Psychologie

Longtemps pensée comme l’espace de fabrication du citoyen, l’école incarne l’idéal républicain d’une transmission des savoirs et des valeurs partagées. Laïcité, égalité, esprit critique, respect de l’autre… ces principes forment le socle symbolique de l’institution scolaire. Mais dans une société traversée par les inégalités, les fractures culturelles et la perte de légitimité des institutions, ce rôle est de plus en plus mis à l’épreuve. L’école peut-elle encore être ce lieu d’unification sans devenir un lieu de tension ? Et à quelles conditions peut-elle transmettre des valeurs communes dans un monde pluriel ?

Des valeurs affichées mais inégalement reçues

Les programmes scolaires regorgent de références à la citoyenneté, au vivre ensemble, à la liberté d’expression. Mais la réception de ces messages dépend fortement du contexte social, culturel et affectif dans lequel l’élève évolue. Ce qui est présenté comme universel est parfois vécu comme éloigné, abstrait, voire imposé. Une même leçon peut être reçue comme une évidence rassurante ou comme une violence symbolique. Il ne suffit pas de proclamer des valeurs pour qu’elles fassent lien. Il faut aussi les incarner, les rendre compréhensibles, discutables, vécues.

La laïcité comme point de friction ou comme cadre protecteur

Parmi les valeurs centrales, la laïcité cristallise les tensions. Conçue comme une garantie de neutralité et de liberté de conscience, elle est parfois interprétée comme une mise à distance, voire une exclusion des identités. L’école est alors sommée d’arbitrer entre la neutralité institutionnelle et la reconnaissance des vécus. Mais la laïcité peut aussi être repensée non comme une arme, mais comme une règle du jeu partagée. À condition d’en expliquer le sens, d’en montrer les implications concrètes et de ne pas la réduire à un outil disciplinaire.

Transmettre sans imposer : une pédagogie du débat

Transmettre des valeurs communes ne signifie pas enseigner un catéchisme républicain. C’est ouvrir des espaces de parole, de débat, de mise en tension. L’autorité du savoir ne doit pas écraser les expériences vécues. C’est par le dialogue, par l’analyse de situations réelles, que les élèves peuvent éprouver ce que signifient l’égalité, le respect ou la liberté. Ce n’est pas une transmission verticale, mais une construction partagée. Il ne s’agit pas de convaincre, mais de faire réfléchir. L’école devient alors un laboratoire du commun.

Un défi politique autant que pédagogique

Il serait illusoire de croire que l’école peut, seule, réparer les déchirures de la société. Mais elle peut être un lieu où l’on apprend à se situer, à se confronter, à comprendre. À condition qu’elle soit soutenue, reconnue, formée à ces enjeux. Ce travail n’est pas une simple instruction morale. C’est une tâche complexe, fragile, qui suppose de tenir ensemble l’exigence des principes et la diversité des vécus. Si l’école peut encore transmettre des valeurs communes, ce n’est pas en les imposant d’en haut, mais en les tissant pas à pas, dans la complexité du réel.

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