Psychologie

Assumer une parentalité imprévue bouleverse autant l’enfant que celui ou celle qui endosse ce rôle par nécessité.

Une parentalité tardive souvent idéalisée

Lorsqu’un grand-parent devient le principal éducateur, la société valorise souvent cette prise de relais comme un acte de dévouement. Mais derrière cette image de sauveur se cache une réalité psychique complexe, où le grand-parent doit rejouer un rôle qu’il pensait achevé. Jeanne, 68 ans, élève ses deux petites-filles après l’absence prolongée de sa fille. Si elle parle d’amour, elle évoque aussi la fatigue émotionnelle de devoir imposer une autorité qu’elle n’a plus l’élan d’exercer naturellement.

L’enfant face à une confusion des générations

Pour l’enfant, grandir avec ses grands-parents comme figures parentales peut générer une double loyauté : entre reconnaissance et sentiment d’abandon par les parents biologiques. Thomas, élevé par ses grands-parents maternels, a longtemps oscillé entre gratitude et colère rentrée envers sa mère absente. Cette inversion des rôles brouille les repères générationnels et peut freiner la construction identitaire, notamment lorsque le discours familial minimise ou idéalise la situation.

Le poids inconscient de l’inversion

Sur le plan psychique, le grand-parent de substitution porte un double fardeau : celui de l’éducateur et celui du gardien de l’histoire familiale souvent marquée par une défaillance parentale. Cette position ambiguë peut réveiller des blessures anciennes, des regrets ou des culpabilités liées à l’éducation de leurs propres enfants. De leur côté, les enfants élevés par leurs grands-parents peuvent intérioriser un sentiment de dette ou développer une maturité précoce, parfois au détriment de leur spontanéité infantile.

Trouver un équilibre dans une configuration atypique

Reconnaître la spécificité de cette situation est essentiel pour éviter que l’inversion des rôles ne devienne source de souffrances invisibles. Un accompagnement psychologique peut aider à poser des mots sur les frustrations et les attentes silencieuses. Il s’agit de permettre au grand-parent de ne pas s’oublier dans une parentalité imposée, et à l’enfant de se construire sans porter le poids d’une histoire familiale complexe. Cet équilibre fragile repose sur la capacité à différencier l’amour de la fonction parentale.

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