Psychologie

L’adolescence est marquée par des jugements tranchés : hier admiré·e, aujourd’hui critiqué·e sans réserve, la figure d’autorité oscille entre piédestal et mépris. Ce va-et-vient entre idéalisation et dévalorisation n’est pas un simple excès émotionnel, mais un mécanisme psychique révélateur du processus de séparation et de construction identitaire. L’adolescent projette sur les figures d’autorité ses propres contradictions internes, cherchant tantôt à s’appuyer sur elles, tantôt à s’en libérer brutalement.

Idéaliser pour sécuriser une identité encore fragile

Face aux incertitudes de l’adolescence, l’idéalisation d’une figure d’autorité offre un repère temporaire et rassurant. Qu’il s’agisse d’un parent, d’un enseignant ou d’une personnalité publique, l’adolescent cherche des modèles forts auxquels s’identifier pour compenser ses doutes. Cette admiration peut être excessive, car elle repose sur le besoin inconscient de croire en une figure stable et parfaite, capable de guider sans faille.

Dévaloriser pour se libérer de la dépendance

Mais cette idéalisation est souvent suivie d’une phase de rejet brutal. Lorsque la figure d’autorité montre ses limites humaines, l’adolescent passe de l’admiration à la critique féroce. Ce basculement permet de rompre l’illusion de dépendance, en détrônant celui ou celle qu’il ou elle avait placé trop haut. Ce mécanisme de dévalorisation est une tentative de s’affirmer face à l’autre, en refusant d’être soumis·e à une autorité perçue comme faillible.

Un reflet des tensions internes de l’adolescent

Ces oscillations extrêmes ne parlent pas tant de la figure d’autorité elle-même que de l’instabilité psychique de l’adolescent, tiraillé entre besoin de soutien et désir d’autonomie. L’admiration soudaine ou le mépris affiché projettent ses propres luttes internes : dépendance versus indépendance, idéal du moi versus réalité des limites.

Accepter d’être déchu·e sans rompre le lien

Pour l’adulte, l’enjeu est de supporter d’être tour à tour idéalisé·e puis dévalorisé·e sans réagir de manière défensive. Accepter cette position mouvante, tout en restant une présence constante et cohérente, permet à l’adolescent de dépasser progressivement cette vision binaire. C’est en découvrant que l’on peut être imparfait·e sans perdre sa légitimité que l’adolescent apprendra à intégrer des repères stables en lui-même.

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