Psychologie

On rêve de l’amour, on l’appelle, on le cherche… puis, quand il arrive, on s’éloigne, on doute, on abîme. Comme si ce qu’on désirait tant devenait soudain insupportable. Il existe une peur bien réelle de l’amour, souvent inconsciente, qui pousse certaines personnes à saboter une relation dès qu’elle devient intime ou engageante. Ce phénomène n’est pas une absurdité affective, mais le signe d’un conflit interne plus profond.

Le désir de lien face au vertige de l’attachement

Aimer suppose de se laisser toucher, de s’ouvrir à l’autre, donc de s’exposer. Et pour certains, l’attachement ravive des angoisses précoces : peur d’être abandonné, englouti, ou de disparaître dans la relation. Ainsi, dès que le lien devient trop réel, trop proche, le sujet peut se replier, créer de la distance ou provoquer inconsciemment des tensions. Ce retrait n’est pas un caprice : c’est une défense contre une souffrance redoutée.

Saboter pour éviter la perte

Quand l’amour réveille une peur archaïque de la perte, mieux vaut parfois, inconsciemment, provoquer la fin soi-même. Il est moins douloureux de fuir que de risquer d’être quitté ; moins risqué de se saboter que d’attendre que l’autre nous abandonne. Cette stratégie inconsciente s’ancre souvent dans des expériences précoces où l’attachement s’est accompagné de douleur ou d’instabilité. Le lien amoureux devient alors un terrain miné.

Une image de soi qui refuse d’être aimée

Certains sabotages trouvent leur source dans une faible estime de soi. L’amour reçu entre en contradiction avec une image intérieure dévalorisée : “je ne peux pas être aimé, je ne le mérite pas”. Le sujet doute de la sincérité de l’autre, cherche la faille, anticipe le rejet, jusqu’à parfois provoquer ce qu’il redoute. Ce refus de l’amour n’est pas volontaire ; c’est une façon de maintenir une cohérence interne, aussi douloureuse soit-elle.

L’amour, ce miroir insoutenable

Aimer, c’est aussi être vu. Pour quelqu’un qui s’est longtemps protégé derrière des masques, des rôles ou une distance, être réellement perçu dans l’intimité peut être insupportable. L’amour devient alors un miroir : il reflète ce que l’on ne veut pas voir, ce que l’on a enfoui. Le lien, au lieu d’être une douceur, devient un révélateur trop violent, que le sujet cherche à faire taire en sabotant la relation.

Du sabotage à la réparation

Ce mécanisme n’est pas une fatalité. En prendre conscience, c’est déjà ouvrir une brèche dans la répétition. Il ne s’agit pas de “réussir” une relation, mais d’oser rester là, même quand l’intimité fait peur. Le travail thérapeutique permet souvent de revisiter les attachements anciens, d’apaiser les angoisses enfouies, et de se donner la chance d’aimer sans se détruire.

Trouver un psy