Éducation et inconscient : les mots hérités qui façonnent nos enfants

Certaines phrases semblent traverser les générations sans jamais vieillir. « Parce que c’est comme ça », « Arrête de pleurer pour rien » ou encore « Dans la vie, il faut être fort·e ». Ces mots, que nous prononçons parfois sans y penser, portent en eux bien plus qu’une simple réponse éducative. Ils sont souvent l’écho de ce que nous avons entendu enfants, reproduisant des schémas familiaux dont nous n’avons pas toujours conscience.
Quand les phrases toutes faites révèlent le passé
Certaines formules éducatives reviennent instinctivement, comme si elles étaient inscrites en nous. Ces phrases automatiques sont souvent le reflet d’une éducation reçue et non réellement choisie. Par exemple, dire à un enfant « La vie n’est pas juste » face à une frustration peut traduire un héritage de résignation transmis de génération en génération. Ces mots, anodins en apparence, perpétuent des visions du monde qui façonnent l’inconscient familial.
L’influence des injonctions entendues dans l’enfance
Les adultes reproduisent souvent, sans le vouloir, les injonctions qu’ils ou elles ont subies. « Sois sage » ou « Dépêche-toi » deviennent des refrains quotidiens, non parce qu’ils sont les plus adaptés, mais parce qu’ils réactivent une mémoire éducative ancienne. Sophie, mère de deux enfants, s’est surprise à répéter les mêmes critiques que celles de sa propre mère, alors qu’elle avait juré de faire autrement. Ce phénomène montre combien la parole parentale est imprégnée de l’histoire familiale.
Quand les mots transmettent des peurs ou des croyances
Au-delà des consignes, les mots hérités véhiculent souvent des peurs ou des limites intériorisées. Dire à un enfant « Ne prends pas de risques » peut cacher une crainte transmise par des générations marquées par l’incertitude ou l’insécurité. Julien, par exemple, a grandi dans une famille où « Il faut toujours se méfier » était une devise implicite. En répétant ces messages à son tour, il perpétuait une méfiance du monde apprise et non questionnée.
Prendre conscience pour choisir ses propres mots
Il ne s’agit pas de bannir toute parole issue de notre éducation, mais de discerner ce qui nous appartient vraiment. Interroger l’origine de nos phrases permet d’éviter de reproduire des schémas limitants. En prenant conscience de ces héritages linguistiques, chaque parent peut décider de s’exprimer avec des mots alignés avec ses valeurs actuelles, plutôt que de répéter inconsciemment des discours du passé.