La gestion des désaccords : faut-il toujours chercher à avoir raison ?

Quand les tensions dégénèrent en compétition plutôt qu’en dialogue : comprendre les dynamiques de pouvoir dans le couple
Dans les relations de couple, les désaccords sont inévitables. Cependant, ce qui distingue une simple discussion d’un conflit destructeur, c’est la manière dont les partenaires abordent leurs divergences. Lorsque le désaccord devient une compétition où chacun·e cherche à prouver qu’il ou elle a raison, la dynamique relationnelle se transforme en une lutte de pouvoir plutôt qu’en un véritable échange. Cette dynamique, bien souvent inconsciente, peut mettre en péril la relation si elle n’est pas prise en compte.
L’inconscient de la compétition : une quête de validation de soi
Lorsque les désaccords dégénèrent en compétition, il est souvent question de validation de soi, de son statut dans la relation, ou de sa position de pouvoir. Chacun·e cherche inconsciemment à affirmer son identité par le biais du débat, se nourrissant du besoin de reconnaissance et de l’approbation de l’autre. Ce mécanisme peut être lié à des expériences de rejet ou d’invalidation vécues dans l’enfance ou dans des relations passées. En réponse à ces blessures, la personne cherche à prouver, parfois sans en avoir conscience, qu’elle mérite d’être entendue, respectée et valorisée. Ce processus peut transformer un simple désaccord en une confrontation idéologique où l’objectif devient d’imposer sa propre vérité.
Le besoin d’avoir raison : une défense contre l’insécurité émotionnelle
Chercher à avoir raison est souvent une défense contre l’insécurité émotionnelle. Lorsqu’on se sent déstabilisé·e ou vulnérable, l’idée de « gagner » le débat permet de restaurer un sentiment de contrôle et de sécurité. Cela peut aussi masquer une peur profonde du rejet ou de l’abandon, où « avoir raison » devient synonyme de ne pas être rejeté·e ou diminué·e. Cette dynamique est d’autant plus présente dans les relations où l’un des deux partenaires porte des blessures narcissiques, c’est-à-dire un besoin intense de reconnaissance. Ces personnes auront tendance à faire de chaque désaccord un test de leur valeur aux yeux de l’autre.
Les non-dits et les dynamiques de pouvoir sous-jacentes
Le désir d’avoir raison est souvent nourri par des non-dits qui perturbent la communication claire et ouverte. Les non-dits cachent souvent des désirs ou des attentes non exprimés, et ces éléments inconscients peuvent alimenter la compétition. Par exemple, une personne peut chercher à imposer sa vision des choses, non seulement parce qu’elle estime que son point de vue est plus juste, mais aussi pour répondre à un besoin sous-jacent de se sentir supérieur·e ou de garder un contrôle sur la relation. Lorsque les désaccords deviennent un terrain de jeu pour des dynamiques de pouvoir, la relation se trouve fragilisée, car l’écoute mutuelle et la recherche d’un compromis disparaissent au profit d’une victoire individuelle.
Le piège de la rationalité : perdre de vue les besoins émotionnels
Dans le feu du désaccord, il est facile de se concentrer uniquement sur la rationalité de l’argument, oubliant parfois que derrière chaque opinion, il y a des besoins émotionnels qui ne sont pas exprimés de manière explicite. Chercher à avoir raison empêche souvent de voir ce que l’autre ressent profondément, au-delà des mots et des arguments rationnels. Ces besoins peuvent être liés à la sécurité émotionnelle, à la reconnaissance, ou même à des peurs d’abandon. Lorsque ces besoins sont ignorés, le couple s’enferme dans une logique de performance et de compétition, où la personne qui « gagne » peut en réalité se retrouver isolée émotionnellement, car le lien de complicité et de soutien mutuel a été perdu.
Se détacher de la dynamique de pouvoir : vers un dialogue authentique
Pour que la relation puisse évoluer sainement, il est crucial de sortir de cette dynamique de pouvoir. Cela nécessite de reconnaître les mécanismes inconscients qui nous poussent à chercher à avoir raison et de développer une écoute active qui permet de saisir les besoins émotionnels cachés derrière les paroles. Le couple doit apprendre à voir les désaccords comme une opportunité d’approfondir la compréhension mutuelle, et non comme une bataille à remporter. Un dialogue authentique repose sur la capacité de chaque partenaire à reconnaître la subjectivité de l’autre et à ouvrir un espace où les besoins émotionnels peuvent être entendus, sans jugement ni compétition.