Difficulté de lecture : 3 / 5
Education de l'enfant : injonctions ou suggestions ?
Pour éduquer nos enfants, nous peinons à savoir quelle posture adopter. Entre l'attitude directive et autoritaire (considérée comme dépassée) et la permissivité, nous hésitons. Après des siècles d'autorité et de rigueur, le XXème siècle a vu dans nos sociétés naître un parent d'un type nouveau : celui qui négocie avec l'enfant. Quelle que soit l'attitude adoptée, nous ne trouvons pas aisément la place juste. Freud, conscient de ce problème répondait ainsi à une mère venue le questionner sur la bonne conduite à tenir : "Faites comme bon vous semble, vous ferez mal". Il balayait d'un revers de la manche toutes les tentatives de mettre en place un manuel de l'éducation juste.
L'importance des limites
L'enfant n'a de cesse de contredire, de mettre en défaut les injonctions parentales. Pour autant, si abdiquer devant lui permet de retrouver temporairement le calme, cela ne règle pas la question de fond : celle de la place de l'autorité et de la nécessaire déférence de l'enfant face à l'adulte. L'adulte apprend à l'enfant qu'il n'est pas tout puissant. Il vient le frustrer dans sa croyance qu'il peut être "tout". Tout enfant connaît la tentation totalitaire. C'est lorsqu'il se confronte à l'autre (l'adulte entre autre) qu'il finit par lui accorder une place. La limite fixée à l'enfant est garante de son insertion dans le groupe. Elle le situe dans le rapport à l'autre. Il doit exister des interdits qui sont fermes ainsi que des décisions intangibles qui autorisent l'enfant à appréhender son environnement et ses règles de fonctionnement.
Un cadre pour négocier
Dès que le cadre général de l'enfant est posé, il est possible de faire preuve de plus de souplesse pour autant que nous ne revenions pas sur les repères intégrés. En lui suggérant des réponses plutôt qu'en lui imposant et en l'invitant à les penser, nous l'incitons à développer ses représentations. Nous pouvons lui dire que quelque chose est interdit puis lui demander de réfléchir au fondement de cet interdit. L'enfant s'approprie plus rapidement toute réponse à laquelle il a participé. Ainsi, il peut intérioriser des concepts comme le bien ou le mal et enrichir sa capacité de jugement.
Un choix limité et adapté à son âge
Mais il ne faudrait pas croire que l'enfant est rassuré de pouvoir prendre part à toute les décisions concernant son existence. S'il ne s'agit pas de l'exclure, il convient de lui proposer des négociations qui sont adaptés à son âge. Par exemple, un enfant de 4 ou 5 ans peut choisir ses vêtements mais dans une limite fixée par le parent. Lui proposer de choisir entre deux ou trois tenues suffit amplement. Le laisser choisir parmi une garde robe pléthorique ne pourrait que l'angoisser. Il n'a pas les ressources suffisantes et n'est pas en mesure de prendre en compte une situation dans sa globalité (temps qu'il fera, cours de sport, …). Sans l'aide des bornes parentales, les choix de l'enfant risquent de se révéler inadaptés. Cela l'amènerait à douter de la pertinence de sa réflexion. Par retour, il pourrait ainsi douter de ses compétences. S'il peut choisir, il est important qu'il le fasse parmi un nombre limité d'items.
De l'importance des places
La multiplication des possibles ne permet pas à l'enfant de s'approprier une place dont il puisse être certain. En lui confiant des missions et en s'adressant à lui comme s'il était adulte, nous ne lui reconnaissons pas son droit à être enfant et à l'insouciance. Les limites fixée par les injonctions parentales sont les conditions sine qua non de sa liberté. La liberté totale résonne pour lui comme un manque de structure parentale. Il se sent abandonné. De plus, les injonctions parentales auront leur importance quand il grandira car elles pourront être remises en question et nourrir la révolte nécessaire à son individuation.