Bonjour, je viens de perdre ma maman. Je suis l'ainée d'une famille de 4 enfants et mes parents étaient divorcés. Maman est morte depuis plus de 2 mois. Je m'occupe de toutes les formalités administratives (organisation des obsèques, sucession,...) Je me suis retenue de pleurer pendant les 15 jours qui ont suivi le décès de maman et suis devenu le rocher sur lequel tout le monde s'accroche. J'ai l'impression de passer à côté de mon travail de deuil. D'un naturel enjouée, j'ai l'impression de jouer la comédie toute la journée. De plus je développe une certaine intolérance et devient super éxigence en amitié. La famille de ma maman me gonfle, je trouve mon père toxique, bref j'étouffe. est ce normal? Merci.
Bonjour Sophie,
Votre témoignage, emprunt de courage et de dignité, parle tout d'abord de votre place au sein de votre famille. La position d'ainesse, dans une fratrie de 4, est souvent particulière et difficile à porter. La demande des parents, consciente ou inconsciente, est d'endosser une série de responsabilités, de postures et d'obligations dans le prolongement d'eux mêmes (cf article "La place de l'ainé dans la fratrie"). Il semble que se soit cela qui se joue, depuis le décès de votre mère, en vous obligeant à assumer les responsabilités administratives, à faire office de "rocher sur lequel tout le monde s'accroche".
Etonnament, vous ne citez pas votre père sauf à mentionner sa "toxicité", comme s'il était absent ou en incapacité à faire face aux responsabilités liées à cette période de deuil... Est il trop en souffrance pour endosser cette position? Comment se fait il qu'il ne puisse vous épauler et que vous vous trouviez seule? Là encore, vous semblez devoir jouer le rôle du parent et il serait intéressant, pour vous, de pouvoir mieux comprendre le sens de cette "parentification" dont les origines sont sans doute anciennes...
Vous ne pouvez plus, en effet, continuer à "jouer la comédie" du bonheur et devez pouvoir vous retrouver avec vous même, réaliser l'indispensable travail de deuil. Votre rôle ne peut être et ne doit être celui d'une mère de substitution pour vos frères et soeurs et il vous faudra, progressivement, envisager avec eux d'autres modes de fonctionnement dans lesquels chacun assume ce qui lui revient de façon adulte. Dans cette optique, un travail de parole, d'élaboration et de soutient peut très probablement vous aider à passer ce cap difficile. Je vous encourage donc, si vous en avez le désir et les ressources, à vous faire accompagner par un psychologue ou un psychanalyste bienveillant. Vous méritez, vous aussi, d'être soutenue et encouragée.