Le travail provient du terme latin ‘tripaliare’, lequel désignait un instrument de torture. Dés l’origine, le travail fut donc lié à des notions de douleur et de souffrance. Plus tard, il prit une notion péjorative en n’étant réservé qu’aux seuls esclaves.
Ce qui était une contrainte est devenu un droit. Le travail est également un élément évident de sociabilité ainsi qu’un mode relationnel vis-à -vis de son entourage. Par ailleurs, il détermine le degré d’indépendance de l’individu par rapport à la société et confère une certaine place parmi les différentes distinctions sociales.
Dans les années 70, le travail était encore associé à une aliénation, aujourd’hui, il participe pour une grande part, à la construction sociale d’un individu. Les valeurs qui y sont associées ont également varié avec les grandes évolutions du monde du travail, telles les phases d’industrialisation ou encore de chômage massif.
II - Définitions du travail
Le travail peut en effet être entendu en tant qu’activité de création et fut ainsi défini par Marx comme « L’activité par laquelle l’Homme en transformant la nature hors de lui, transforme sa propre nature ».
Mais le travail peut également se référer à une nécessité individuelle ainsi qu’à une discipline de vie qui renvoie au mode d’organisation de la société. Ce second courant émergea à la suite de la création et du développement des manufactures et fut à l’origine des travaux menés sur l’organisation du travail.
Une activité relève du travail ou du non-travail, en fonction du degré de contraintes qui pèse sur elle.
Prenons l’exemple de l’activité ‘peindre les murs de son salon’.
Pour le particulier qui la réalise sur son temps libre et de sa propre volonté, l’activité ne sera pas considérée comme un travail. Il peut s’arrêter ou reprendre lorsqu’il le désire. En revanche, la même activité réalisée par un peintre en bâtiment sera considérée comme du travail, puisque ce dernier la réalise par obligation et selon des contraintes.
Un certain nombre de termes sont couramment employés comme synonymes du travail et permettent de reconnaître les différentes significations socialement partagées qui y sont associées :
III Les différents courants d’étude du travail
La sociologie est la science des phénomènes sociaux, des mécanismes qui président à leur déroulement ou encore des comportements des individus en tant qu’acteurs sociaux.
Elle est apparue dans un double mouvement d’intégration et de différenciation, de ressemblance et de dissemblance : différenciation vis-à -vis des études faites en histoire, en économie, en psychologie et en ethnologie, et intégration en tentant d’énoncer des lois générales et de comparer les sociétés.
Elle se détache des prétentions idéologistes car elle ne s’appuie que sur des hypothèses validées et s’exempte également de tout ordre moral.
Il appelait la sociologie ‘physique sociale’ dans la mesure où il s’attachait à identifier des lois scientifiques à l’origine des phénomènes sociaux.
Cette recherche de modèles scientifiques donna naissance à de nombreuses études, telles que la définition des lois d’évolution des sociétés (Marx et Comte), la recherche de phénomènes de régularités historiques (Weber), la recherche de liens de causalité entre les différents phénomènes sociaux (Durkheim) ou encore la recherche de lois logiques dans des phénomènes sociaux a priori illogiques (Pareto).
Il considère le fait social comme marqué par la contrainte qu’il exerce sur les consciences et sur leur indépendance. Il aborde ainsi la question de la solidarité sociale en défendant l’idée que la société a besoin de consensus pour subsister.
Il différencie ainsi la solidarité mécanique, caractéristique des sociétés archaïques dans lesquelles les membres partagent les mêmes valeurs, de la solidarité organique, caractéristique des sociétés dans lesquelles les membres se différencient et se complètent les uns les autres, formant ainsi une collectivité.
Durkheim dénonce également l’anomie, c'est-à -dire une société dans laquelle les normes réglant la conduite des Hommes et assurant l’ordre social ont été détruites. Selon lui, cette perte de liens sociaux et de valeurs communes menacerait les sociétés modernes.
Préférant définir la société comme constituée d’individualités y participant, il s’attacha notamment à décrire certain type d’actions prédominantes.
La sociologie du travail est l’un des courants de recherche traversant la sociologie. On peut y trouver le structuralisme génétique de Bourdieu, relatif à la détermination de structures sociales dominantes ; la sociodynamique de Touraine, portant sur l’étude des mouvements sociaux ; ou encore le fonctionnalisme de Crozier, s’attachant à la place de l’acteur dans l’analyse stratégique.
Quelque soit le champ d’étude, les différents courants sociologiques ont en commun la découverte et la thématisation de la spécificité du social par rapport à l’économie, l’histoire etc…, la volonté d’une objectivation scientifique, traduite par l’emploi de certaines méthodes et enfin le recours à des méthodes quantitatives et qualitatives telles que l’observation mais aussi des protocoles d’enquête par questionnaire ou entretien.
IV - Champ d’études de la sociologie du travail
Dans un premier temps, les deux champs d’étude furent d’abord assez largement confondus du fait de la naissance de la sociologie dans les mêmes années que la révolution industrielle. La sociologie fut donc longtemps marquée par les réalités des organisations avant de s’élargir aux autres secteurs tels l’agriculture, le commerce ou encore l’administration.
