Grossesse après PMA : quand l’euphorie masque les peurs refoulées

Après un parcours long et éprouvant de procréation médicalement assistée (PMA), l’annonce d’une grossesse est souvent vécue comme une délivrance. La joie est immense, l’euphorie palpable. Pourtant, derrière cette exaltation légitime peuvent se cacher des peurs profondes, enfouies sous le soulagement. La grossesse, tant attendue, réactive alors des angoisses refoulées pendant le combat médical : peur de perdre ce qui a été si difficile à obtenir, crainte de ne pas être à la hauteur, ou encore difficulté à se projeter sereinement après des mois, voire des années d’échec.
De l’attente médicale à l’impossible lâcher-prise
Clara, 36 ans, enceinte après trois FIV, explique qu’elle n’arrivait pas à « se réjouir pleinement », hantée par l’idée d’une fausse couche. Le corps et le psychisme restent marqués par la logique du contrôle permanent imposée par la PMA, rendant difficile l’abandon confiant à la grossesse. Ce qui devrait être une période d’apaisement devient un terrain miné par l’hypervigilance, où chaque symptôme est scruté, chaque silence du corps interprété comme une menace.
L’enfant fantasmé comme réparation d’un parcours douloureux
Julien et Sophie, après cinq ans de parcours médical, projettent sur leur futur enfant l’idée qu’il « devra compenser tout ce qu’ils ont traversé ». L’euphorie masque souvent une attente inconsciente démesurée, où l’enfant devient symbole de victoire et de réparation. Cette idéalisation peut générer une pression silencieuse, tant pour les parents que pour le lien à venir, empêchant de penser l’enfant réel, avec ses imprévus et ses propres limites.
Accueillir la grossesse réelle derrière le soulagement apparent
La reconnaissance de ces peurs refoulées est essentielle pour ne pas se laisser piéger par l’illusion d’une joie sans ambivalence. La grossesse après PMA nécessite un temps d’ajustement psychique, où il s’agit de passer du statut de patient·e en lutte à celui de futur parent. Accepter que l’euphorie coexiste avec l’angoisse permet de redonner à cette grossesse sa dimension humaine, loin des idéaux et des injonctions à être simplement heureux.