Psychologie

Une image traverse l’esprit, un souvenir revient, un visage excite – et la culpabilité surgit. Peut-on aimer sincèrement et pourtant désirer ailleurs ? Est-ce normal de fantasmer sur une autre personne que son ou sa partenaire ? Où commence la tromperie : dans le corps, dans l’acte, ou déjà dans la pensée ? Cette question trouble car elle touche à l’intime du désir, là où les représentations morales se heurtent à la réalité psychique.

Le fantasme n’obéit pas à la volonté

Le fantasme surgit sans prévenir ; il s’impose parfois comme une échappée intérieure. Il ne dépend pas de la fidélité morale mais de la liberté du psychisme. On ne choisit pas ce qui nous excite. On peut aimer profondément, et pourtant être traversé·e par des images qui ne concernent pas son ou sa partenaire. Cela ne dit pas forcément un manque ; cela dit un mouvement interne, une recherche, une mémoire, un besoin symbolique.

Fantasmer, ce n’est pas agir

Il y a une différence fondamentale entre le monde imaginaire et le monde réel. Le fantasme, même intense, ne produit pas les mêmes effets qu’un acte. Il n’implique pas l’autre, ne met pas en jeu un mensonge, ne blesse pas réellement. Ce n’est pas un engagement affectif ou sexuel ; c’est une scène mentale. Certains couples peuvent en parler librement. D’autres préfèrent ne pas savoir. Mais dans tous les cas, fantasmer ne suffit pas à trahir.

Ce que le fantasme révèle du lien

Fantasmer sur une autre personne peut révéler quelque chose de notre lien à nous-mêmes, au couple, au désir. Ce n’est pas toujours un signe d’insatisfaction ; c’est parfois une manière de maintenir le désir vivant. Le fantasme permet une respiration, une distance, une part de mystère qui n’annule pas l’attachement. Il peut aussi révéler un besoin enfoui, un interdit ancien, ou une frustration qui n’a pas été nommée.

La culpabilité, reflet d’une norme intériorisée

Beaucoup vivent mal le fait de fantasmer, comme s’il s’agissait déjà d’une infidélité. Mais cette culpabilité est souvent le produit d’une vision idéalisée de la fidélité. On imagine qu’aimer, c’est ne jamais regarder ailleurs, même en pensée. Or cette attente nie la réalité du désir humain, qui ne se laisse pas enfermer dans un seul visage, aussi aimé soit-il. Être en couple n’annule pas la vie intérieure.

Conclusion : fantasmer, c’est exister comme sujet désirant

Le fantasme n’est pas une trahison ; c’est une expression du monde psychique. Il ne faut pas le confondre avec l’acte, ni le moraliser à outrance. Fantasmer, c’est se rappeler qu’on est vivant·e, complexe, traversé·e de désirs multiples. Cela ne remet pas nécessairement en question l’amour ou la fidélité ; cela ouvre un espace de liberté intérieure, qui peut coexister avec l’attachement sincère à une seule personne.

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