La sociologie du travail se définit comme une science qui se propose de reconnaître, d’observer et surtout d’interpréter,  les phénomènes sociaux qui se produisent à l’occasion du travail.
Cette première définition est particulièrement imprécise car la discipline porte sur un objet d’étude qui la dépasse, à savoir le travail.
Elle porte sur une activité insérée dans un processus d’échange qui produit un bien ou un service, et qui se déroule dans un système social donné. Cette activité se fait par et pour les autres, elle est un facteur de structuration pour l’individu, une source de règles, de normes, de contraintes individuelles et collectives, mais aussi de conflits.
Elle se différencie donc de la psychologie sociale qui a pour objet d’étude les comportements inter-individuels et les groupes restreints, et de l’économie politique, science dont le domaine d’étude porte que l’ensemble des activités qui concourent à la production, à la circulation et à la répartition des richesses matérielles.
Elle fut datée par la découverte d’Elton Mayo dans l'usine Western Electric de Cicero, la Hawthorne Works, près de Chicago de 1927 à 1932. Afin d’identifier des facteurs intervenant dans les processus de productivité, Mayo sélectionna un groupe d’ouvrières et fit varier un certain nombre de conditions de travail, telles que le taux d’humidité ou encore la luminosité.
Afin de conduire son expérience selon les critères d’objectivité scientifique, Mayo compara les taux de productivité du groupe expérimental, dans lequel il appliqua différentes conditions de travail, aux taux de production d’un groupe témoin, dans lequel aucune modification ne fut apportée.
Dans un premier temps, il vérifia que l’amélioration des conditions de travail entraînait effectivement une amélioration de la productivité. Cependant, il constata qu’il en était de même dans le groupe témoin, mais également que les résultats ne chutaient pas, malgré la suppression des conditions de travail favorables (allongement des horaires, interdiction de parler pendant le travail etc), dans le groupe expérimental.
Elton Mayo dira : « Les individus qui constituent un atelier au travail ne sont pas, purement et simplement, des individus ; ils forment un groupe au sein duquel ils ont développé des habitudes de relations entre eux, avec leurs supérieurs, avec leur travail, avec les règlements de l'entreprise » (1965) et encore que «Le désir d’être bien avec ses collègues de travail, ce que l’on appelle l’instinct humain d’association, l’emporte facilement sur le simple intérêt individuel et la logique des raisonnements sur lesquels tant de faux principes de direction sont fondés. » (1947)
Ces résultats démontrèrent donc que l’entreprise est un système social où interagissent plusieurs facteurs et qu’elle ne peut être comprise comme une simple hiérarchie de commandements et de responsabilités. L’expérience démontra, en autre, l’importance de la reconnaissance sociale sur la productivité.
Remarque : les résultats de l’expérience de Mayo eurent également des implications très importantes du point de vue méthodologique puisqu’ils démontrèrent que le simple fait d’être choisi pour participer à une expérience, modifie le comportement des sujets. Il s’agit de l’effet Hawthorne, désormais toujours contrôlé par les chercheurs au cours de leurs expériences.
Les découvertes de Mayo remirent donc considérablement en question les théories développées par Taylor et Ford, notamment sur leur interprétation du freinage et de la tendance des ouvriers à se regrouper en coalition.
L’évolution fut très importante du fait de la production de masse et de l’automatisation du travail industriel. Ce fut désormais à l’homme de s’adapter aux évolutions technologiques. Dés 1946, Friedmann évoqua les problèmes de fatigue liés à la monotonie du travail et à la répétitivité.
Cette période se caractérisa par une forte offre d’emploi, une augmentation des salaires et une amélioration des conditions de travail. Cependant, à mesure que la mécanisation et l’automatisation s’intensifiaient, la qualification ouvrière diminuait, alors que celle des ingénieurs augmentait.
Les chocs pétroliers engendrèrent de nouvelles évolutions. L’augmentation du chômage accentua l’importance des hautes qualifications ainsi que l’instabilité des emplois. Les questions technologiques et stratégiques furent donc au cÅ“ur des recherches.
Sous l’influence du chômage de masse, la sociologie du travail s’est accès sur les problématiques de flexibilité et de mobilité dans l’emploi
La mondialisation a profondément transformé le monde du travail, créant de nouveaux emplois, déplaçant certain géographiquement ou stratégiquement. L’impact de ces changements sur les organisations du travail est donc l’un des champs majeurs de recherche de la sociologie du travail, dans les relations de proximité spatiale situées dans l’entreprise, mais également dans les relations à distance existant entre les sièges des grandes directions, et la vie locale de leurs entreprises.
Les nouvelles technologies d’information et de communication représentent un autre champ d’étude particulièrement prolifique, en tant que nouvelles formes de relations professionnelles, modifications des formes d’organisation du travail ou encore créations de nouveaux métiers.
Enfin, la sociologie du travail rejoint la recherche menée en sociologie en étudiant les interactions qui existent entre les nouvelles formes de travail et les phénomènes sociaux en général.