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Les enjeux psychologiques de l'obésité
Quelle lecture la psychologie porte-t-elle sur ce problème de santé publique ? Quelles peuvent être ses contributions ?
Une véritable pandémie
L’obésité est reconnue comme une maladie par l’OMS depuis 1998. A ce jour, trois cent millions de personnes en sont victimes dans le monde. En France, de plus en plus d’habitants sont touchés : on les estimait à 5.9 millions en 2006, ils étaient 6.5 millions en 2009.
Outre les répercussions de cette maladie sur le plan physique, l’obésité entraîne des souffrances morales et psychologiques importantes. Les prises en charge s’orientent généralement vers une complémentarité des disciplines (diététique, éducative, sportive, médicale), mais les recherches cliniques semblent permettre une compréhension des processus psychodynamiques à l’œuvre.
L’approche psychosomatique
Elle perçoit l’obésité comme la résultante de troubles de la conduite alimentaire visant le corps, dus à un défaut de verbalisation des souffrances. Face à des affects négatifs tels que le stress, l’anxiété, la culpabilité, la frustration ou encore l’hostilité, les personnes obèses mangeraient en grande quantité, confondant émotions et sensations, la nourriture prenant alors valeur d’anxiolytique.
Selon les psychosomaticiens de l’école française, cette difficulté à communiquer sur les sentiments, proviendrait d’une fixation au stade oral entraînant une pauvreté de la rêverie, une absence de liberté fantasmatique, une incapacité projective et une pensée focalisée sur la matérialité des évènements.
Un défaut interactionnel primaire
Selon les chercheurs (Raich et Isnard en 2007), les troubles des conduites alimentaires seraient issus d’un ‘gavage systématique’ du nourrisson par des mères en incapacité de percevoir leurs besoins.
Le moment de la tétée, plus qu’un simple temps alimentaire, permet aussi l’élaboration de la fonction contenante puisque le sein est introjecté (intériorisé) et constitue l’origine de l’enveloppe psychique de l’enfant.
Par le gavage, la mère supprime les contours du sein puisque son volume semble illimité pour le nouveau-né. Cette perturbation de la première relation objectale conduit l’enfant à intérioriser une première enveloppe psychique, elle aussi sans cadre. Pour y pallier, il tentera plus tard de se construire une seconde ‘peau’ lourde et dense représentée par le surpoids.