Il réalisa tout d’abord une thèse en droit et économie avant de s’intéresser à la sociologie, la philosophie puis l’épistémologie. Il étudia particulièrement la religion et l’ordre social et entama une recherche innovante portant sur les facteurs sociaux ayant influencé le déroulement de l’histoire. Il ne put malheureusement pas l’achever avant son décès.
I - Approches et principes fondamentaux de Weber :
Weber posa des principes définissant l’étude de la société en tant que sujet de science :
Pour Weber, la sociologie doit chercher à saisir le sens des actions sociales. Il ne suggère pas ici, un retour à la subjectivité mais insiste sur le fait que, parce que les activités humaines produisent des valeurs, les seules explications causales ne peuvent suffire. Elles doivent aussi saisir le sens que les Hommes donnent à leurs actions. Explication et compréhension doivent donc se combiner dans une approche d’explication compréhensive ou compréhension explicative. En procédant ainsi, on constate par exemple que l’instauration du capitalisme est aussi à comprendre en termes d’éthique.
Est considéré comme entrepreneur celui qui suscite des créations technologiques, mobilise des capitaux et organise des forces de travail dans la perspective d’un projet industriel ou commercial tendu vers le profit.
Il réalisa sa thèse sur les protestants. Ces-derniers croient au dogme de la pré-destination et sont incités à rechercher le profit sur terre. Leurs réussites sont interprétées comme le signe de leur élection divine. Cette croyance les amène donc à investir plus qu’à consommer et à être obsédés par le désir d’entreprendre. A partir de ces travaux, il définit le calvinisme comme un système de valeurs qui organise l’action individuelle de certains agents sociaux, les poussant à travailler rationnellement sans dépenser.
Le sociologue considère donc que les puritains conforment leurs conduites à leurs convictions religieuses et ont objectivement contribué à légitimer certaines valeurs telles que l’épargne, et ont ainsi favorisé le développement du capitalisme.
II - Les deux points essentiels de la conception wébérienne
Pour Weber, la sociologie est la science qui se propose de comprendre par interpellation, l’activité sociale et par là, d’expliquer causalement son déroulement et ses effets. La conception de Weber est donc précisée par celle d’interaction. Toute action sociale doit être comprise par le sens que lui donnent les acteurs sociaux qui sont en interaction.
Le sens d’une action n’est pas seulement limité à ce qu’en dit l’acteur, il est lui-même produit par la rencontre intersubjective. Weber parle de types idéaux d’activité. C’est un des concepts fondamentaux de la sociologie, un modèle.
La construction intellectuelle permet d’extraire de la réalité empirique, certains traits caractéristiques. C’est un outil qui permet d’utiliser des concepts simples pour pouvoir appréhender une réalité sociale complexe et multiforme.
Weber a repéré plusieurs types idéaux. Il insiste sur le rapport à autrui dans toutes les activités car il est déterminant pour saisir le sens de l’activité. Celle-ci s’oriente soit en collaboration soit en hostilité avec un autre. Il existe quatre idéaux d’actions sociales en fonction de leur rationalité :
L’activité rationnelle en finalité : L’agent choisit les moyens les plus appropriées pour atteindre son but, compte-tenu des conséquences prévisibles qui peuvent troubler le déroulement de l’action.
L’activité rationnelle en valeur : L’action est au service d’une conviction et est indépendante de la considération des chances de succès et des conséquences de cette action.
L’activité affective : L’action de développe sous l’emprise d’une émotion ou d’une passion.
L’activité traditionnelle : Elle obéit à la coutume de façon machinale.
La sociologie du travail est une science interprétative qui se différencie d’un retour à la subjectivité. Elle ne doit pas se borner à décrire les positions respectives des agents de la société mais doit aussi tenir compte du sens qu’ils donnent à leur position.
Ce n’est pas l’individu dans sa singularité qui intéresse le sociologue, mais l’individu en tant qu’acteur, qui agit dans les contraintes de sa situation. La compréhension ne peut donc être immédiate ni intuitive mais est à rechercher. Elle n’a aucune connotation avec la psychologie car elle implique, comme toutes activités scientifiques, le respect de critères d’objectivité et de contrôle. Comprendre, c’est établir des relations entre la situation d’acteur, ses motivations et ses actions telles que l’observateur puisse conclure que dans la même situation, il aurait agi de même.
C’est donc une démarche phénoménologique, c'est-à-dire qu’on va essayer de reconstruire la subjectivité de l’acteur à partir des données de la situation. La rationalité wébérienne implique que comprendre un acte, c’est comprendre sa rationalité par rapport à sa fin. Comme le détective, le sociologue va reconstruire la logique sous-jacente aux phénomènes sociaux.
Si la sociologie trouve son point d’origine dans les actions des hommes dont il faut retrouver le sens, elle vise à montrer comment ces actions, au-delà de la conscience des acteurs, vont tisser la trame du fonctionnement social et d’un avenir que les acteurs ignorent. L’Homme agit, il se donne des buts, il combine des moyens, il s’adapte aux circonstances, il trouve ses motivations dans des systèmes de valeur. Pour Weber, l’Homme n’est programmé ni par son bagage héréditaire, ni par ses structures sociales.
Weber, comme Durkheim, a beaucoup marqué la pensée contemporaine. Certains débats actuels entre sociologues portent toujours sur ses recherches. Nous pouvons notamment citer l’individualisme méthologique qui est un mode d’interprétation des faits sociaux selon lequel tout phénomène social est réductible à l’agrégation d’actions individuelles inspirées par les valeurs de la passion ou de la raison.