et psychologiques. Cependant, la psychopathologie sociale a démontré que certains environnements sont susceptibles de provoquer des troubles mentaux. D’une façon générale, cette extériorité tend donc à disculper le sujet.

  • Origine surnaturelle du trouble :

Dans ces conceptions, les troubles mentaux sont en effet influencés par les divinités (demi-dieu, démon, géni, esprit…). La pathologie est ainsi considérée comme l’expression d’un esprit hostile et non d’un conflit intérieur à l’individu. Il est cependant intéressant de noter que la sensation d’être possédé est aujourd’hui un signe d’aliénation alors que, dans le passé, elle traduisait une volonté de l’individu de lutter contre l’envoûtement de l’esprit.

  • Pas de distinction entre symptômes somatiques et psychiques :

La maladie mentale est en effet considérée comme un malheur qui touche l’individu dans sa globalité, c'est-à-dire dans sa vie familiale, sociale et dans son corps. Il n’existe donc aucune localisation dans le cerveau.

  • Une prise en charge sociale et groupale

Elles sont souvent spectaculaires et consistent en des transes ou autres rituels magiques. En psychopathologie, il est également important que le patient continue à vivre en communauté (familiale, sociale…) afin de maintenir un certain degré de socialisation et de réduire l’isolement.

  1. Les conceptions médico-philosophiques de l’antiquité gréco-romaine
    1. Hippocrate (460-375 av JC)

Grande figure des conceptions médico-philosophiques, Hippocrate fut le premier à renier les modèles magiques et à s’inscrire dans une volonté de médecine scientifique. Il fut d’ailleurs à l’origine de la première classification connue des maladies de l’histoire occidentale.

Il s’appuya sur la philosophie pour permettre une compréhension des sentiments et sur l’observation pour rendre compte des signes des maladies. Hippocrate excluait toute explication basée sur des forces surnaturelles ou divines et prônait le raisonnement et l’observation.

  1. La théorie de l’équilibre : la théorie des humeurs

Présente jusqu’au 16/17ème siècles, elle définit la maladie comme la résultante d’un déséquilibre entre les 4 humeurs naturelles de l’économie animale (au sens large) :

  • le sang
  • le phlegme ou pituite (séries de mucosités sécrétées par le corps)
  • la bile jaune sécrétée par le foie
  • la bile noire sécrétée par la rate

A ces 4 humeurs correspondraient 4 propriétés fondamentales :
-    le chaud
-    l’humide
-    le sec
-    le froid

  1. Les trois pathologies connues
  • La mélancolie :

Il s’agit d’une forme de dépression très intense, durant laquelle le sujet n’arrive plus à réaliser les actes courants de la vie et est aux prises avec des pensées suicidaires.

L’étymologie du terme ‘mélancolie’ est ‘melas’ (noire) et ‘chole’ (bile) : selon les médecins de cette époque, la mélancolie était donc due à une sécrétion trop importante de bile noire.

  • L’épilepsie :

Bien qu’elle fut longtemps considérée comme la manifestation de la possession d’un individu par un démon, Hippocrate situa son origine dans le cerveau. Selon lui, elle était due à une sécrétion excessive de phlegme ou pituite de l’encéphale.

  • L’hystérie

Hippocrate ne l’explique pas grâce à la théorie des humeurs mais reprend une théorie égyptienne datant de 2000 ans av J.C : elle serait liée à la migration de l’utérus dans le corps de la femme.

Aujourd’hui, l’hystérie renvoie à des traits de personnalité (théâtrales, séductrices…) et à des symptômes de conversion, c'est-à-dire des troubles qui atteignent le corps mais qui n’ont pas de causes organiques (migraine, paralysie, crampe, courbature). Cette pathologie est toujours associée à deux préjugés résistants: le patient ment, l’hystérie toucherait principalement des femmes.

Au 5ème siècle ap J.C, l’empire romain s’effondra. L’enseignement médical grec perdit de son importance car les européens l’assimilait au culte païen. Elle fut cependant conservée et transmise par l’intermédiaire de la médecine orientale.

  1. La médecine arabe au Moyen-Age

Un grand nombre de médecins orientaux conservent la médecine grecque et l’enrichissent d’une réflexion originale, ils assurent la transmission des textes en occident. Rhases, Avicenne et Averroes sont quelques-uns de ces médecins.

Il n’existe toujours pas de différenciation entre la psychiatrie, la psychanalyse et la médecine à cette époque.

