Parole parentale : éviter de projeter ses peurs en voulant rassurer

Dans le quotidien parental, il paraît naturel de vouloir protéger ses enfants de leurs peurs. La parole devient alors un outil central pour apaiser, expliquer et sécuriser. Mais derrière ces mots souvent bienveillants, se cache parfois une autre réalité : celle des angoisses parentales qui, malgré les apparences, se glissent entre les lignes.
Quand la parole cherche à combler une insécurité
Face aux peurs de leur enfant, de nombreux parents réagissent par un flot de paroles destinées à rassurer ; mais ces discours révèlent souvent leur propre besoin d’être apaisé·es. Dire « tout va bien, il n’y a aucun danger » à répétition peut, paradoxalement, alerter l’enfant sur une menace sous-jacente qu’il n’avait pas perçue. Ce trop-plein verbal témoigne d’une angoisse parentale masquée par le désir de tout contrôler.
L’enfant capte ce qui se joue derrière les mots
Même si le vocabulaire est rassurant, le ton, l’attitude et la fréquence des discours trahissent l’état émotionnel réel. Camille, 7 ans, entend chaque soir sa mère lui dire de ne pas s’inquiéter avant de dormir ; pourtant, l’enfant sent la nervosité dans la voix, ce qui renforce ses propres peurs nocturnes. Les enfants sont sensibles à ces dissonances entre le verbal et le non-verbal, intégrant inconsciemment l’angoisse parentale qu’on tente pourtant de leur épargner.
Rassurer à tout prix peut nourrir l’anxiété
En voulant sans cesse expliquer ou minimiser les situations anxiogènes, les parents peuvent renforcer l’idée qu’il y a effectivement matière à s’inquiéter. Paul, père de deux enfants, multiplie les recommandations avant chaque sortie : « Faites attention à ceci, ne faites pas cela ». Sous couvert de prévention, il transmet une vision du monde perçue comme dangereuse. L’accumulation de paroles sécurisantes devient alors un miroir de ses propres peurs projetées sur ses enfants.
Accepter l’incertitude plutôt que masquer l’angoisse
Il est parfois plus apaisant pour l’enfant d’entendre une parole sincère reconnaissant l’incertitude, plutôt qu’un discours artificiellement rassurant. Dire « je comprends que ça puisse faire peur, mais on va y aller ensemble » crée un espace d’authenticité. Cette posture aide l’enfant à apprivoiser l’angoisse au lieu d’y ajouter celle du parent. Mettre des mots justes, sans excès, permet de différencier le besoin de rassurer l’autre de celui, inconscient, de se rassurer soi-même.