Le mythe du parent solo « héros » : un statut risqué et épuisant

Dans l’imaginaire collectif, le parent solo est souvent perçu comme une figure héroïque, capable d’assumer seul·e toutes les responsabilités sans faillir. Cette image flatteuse masque pourtant une réalité bien plus ambivalente : celle d’une suradaptation constante, où l’effort permanent devient une norme silencieuse. Derrière ce mythe du parent « fort » se cache un épuisement psychique rarement exprimé, alimenté par la peur d’être jugé·e, de décevoir ou de « laisser tomber » ses enfants.
L’injonction à être irréprochable malgré l’absence de relais
Privé·e du soutien quotidien d’un autre adulte, le parent solo se sent souvent obligé·e d’en faire davantage. Il ou elle endosse tous les rôles, sans s’autoriser le moindre relâchement, comme ce père qui refuse toute aide extérieure, convaincu qu’il doit prouver qu’il peut « tout gérer » sans faiblir.
La valorisation sociale du sacrifice invisible
La société glorifie l’image du parent solo dévoué·e, mais attend de lui ou d’elle qu’il·elle tienne sans jamais montrer de signes d’épuisement. Cette mère, par exemple, enchaîne travail, tâches domestiques et soutien scolaire, tout en s’interdisant d’admettre qu’elle est à bout, par peur de passer pour une « mauvaise mère ».
La peur de l’échec comme moteur toxique
Sous cette suradaptation se cache souvent une angoisse profonde : celle d’échouer et d’en faire porter la responsabilité à l’absence du second parent. Ce mécanisme pousse le parent à compenser à l’excès, comme cette femme qui refuse de dire non à ses enfants, pensant que poser des limites renforcerait le sentiment de « manque » dans la cellule familiale.
L’isolement affectif, terrain propice à l’oubli de soi
À force de répondre à toutes les attentes, le parent solo s’efface derrière la fonction, oubliant ses propres besoins. Ce père, qui n’a pas pris une soirée pour lui depuis des mois, illustre cette tendance à croire que toute pause personnelle serait un abandon de son rôle.
Briser le mythe : s’autoriser à être un parent « humain »
Sortir de cette logique héroïque passe par l’acceptation de ses limites et la reconnaissance de ses fragilités, sans y voir un échec. Demander de l’aide, exprimer sa fatigue, ou simplement faire « assez bien » au lieu de viser l’exemplarité constante, sont des actes de lucidité qui protègent de l’épuisement et offrent à l’enfant un modèle plus réaliste de la vie adulte.