  1. Conception du ‘fou’ dans la société du Moyen Age
    1. Dans les années 1 000

On fait appel aux théories métaphysiques : le malade ou fou est celui qui est possédé par le démon. Les thérapeutes sont donc des religieux et les thérapies des confessions, des pénitences, des rituels ou encore des adorations des saints. Les fous sont pris en charge par leur famille et sont bien acceptés par la société. Il existe d’ailleurs des fêtes qui leur sont destinées : les Danseurs de St Guy et les Agités de Strasbourg.

  1. A partir de 1348

La peste noire envahit le pays en 1348, créant ainsi des conditions de vie très difficiles qui développent l’intolérance. Les fous sont donc moins bien acceptés. Entre le 11ème et le 12ème siècle, des révoltes entraînèrent une crise du pouvoir politique et féodal. Pour rétablir l’ordre, le Pape Innocent III créa l’Inquisition. Comme tout comportement déviant, la folie était alors associée à la sorcellerie.

Dés lors, les fous subissent les traitements réservés aux complices de Satan, c’est l’époque de la chasse aux sorcières. Le ‘Malleus Maleficarum’ est le Code de la chasse aux sorcières et fut écrit par Sprencer et Kramer. Ils font de toutes maladies inconnues une conséquence de la sexualité et en rendent responsables les femmes.

C’est en réaction à ce courant démonologique que va naître la psychiatrie, des médecins demandent à ce que les fous accusés de sorcellerie soient traités. Ce fut notamment le cas de Jean Wyer en 1615, auteur de ‘De l’imposture du diable’, qui permit à chaque ‘sorcière’ d’être vue par un médecin avant son procès. Cette étape préfigure de l’expertise psychiatrique.

  1. La Renaissance

Les travaux de Jean Wyer amorcèrent une ère humaniste durant laquelle les références métaphysiques furent progressivement abandonnées au profit d’une médecine expérimentale. Les découvertes médicales se multiplièrent et les descriptions sémiologiques s’intensifièrent concernant les pathologies, faisant ainsi place à l’observation et au raisonnement.

Au 18ème siècle, les pathologies mentales sont considérées comme appartenant aux pathologies générales. Grâce aux découvertes physiologiques et anatomiques, les maladies mentales sont attribuées à un processus organique anormale. On crée donc des établissements asilaires car le fou est considéré comme vagabond et dangereux, il est donc enchaîné.

  1. La naissance de la clinique psychiatrique

P. Pinel libéra les fous enfermés à l’hôpital Bicêtre en 1793. Ce geste symbolique fut à l’origine des conceptions modernes de la psychiatrie. Médecin de formation, il est imprégné de la tradition médico-philosophique antique. Il introduisit une conception humaniste de la folie en prônant qu’il existait, chez tous les fous, une part raisonnable à laquelle il était possible de s’adresser. Il mit l’accent sur le sujet malade et non sur la maladie.

Il décrivit des maladies telles que les névroses, l’hypocondrie, la démence, la manie et la mélancolie. Il fut également le premier à proposer une description clinique du traumatisme psychologique et de ses effets suite à l’observation de nombreux soldats de Napoléon en état de grand effroi.

Après la mort de Pinel, la psychiatrie clinique conserva les mêmes bases : une observation systématique et une conception psychodynamique des rapports entre le pathologique et le normal. Le fou n’est désormais plus considéré comme un individu différent des autres.

Esquirol, élève de Pinel, réalisa sa thèse ‘Passions considérées comme causes, symptômes et moyens curatifs de l’aliénation mentale’. Il mit l’accent sur le traitement en asile et signa ainsi la naissance de la psychiatrie. Il fut à l’origine de la loi de 1838 qui régit les modalités d’internement :

  • chaque département doit disposer d’un asile d’aliénés
  • le placement peut être volontaire et décidé par l’entourage
  • ou d’office par décision préfectorale
  1. Les premières théories psychiatriques (seconde partie du 19ème siècle)
    1. Les théories organicistes ou anatomiques

Elles se développèrent à la suite de nombreuses découvertes réalisées sur le plan médical. En 1822, Bayle fit le lien entre une méningite chronique et un délire de grandeur aboutissant à une démence. Il ouvrit à la voie à une série de recherches destinées à rechercher une cause organique aux troubles mentaux.

En 1861, Broca découvrit qu’une lésion localisée du cerveau entraînait une aphasie du langage. Il s’agit d’un courant mécaniciste qui permit de fournir une connaissance plus générale du système nerveux.

  1. La théorie de la dégénérescence

Cette théorie conserve un point de vue organiciste tout en insistant sur la notion de changement, d’évolution et d’influence du milieu. On parle ainsi plus facilement d’anomalies congénitales que de pathologies précocement acquises.

