Suis-je un bon parent ? S’interroger sans se juger

Il n’existe pas de parent parfait, pourtant la question « Suis-je un bon parent ? » revient comme un écho lancinant dans l’esprit de nombreuses mères et pères. Derrière cette interrogation se cache moins une évaluation objective qu’un tiraillement entre des idéaux inaccessibles et la réalité imparfaite du quotidien. Cette inquiétude révèle un enjeu profond : comment accepter d’élever un enfant sans céder aux injonctions de perfection, tout en restant attentif·ve aux blessures que l’on pourrait transmettre malgré soi.
L’idéal parental : une construction sociale et psychique
La figure du « bon parent » est souvent nourrie d’images idéalisées, véhiculées par la société, la famille ou l’histoire personnelle. Cet idéal devient un modèle tyrannique, contre lequel chaque erreur ou fatigue quotidienne est perçue comme une faute. L’inconscient joue ici un rôle clé, en activant des attentes irréalistes héritées des propres manques ou projections de l’enfance.
La culpabilité : compagne silencieuse de la parentalité
Se demander si l’on est un bon parent, c’est souvent exprimer une culpabilité diffuse face à l’impossibilité d’être toujours à la hauteur. Cette culpabilité n’est pas un signe d’échec, mais la marque d’une conscience aiguë des responsabilités affectives. Le danger survient lorsqu’elle devient envahissante, empêchant de reconnaître ce qui est déjà suffisamment bon dans la relation à l’enfant.
Les blessures inconscientes qui façonnent le lien
Aucun parent n’échappe totalement à la transmission de ses propres fragilités. Ce n’est pas l’absence de défauts qui fait un bon parent, mais la capacité à repérer quand ses blessures personnelles interférent avec l’éducation de l’enfant. Cette lucidité permet d’éviter de confondre ses besoins d’adulte avec ceux de l’enfant, et d’ajuster son comportement sans chercher l’impossible perfection.
Le danger de la suradaptation : vouloir trop bien faire
À force de vouloir être un parent exemplaire, certains tombent dans la suradaptation, répondant à la moindre frustration de l’enfant par crainte de « mal faire ». Cette posture empêche l’enfant de construire sa propre tolérance à la frustration, et épuise le parent dans une quête sans fin de validation.
Être un « parent suffisamment bon » : un équilibre à trouver
La véritable réponse à cette question réside peut-être dans la notion de « parent suffisamment bon », chère à Donald Winnicott. Il ne s’agit pas d’être parfait, mais de créer un cadre sécurisant tout en acceptant ses limites. C’est dans cet espace d’imperfection assumée que l’enfant apprend à grandir de façon autonome, sans être enfermé dans les projections parentales.