Se sentir légitime dans un monde compétitif : un travail intérieur et social

Dans une société où tout semble devoir se prouver, se justifier, se mériter, la question de la légitimité devient centrale. Suis-je assez compétent·e ? Ai-je le droit d’être là, de parler, de réussir ? Ces questions, souvent silencieuses, traversent bien des parcours — même ceux qui, de l’extérieur, paraissent assurés. Dans un monde qui valorise la comparaison, la performance et la vitesse, se sentir légitime est un travail autant intérieur que social.
Quand la légitimité devient une quête invisible
On parle rarement de légitimité dans les parcours visibles de réussite. Et pourtant, elle s’invite partout : dans les réunions, dans les candidatures, dans les prises de parole, dans le simple fait d’oser être vu·e. Ce n’est pas toujours une question de compétence, mais souvent une affaire d’histoire personnelle, de regard sur soi, de traces laissées par l’enfance, par les parcours sociaux, par la place qu’on nous a donnée — ou refusée.
Une société qui renforce le doute
La société actuelle valorise la confiance en soi, l’assurance, l’aisance à se vendre. Mais tout le monde ne part pas avec les mêmes outils. Certain·es ont dû se battre pour être là, franchir des barrières invisibles, surmonter des injonctions à rester discrets. Dans un monde compétitif, ceux qui doutent sont vite perçus comme faibles, alors même qu’ils sont souvent plus lucides, plus attentifs, plus conscients des rapports de pouvoir.
Travailler sa légitimité de l’intérieur
Se sentir légitime ne vient pas automatiquement avec le diplôme, le poste ou la reconnaissance extérieure. Cela passe souvent par un chemin plus intime : comprendre d’où vient le doute, questionner les voix intérieures qui répètent « tu n’es pas à ta place », s’entourer de regards bienveillants, oser exister sans se suradapter. La légitimité s’ancre quand on cesse de vouloir être parfait et qu’on commence à reconnaître sa valeur telle qu’elle est, en chemin.
Et faire évoluer les cadres extérieurs
Mais tout ne dépend pas de soi. Se sentir légitime, c’est aussi être reconnu, entendu, inclus. Il ne suffit pas de travailler sur soi : il faut aussi faire bouger les environnements qui excluent, invisibilisent ou exigent l’effacement. Cela demande des espaces plus humains, plus divers, où l’on valorise la singularité plutôt que la conformité. Dans cette dynamique, chacun·e a un rôle : se faire une place, oui mais aussi contribuer à ce que d’autres puissent en trouver une à leur tour.