Psychologie

Dans le couple, le mensonge ponctuel est courant ; il peut protéger, éviter un conflit, préserver l’intimité. Mais lorsque le mensonge devient chronique, compulsif, sans logique apparente ni gain manifeste, il fragilise le lien en profondeur. Le mensonge pathologique n’est pas une stratégie ; c’est une dynamique intérieure qui déborde. Dans une relation intime, il déstabilise autant celui qui le subit que celui qui le produit. Que dit ce besoin constant de travestir le réel ? Et comment l’aborder dans le cadre amoureux ?

Le mensonge pathologique n’est pas une simple tromperie

Ce type de mensonge dépasse l’intention consciente. Il ne vise pas forcément à manipuler, mais à préserver une image interne qui se sent en danger. La personne ment parfois sans s’en rendre compte, ou sans pouvoir expliquer pourquoi. Elle invente, dissimule, adapte la réalité à un récit qui la protège. Ce comportement, lorsqu’il s’installe dans la relation, crée un climat d’insécurité permanent.

Un besoin de contrôle issu d’une fragilité narcissique

Mentir peut être une manière de reprendre le pouvoir sur une réalité perçue comme menaçante. Chez certaines personnes, le mensonge chronique naît d’une peur profonde d’être abandonné·e ou dévalorisé·e. Il s’agit alors moins de tromper l’autre que de s’inventer un monde plus tolérable. Le couple devient un théâtre où le réel est trop risqué pour être dit. Mais cette protection inconsciente finit par isoler, voire saboter le lien.

Un trouble du lien avant d’être un problème moral

Le mensonge pathologique n’est pas d’abord une question de morale, mais une problématique relationnelle. Il empêche la construction d’un espace de confiance, de vérité partagée, de réalité commune. Le ou la partenaire se sent trompé·e, trahi·e, déstabilisé·e. Mais la personne qui ment peut elle-même se sentir prisonnière de ses propres récits, incapable de revenir à une parole simple, de peur de s’effondrer.

Quand le mensonge devient un symptôme

En psychanalyse, on comprend le mensonge comme un symptôme : il dit quelque chose de ce qui ne peut pas se dire autrement. Il peut traduire une angoisse d’intrusion, un besoin de se sentir maître de son histoire, ou encore une incapacité à assumer une réalité décevante. Dans le couple, cela crée une asymétrie : l’un·e vit dans la transparence, l’autre dans une zone de repli opaque. Le lien devient déséquilibré, voire toxique.

Peut-on aimer quelqu’un qui ment tout le temps ?

La question n’est pas seulement celle de l’amour, mais de la possibilité du lien. Car sans confiance minimale, l’intimité se grippe, la parole devient suspecte, le doute s’installe partout. Il est possible d’aimer quelqu’un qui ment, mais ce n’est pas toujours tenable. Cela demande que le mensonge soit reconnu comme un symptôme à travailler, non comme une fatalité ou une simple faute. Sans ce mouvement de vérité, le couple s’épuise.

Conclusion : le retour à la vérité est un acte d’amour

Le mensonge pathologique ne se soigne pas par la confrontation ou la menace. Il nécessite un espace d’écoute, parfois thérapeutique, pour comprendre ce qu’il défend. Dans le couple, cela suppose un cheminement à deux : vers une parole plus nue, plus risquée, mais aussi plus vivante. Dire la vérité, même maladroitement, même tard, peut redevenir un acte d’amour. Non pour revenir au passé, mais pour réhabiter le lien autrement.

Trouver un psy