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5 - La sociologie contemporaine

Bien que les fondateurs de la sociologie soient européens, les sociologues de l’après-guerre découvrirent la sociologie au travers des travaux réalisés par les sociologues américains tels Crozier et Boudon. Dans les années 60’s, la sociologie américaine connut en effet une grande phase d’évolution et faisait autorité en la matière.

I - La sociologie contemporaine américaine : le fonctionnalisme

L’après-guerre est une période durant laquelle les sociologues multiplient les enquêtes sur le terrain afin d’aborder les problèmes humains et sociaux empiriquement. Ils sont également ouverts à toutes demandes sociales émanant du terrain.

  1. Le fonctionnalisme (fin 19ème, début 20ème siècle)

Le fonctionnalisme est une manière d’aborder l’étude de la réalité sociale initiée par les ethnologues Malinowski et Radcliffe-Brown. Il traite la société comme un tout, comme un système. Le sociologue aborde donc les faits sociaux sous l’angle de l’intégration, en se demandant systématiquement quelles contributions ces faits sociaux apportent au maintien de l’unité de la cohésion sociale.

Selon Radcliffe-Brown, le fonctionnalisme consiste essentiellement dans la conception d’un ordre social assuré par l’intégration mutuelle de ses parties, depuis les conduites individuelles jusqu’aux valeurs partagées par une société dans son ensemble. Le fonctionnalisme doit permettre d’étudier un phénomène ou un processus social du point de vue de sa contribution à la satisfaction des exigences d’un tout social donné.

  1. La méthode fonctionnaliste
    1. Le postulat de l’unité fonctionnelle

Il affirme que tout fonctionne dans la société ou que la société est un tout qui fonctionne. Il implique donc un état de cohésion, d’harmonieuse coopération entre tous les éléments du système social et écarte les conflits persistant impossibles à régler.

  1. Tout  a une fonction

Ce postulat fut énoncé par Malinowsky : l’analyse fonctionnelle de la culture part du principe que dans tous les types de civilisation, chaque coutume, chaque objet matériel, chaque idée et chaque croyance remplit une fonction quelconque.

  1. La nécessité fonctionnelle

Ce postulat énonce que tout est utile au fonctionnement du tout. En cela, il s’oppose aux idées de Durkheim qui avait souligné l’existence d’éléments afonctionnels dans la société. Par ailleurs, les fonctionnalistes ont ainsi mis de côté tous les éléments dysfonctionnels.

Ces constatations impliquent que l’on ne peut mettre en rapport un élément avec l’ensemble de la société car un même élément peut être fonctionnel par rapport à une unité mais afonctionnel à une autre ou encore dysfonctionnel par rapport à une troisième.

  1. Merton (1910-1984)

Il dégagea un noyau central de concepts et de procédés d’analyse fonctionnelle au travers de différentes règles d’analyse :

La première règle fit référence à Durkheim : lorsque l’on veut analyser la fonction d’un élément, il faut le mettre en relation avec une unité restreinte : un élément social doit être mis en relation avec une unité sociale déterminée. Il n’y a jamais de fonction relative à la totalité de la société.

La seconde règle traite de l’équivalence fonctionnelle : il peut y avoir substitution de fonctions : un élément social peut changer de fonction, mais deux éléments différents peuvent également avoir la même fonction.

La troisième règle énonce la nécessité de différencier fonctions manifestes et fonctions latentes. Les premières sont intentionnelles, voulues et reconnues par la société. Les fonctions latentes ne sont pas intentionnelles et ne sont pas reconnues. Cette règle nous amène ainsi à faire la différence entre la signification d’un élément social ou d’une institution pour ceux qui y participent, et les fonctions latentes qui peuvent être tout aussi importantes.

Selon Merton, la recherche des fonctions latentes correspond au véritable travail du sociologue. Durkheim y avait aussi fait allusion notamment lors de son travail sur les règles de la méthode sociologique.

  1. Que reste-t-il du fonctionnalisme ?

Les règles de la méthode d’analyse, le souci de toujours replacer un phénomène social dans son contexte et la nécessité de rechercher des explications en termes de « A quoi sert ce phénomène social, cette institution ? » sont trois postulats qui dirigent toujours les travaux de tous sociologues.

Lorsque le sociologue étudie un phénomène, il se pose différentes questions :

  • pourquoi tel phénomène, telle institution apparaît-elle dans tel contexte ?
  • pourquoi ce phénomène, cette institution persiste ?
  • pourquoi ce phénomène, cette institution est-elle acceptée et considérée comme légitime par les acteurs sociaux ?

Le sociologue répond à l’ensemble de ces questions en étudiant la fonction du phénomène ou de l’institution, en faisant abstraction des données historiques qui sont relatives à la genèse du phénomène. L’analyse fonctionnelle consistera alors à montrer que telle institution ou tel phénomène social détient un sens pour un ensemble d’individus parce qu’il répond à des besoins ou parce qu’il permet de résoudre des problèmes.

