La psychologie différentielle, en se centrant sur les différences entre les individus, permet au psychologue du développement de repérer les grandes étapes du développement mais également d’identifier les retards.
Elle fut la première approche différentielle du développement, elle correspond à une perspective cumulatrice puisqu’elle considère le développement comme une succession d’acquisitions.
Les tests recensent donc tous les comportements typiques d’un âge donné. On peut donc la définir d’approche empirique. Son atout principal est de permettre le repérage du moment critique où un nouveau comportement apparaît. Les tests les plus connus de cette approche sont le WISC et la NEMI.
Cette seconde approche consiste à comprendre comment un enfant produit des comportements au travers de questionnements. Son objectif est de situer l’enfant par rapport à un niveau de développement dont l’apparition est fixe. Les tests les plus connus sont l’EPL et l’UDN 80.
Cette approche observe le comportement en se demandant sa fonction. Les tests utilisent l’évolution d’une compétence spécifique pour évaluer le développement du sujet et postuler le niveau d’organisation de la pensée. On y compte le test du bonhomme, le test de la maison ou encore la figure de Rey
En 1909, Binet définit l’intelligence par son organe principal : le jugement. Celui-ci est signe de bon sens, de sens pratique, d’initiative et de capacité à s’adapter. La NEMI est donc un test composite qui a pour origine cette définition de l’intelligence : « Compréhension, invention, direction et censure, l’intelligence tient dans ces 4 mots. Par conséquent, nous pouvons conclure déjà que ces 4 fonctions là sont primordiales et devront se trouver étudier par notre méthode. »
Binet mit au point un dispositif expérimental qu’il testa sur des enfants. Il analysa les résultats puis modifia à nouveau les épreuves. Sa démarche est donc progressive et s’est faite par approximation successive. Beaucoup d’épreuves ont été modifiées pour améliorer la standardisation et optimiser la valeur discriminative du test surtout aux âges supérieurs. L’une des critiques exercées à son encontre fut donc celle d’une méthode de spéculation pure.
Les épreuves sont étalonnées sur des enfants de 3 à 14 ans et se centrent sur l’âge auquel la moitié des enfants réussit : les épreuves sont donc représentatives d’un âge donné, c’est ce qui lui donne son caractère développemental. La mesure permet de catégoriser un enfant par rapport à des populations d’âges différents.
Dans la version définitive, les items sont catégorisés en fonction de leur valeur génétique. Celle-ci est stable lorsque :
La valeur génétique permet donc d’observer une évolution qualitative : plus l’enfant grandit, plus il sait réaliser d’activités.
74 items sont classés du plus facile au plus compliqué en fonction du pourcentage de réussite des 550 enfants examinés : l’échelle est donc hiérarchisée. Binet calcula ensuite le nombre moyen d’items réussis pour chaque âge puis fractionna ce nombre par la liste des 74 items, obtenant ainsi des zones d’âge.
L’âge mental permet de situer l’enfant dans l’échelle de développement. On lui fait donc passer les épreuves, on note un point par item réussi. Le total permet de trouver l’âge mental dans le tableau ‘échelle d’âge’. Cette correspondance a été faite par le total des points des enfants dont l’âge réel était égal à l’âge mental.
On ne peut se contenter du total des points car un même total peut renvoyer à différentes épreuves réussies : l’âge mental est une pure construction de l’esprit, il faut donc mesurer la répartition des réussites, c'est-à-dire l’indice de dispersion.
Indice de dispersion = numéro du dernier item réussi – numéro du premier item réussi
On compare ensuite le total de points et l’indice de dispersion. Pour interpréter le constat global de l’âge mental, il faut étudier la dispersion intra-test en prenant en compte l’étendue comparée aux normes de dispersion et la nature des différentes épreuves réussies ou échouées.
Groupe d’âge |
6 |
7 |
8 |
9 |
10 |
12 |
14 |
… |
Etendue de la dispersion |
6 |
8 |
8.5 |
11.5 |
19 |
23 |
23 |
… |
La dispersion augmente lentement au début puis vite entre 9 et 10 ans, pour plafonner ensuite ver 12 ans.
Remarque : l’âge mental ne correspond pas toujours à un âge de réussite de base : un enfant peut obtenir le même âge mental en réussissant uniquement quelques items de différents groupes d’âge.
L’échelle de la NEMI ne fournit pas de niveau intellectuel mais permet d’identifier un enfant en retard. La gravité du retard ne sera pas la même pour un enfant de 10 ans et un enfant de 5 ans. Pour l’évaluer, il faut donc tenir compte de son âge réel et de son âge mental.
Binet voulait ainsi déduire le retard de l’enfant de son âge réel afin d’obtenir la catégorie d’ariération dans laquelle l’enfant pouvait être classé. Le calcul du QI fut découvert par Stern en 1912 :
QI = (âge mental / âge réel) x 100
L’âge réel se calcule en soustrayant la date de passation du test (à l’envers) à la date de naissance également à l’envers. Par exemple, un enfant né le 28/07/79 et passant le test le 31/12/87 aura un âge réel de : 8 ans, 5 mois et 03 jours.
87 12 31
- 79 07 28
_____________
08 05 03
Une fois l’âge réel obtenu, il faut le convertir en mois pour le calcul du QI :
8 ans, 5 mois et 03 jours = (8x12) + 5 = 101 mois
Autre exemple :
7 ans, 8 mois et 21 jours = (7x12) + 8 + 1 = 93 mois
Remarque 1 : Une différente de point pour un âge réel donné ne correspond pas à la même augmentation ou à la même diminution du QI suivant l’âge réel. A 3 ans, un point renvoie à 2 mois, à 4 et 5 ans à 2 mois mais à 9 ans à 3 mois. Dans tous les autres cas, un point est toujours égal à 3 mois.
Remarque 2 : Lorsque le QI est égal à 100, on considère que le développement est normal. Lorsqu’il est supérieur à 100, on observe une avance de développement et un retard lorsqu’il est inférieur à 100. Le chiffre 100 correspond à la comparaison âge mental / âge réel.
Ce calcul de QI est valable jusqu’à l’âge de 15 ans, lorsque les sujets sont plus âgés, on prend donc systématiquement 15 ans soit 180 mois au dénominateur. Au numérateur, l’âge mental maximum est de 14 ans.