Dupré décrivit un grand nombre de constitutions perverses ou paranoïaques et déclara ainsi l’amoralité ou l’affectivité anormale comme un signe constitutionnel de la maladie mentale.

Ces théories aboutirent à un certain immobilisme car les praticiens s’attachaient à décrire les aspects constitutifs ou héréditaires plutôt que de chercher l’origine des pathologies. Par ailleurs, elles donnèrent naissance à un grand nombre de jugements moraux.

  • Naissance de la psychopathologie

Le terme de psychopathologie fut employé pour la première fois en 1878 par Emminghaus, un allemand. Il concevait la psychopathologie comme une science médicale qui s’intéresse à des individus malades d’une manière particulière.

En France, ce fut Théodule Ribot et Pierre Janet qui développèrent la psychopathologie.

  1. L’école française de psychopathologie : Théodule Ribot

Il fut l’un des premiers à enseigner la psychopathologie dés 1885 à la Sorbonne et à étudier le phénomène pathologique pour parvenir à la compréhension de la psychologie ‘normale’. Ribot s’intéressa aux troubles de la mémoire et utilisa l’observation et l’expérimentation. En pratiquant ainsi, il sépara la psychologie de la philosophie et donna une grande place à la vie affective. N’étant pas médecin, il ne put développer les aspects cliniques.

  1. Pierre Janet : fin 19ème, début 20ème siècle

Pierre Janet fut l’élève de Théodule Ribot, il était médecin et philosophe. Il enseigna au collège de France dés 1895 mais n’occupa jamais de place en faculté. Il développa donc sa pratique au travers d’une grande clientèle, principalement des névrosés.

Il utilisa les entretiens et l’hypnose comme traitements et décrivit ainsi le rôle du subconscient dans l’origine de l’hystérie ainsi que la place occupée par un conflit interne. Il publia  ‘Les médications psychologiques’.

  1. Les apports de la psychanalyse
    1. Sigmund Freud

La psychanalyse dépasse la seule psychopathologie car elle est un modèle du fonctionnement psychique qui concerne également les enfants, les groupes et les individus ‘normaux’. Les premiers travaux de Freud furent liés à la psychophysiologie car il était médecin. Ses premières expériences cliniques lui parvinrent donc grâce à ses études en neurologie.

En 1885, il travailla avec Charcot à la Salpêtrière puis revint à Vienne pour ouvrir son premier cabinet médical où il reçut des patients névrosés et hystériques.
 

  1. Charcot

Charcot était l’un des médecins les plus connus au monde, de nombreux médecins venaient du monde entier pour assister à ses stages et cours de neurologie. Traitant des patients hystériques victimes de crises de convulsions, il affirmait qu’il pouvait, grâce à l’hypnose, reproduire la crise hystérique qui se caractérisait par la paralysie, des convulsions, des spasmes et un mutisme. Il le démontrait dans ses ‘leçons du mardi’ auxquelles venaient assister médecins, étudiants, écrivains et bourgeois. L’une de ses patientes les plus célèbres fut Blanche Wittmann, surnommée la ‘reine des hystériques’.

Selon Charcot, si l’on pouvait reproduire la crise hystérique grâce à l’hypnose, c’est qu’il existait une faiblesse au niveau du système nerveux chez les patients atteints de cette pathologie. Il s’opposait en cela à l’école de Nancy, représentée par Liebaut et Bernheim, qui avançaient que tout individu était susceptible d’être hypnotisé, pour peu qu’il soit habitué à une certaine obéissance.

  1. Les techniques thérapeutiques de Freud

De retour à Vienne, Freud défendit les théories de Charcot contre l’école de Nancy et accueilla de nombreux névrosés. Il employa différentes méthodes telles que :

  • L’électrothérapie

Il s’agit des chocs électriques, utilisés pour traiter la mélancolie.

  • L’hypnose et la suggestion

Il y travailla d’abord avec Breuer (‘Etude sur l’hystérie’). Selon lui, l’origine de l’hystérie provenait d’un traumatisme refoulé, Freud tentait donc de le retrouver lorsque le patient était en état hypnotique afin de parvenir à la catharsis.

  • la méthode d’association libre

Elle produit les mêmes résultats que l’hypnose sans les inconvénients du clivage.

  1. Les apports de la philosophie

Jaspers en 1913 donna naissance à la psychopathologie en Allemagne et écrivit ‘Psychopathologie générale’ qui est resté un ouvrage de référence. Il s’appuya beaucoup sur la phénoménologie allemande (Heidegger, Sartres) et décrivit les troubles en insistant sur l’attention à apporter au vécu et aux expériences du sujet.