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Cours de Psychologie
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2 - La pensée symbolique : Imitation, jeu et langage

I - Intelligence sensorimotrice et intelligence conceptuelle

  1. Définitions

Piaget constata une différence qualitative entre la pensée du bébé avant deux ans, qui est dite ‘d’intelligence sensorimotrice’ et après deux ans où elle se traduit sous la forme d’une intelligence conceptuelle.

L’intelligence sensorimotrice est une intelligence sans représentation, qui coordonne directement des actions à des perceptions et vice et versa. Elle tend vers la réussite, c'est-à-dire, concernant le bébé de moins de deux ans, vers la satisfaction de besoins ou la compréhension de données ou de processus.

L’intelligence sensorimotrice porte sur la réalité, alors que l’intelligence conceptuelle permet également d’aborder les symboles de la réalité. Elle est également transmissible car elle utilise des signes tels que le langage, alors que l’intelligence sensorimotrice est exclusivement individuelle.

  1. L’évolution de l’une à l’autre

Cette évolution nécessite tout d’abord une accélération suffisante des mouvements et actions réalisés par l’enfant pour en construire une représentation intérieure. Il doit également être en mesure de prendre conscience de cette intériorisation et pouvoir utiliser un système de signes afin de constituer des concepts généraux et englobant. Ce dernier s’acquiert au travers de la socialisation de l’enfant.

  1. La représentation

Elle constitue l’évolution fondamentale de la pensée de l’enfant. Dans son sens restreint, la représentation se définit comme une image mentale, c'est-à-dire la capacité à évoquer un objet en son absence de manière symbolique.

Dans son sens large, la représentation est une fonction symbolique (sémiotique) permettant d’évoquer des objets ou des situations qui ne sont pas perçus actuellement, en utilisant des signes et des symboles.

Selon Piaget, la représentation apparaît tardivement car elle nécessite la capacité à différencier signifié et signifiant ; le signifié étant l’objet et le signifiant sa représentation. Cette différenciation s’établit progressivement au travers de l’imitation et de la permanence de l’objet.

  1. L’imitation

La pensée symbolique naît au travers de l’imitation car c’est elle qui fournit les premiers signifiants : L’image mentale que je possède d’un objet est en effet une imitation des activités perceptives mises en l’œuvre lorsque je regarde cet objet. La représentation est donc une imitation intériorisée.

A la fin du stade sensorimoteur, deux capacités nouvelles apparaissent, à savoir l’imitation de modèles complexes et l’imitation différée. Cette dernière est un autre signe de l’accès à la représentation car l’enfant est capable de garder une action en mémoire et de la reproduire plus tard.

C’est cet accès à la représentation qui permet le développement du langage. L’observation des grands singes permet de vérifier cet ordre d’acquisition : ils détiennent en effet la capacité de former des représentations, ceci sans avoir acquis le langage.

  1. Evolution ultérieure

Selon Piaget, l’évolution représentée par la fonction symbolique se prolonge jusqu’à l’âge de 7 ans car l’imitation y est d’abord inconsciente. L’imitation inconsciente du stade de l’intelligence conceptuelle correspond donc au premier stage de l’intelligence sensorimotrice, respectivement le fait de ne pas différencier son point de vue de celui d’autrui (imitation inconsciente) versus ne pas différencier son activité de celle d’autrui. L’évolution se manifeste donc tel un décalage vertical.

L’imitation inconsciente est due à l’égocentrisme, elle se définit comme une confusion entre le point de vue propre et celui d’autrui ou l’action d’autrui et la sienne propre. On peut donc dire que l’enfant se caractérise par une subjectivité qui s’ignore (l’égocentrisme s’oppose en effet à l’objectivité car il n’existe pas de subjectivité consciente d’elle-même).

II - Le jeu ou comment la pensée symbolique se manifeste-t-elle dans le jeu ?

  1. Le jeu symbolique

On parle de jeu symbolique lorsque les situations ou objets évoqués, c'est-à-dire les signifiés, sont remplacés par des signifiants. Par exemple, lorsque le signifié ‘voiture’ est symbolisé par le signifiant ‘boîte’. Il s’agit d’une véritable représentation puisque l’enfant est conscient que la boîte représente réellement (dans la réalité) la voiture.

Selon Piaget, il existe une différence fondamentale entre ce type de symbole ludique et le symbole du langage car celui-ci nécessite la transformation des schèmes sensorimoteurs en concepts. Exemple : j’appelle ‘ballon’ tout ce que je vois rouler. Le symbole ludique ne contient pas ce concept car il renvoie à une assimilation qui n’est pas généralisable : toutes les boîtes ne représentent pas des voitures. Il s’agit en quelque sorte d’une assimilation ‘pour rire’.

  1. L’assimilation et l’accomodation

On retrouve le caractère égocentrique dans l’assimilation ludique : la boîte n’est une voiture que pour l’enfant. Mais le jeu est aussi une imitation représentative, dans la mesure où les objets assimilés vont permettre l’imitation d’éléments de la réalité : une ville avec les voitures, un champ de bataille etc… Elle est dite représentative car il n’est pas possible de connaître ce que les objets représentent avant que le jeu n’ait commencé.

Dans le jeu, l’assimilation permet de plier la réalité à sa guise, de ne pas tenir compte des contraintes de la réalité extérieure et donc de se libérer des contraintes de l’adaptation. L’assimilation est une fausse adaptation ludique, nécessaire à l’enfant qui ne possède pas les outils pour s’adapter au monde. Une activité dans laquelle l’accomodation domine est une activité imitant strictement la réalité extérieure, et nécessitant donc de se plier aux contraintes.

Piaget distingue donc trois sortes de jeu : le jeu d’exemple, le jeu symbolique débutant à deux ans et se prolongeant jusqu’à 4 ans et enfin, le jeu de règles qui s’apparente au travail. Au fur et à mesure de l’évolution, le jeu ne disparaît pas, mais se transforme.

L’assimilation (intégration des données de l’environnement aux structures de connaissances du sujet) n’est pas toujours possible car le réel nécessite parfois que les structures de pensées du sujet soient modifiées, c'est-à-dire qu’il y ait accomodation.

Piaget définit donc un processus comme intelligent dans la mesure où il permet une équilibration entre assimilation et accomodation. Cette équilibration se traduit directement dans le ‘fonctionnement’ de l’être humain, dans toutes ses activités, elle est donc inévitable.