Psychologie

Il est possible d’éprouver des sentiments profonds, sincères, puissants… tout en redoutant l’idée même d’un engagement. Cette position, souvent jugée contradictoire, voire immature, révèle pourtant une complexité psychique bien réelle. Aimer sans vouloir s’engager n’est pas nécessairement une fuite ; c’est parfois un choix, mais aussi souvent un symptôme. Comment distinguer les deux ?

Quand l’engagement effraie plus que l’amour lui-même

L’engagement active un imaginaire chargé : promesse, durée, responsabilité, fusion possible. Pour certains, cela réveille des angoisses profondes. Ce n’est pas l’amour qu’ils redoutent, mais ce que l’amour pourrait exiger d’eux. Être à deux, c’est renoncer à une forme de toute-puissance ; c’est se rendre vulnérable, dépendant, exposé. L’engagement devient alors un espace où le sujet pressent la perte de lui-même.

Une mémoire affective encombrée

La peur de l’engagement n’apparaît jamais par hasard. Elle est souvent la conséquence d’attachements précoces douloureux ou ambivalents. Le lien amoureux, au lieu d’être un lieu de sécurité, est inconsciemment associé à une menace, une perte, une fusion ou un rejet. D’où le paradoxe : aimer mais ne pas pouvoir se lier. Le sentiment est là, mais sa traduction en acte est bloquée par une mémoire affective marquée par le conflit.

Le couple comme risque de répétition

S’engager, c’est aussi s’exposer à répéter. Répéter des blessures anciennes, des échecs vécus ou observés, des rapports de domination, de dépendance ou d’abandon. Pour celui ou celle qui a construit sa stabilité dans la distance, la perspective du couple réactive la peur de revivre ce qu’il ou elle a mis tant de temps à contenir.

Et s’il s’agissait d’un choix assumé ?

Mais aimer sans s’engager n’est pas toujours une défense. Pour certains, c’est une position réfléchie, cohérente avec une manière d’habiter la liberté, le lien et le temps. Le refus d’un engagement classique n’est pas nécessairement le refus de l’intimité ou de la profondeur. Il peut s’agir d’une autre manière d’aimer, non conforme aux modèles établis, mais fondée sur la sincérité du moment présent.

Un entre-deux à penser, pas à juger

La difficulté naît surtout lorsque le discours ne coïncide pas avec les actes. Ce qui blesse l’autre, ce n’est pas tant le refus de l’engagement que l’ambiguïté entretenue, la promesse muette ou l’espoir laissé en suspens. Il est donc essentiel, pour ceux qui aiment sans vouloir s’engager, de clarifier leur position… autant envers l’autre qu’envers eux-mêmes.

Trouver un psy