Pour que l’analyse soit complète, il faut, dans un second temps, montrer que c’est cette fonction précisément qui a permis à ce phénomène ou à cette institution de naître et de persister. C’est cette seconde phase qui est la plus difficile à réaliser.

II - Les autres courants américains

  1. Les écologistes de l’école de Chicago

L’école de Chicago a été au centre de la sociologie américaine puis a cédé sa place à Columbia et Harvard.

Ce champ applique les principes de l’écologie animale à l’étude des communautés humaines. Le postulat principal : tout élément, du moment qu’il entretient une certaine coexistence spatiale avec d’autres éléments, est susceptible d’être impliqué dans une articulation causale. Il s’agit du principe de la chaîne écologique.

Leurs travaux portaient sur l’évolution des communautés et sur les multiples aspects de la vie urbaine. Ils se sont intéressés à la répartition des différents groupes sociaux au sein d’une ville, à l’acculturation des ruraux venant s’installer à la ville ou encore aux mouvements de migration et aux rapports inter-ethniques qui en découlent.

Leurs préoccupations étaient clairement dans l’air du temps puisqu’il y avait de plus en plus de concentrations d’émigrants dans des zones urbaines qui donnèrent naissance à la formation de ghettos parfois perçus comme une menace pour la société.

  1. Le courant culturaliste

Il correspond à un courant de recherche de l’anthropologie culturelle qui s’intéresse prioritairement aux œuvres, aux codes présents dans une société donnée : rites, idéologie, système de classification etc. Ces recherches ont été influencées par la psychologie puisqu’elles ont privilégié l’étude des rapports entre la culture et la personnalité des individus, tentant ainsi de saisir l’élaboration sociale de la personnalité des individus.

Leur hypothèse générale était que, durant l’enfance, s’élabore une personnalité de base considérée comme la caractéristique de la culture que l’on étudie. Celle-ci constitue le caractère ethnique ou national d’une culture étudiée. Cette hypothèse suggère que l’individu est façonné par la culture dans laquelle il naît.

Ils cherchaient à répondre à la question suivante : comment les individus sont-ils façonnés au point de devenir un type particulier d’individu adapté à un genre de vie caractéristique d’une société particulière ? Ils travaillèrent donc sur le processus de socialisation, c'est-à-dire sur l’intériorisation par les membres d’une société donnée, de modèles culturels spécifiques à une société.

  1. Les interactionnistes

Ils travaillent sur les interactions de la vie quotidienne, sur la façon dont les individus s’investissent dans leurs rôles. Selon eux, la réalité sociale n’est pas fixée de l’extérieur mais est affaire d’appréciations de la part de l’individu, qui mettra en place des stratégies individuelles.

Leur thème privilégié est la déviance, c'est-à-dire le processus d’exclusion par lequel l’individu sera désigné comme déviant.

  1. Les empiristes méthodologues

Ce courant fut créé par Paul Lazarsfeld. Très marqué par le béhaviorisme naissant, il croyait en une étude empirique et objective de l’action. Il mena des recherches sur les études de marché et s’intéressa particulièrement aux relations entre vendeurs et acheteurs, et sur les mécanismes psychologiques susceptibles d’aboutir à une décision.

Il dirigea de grandes enquêtes sur les décisions d’achats ou encore les comportements électoraux. Il fut ainsi à l’origine de nombreuses innovations sur le plan méthodologique.  Il mit notamment au point la technique du panel.

Un panel est un échantillon stable de personnes qui sera soumis à des enquêtes de même nature à intervalles réguliers. Cela permet de suivre l’évolution de cette population, de saisir les modifications de comportements, de statuts ou encore d’opinions. Il travailla ainsi que le chômage, sur les déterminant du vote, le choix d’une profession, les moyens modernes de communication ou encore sur les mécanismes d’influence.

  1. La sociologie critique

Son principal courant souligna les dysfonctionnements de la société américaine : Reisman posa le problème de l’intégration dans la société moderne, Mills signala la manipulation et la dépersonnalisation dont seraient victimes les cols blancs, lesquels représentaient, selon lui, la nouvelle classe exploitée de la société moderne.

Un sous-courant dans lequel on compte Sorokin, dénonça ce qu’il appela la quantophrénie, c'est-à-dire la volonté de tout quantifier.

III - La sociologie contemporaine française

On peut distinguer quatre grands courants développés sur un système de deux axes au travers desquels l’accent est mis sur tel ou tel point.

 

Accent sur le système

Accent sur l’acteur

Intégration du
champ social

Structuralisme individualiste :
Boudon

Analyse des stratégies :
Crozier

Caractère conflictuel
du champ social

Structuralisme critique :
Bourdieu

Sociologie de l’action :
Touraine