Mode ZEN
Je suis aîné et je dois donner l'exemple
L’aînesse a fondé pendant des siècles les règles qui organisent la filiation et le pouvoir au sein de la fratrie. Ainsi, dans les dynasties nobiliaires puis dans la bourgeoisie du XIXème siècle, chaque place au sein de la fratrie définissait un destin relativement prédéterminé. Aujourd’hui, ces modalités de transmission se sont assouplies mais conservent une certaine efficience symbolique et conditionnent les relations à chaque enfant selon son rang.
L’aîné, un enfant fruit d’un désir unique
Le premier né d’une fratrie est un enfant très attendu puisqu’il est la première grande réalisation - et pas des moindres - du désir du couple parental. Il inaugure la parentalité qui est encore à construire. Au-delà, d’être le premier enfant, il institue de nouveaux parents. Il est habituel que cette première naissance soit encore plus chargée émotionnellement que les autres. Pour la maman, il crée une situation corporelle absolument inédite, la grossesse. Il révèle ses parents comme père et mère. Très souvent, nous voyons apparaître de jeunes adultes démunis et inquiets quant à leur capacité à assumer ce nouveau rôle, fut-il désiré. Dès lors, cette arrivée interroge les géniteurs sur leur construction personnelle et les renvoie à leurs propres imagos parentaux. Quelque part, cet enfant va leur permettre de se découvrir parents. Ce lien est toujours unique, c’est par lui qu’ils se sont hissés au rang de leurs prédécesseurs.
Etre aîné, une place qu’il va falloir quitter
De plus, l’aîné va pour un temps être le seul enfant du couple et donc monopoliser leur attention et leur affection. L’aîné vit toujours, au moins dans sa prime enfance, la situation d’être enfant unique, fut-ce transitoire. C’est probablement d’ailleurs pour lui que l’arrivée d’un puiné est la plus source de changements quant à la répartition de l’intérêt et de la disponibilité parentale. La perte imaginaire de la certitude d’être le préféré se double pour lui d’une perte plus concrète. Enfant unique, il a été un temps le préféré, sans grand risque de s’illusionner.
Un grand dans un monde de plus petits
Très souvent, lorsque les cadets viennent compléter la fratrie, les premiers se voient dans l’obligation implicite de céder du terrain dans la manière dont ils occupaient l’espace familial. En présence de bébés, l’attention parentale, notamment maternelle, va se modifier. Classiquement, la maman recrée avec son nouveau-né une situation de symbiose mère/bébé de laquelle les aînés sont écartées. Il est implicitement demandé à ceux-ci une plus grande autonomie. Les parents n’ayant pas une disponibilité sans limite. Ainsi, les grands se voient dans l’obligation de prendre des responsabilités jusque-là assumées par la maman ou le papa (habillage, lavage des dents, …). C’est positif car cela place l’aîné dans le sens de son développement : progressivement se séparer des parents pour se construire en tant que sujet autonome. Toutefois, les grands de la fratrie demeurent des enfants et il convient de ne pas leur demander de changer brutalement de modes d’existence au prétexte de l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur. Grands peut-être, mais petits quand même semblent-ils nous dire par certains de leur comportements ambivalents (régressions, caprices, énurésie, …).
Se penser modèle au risque de ne pas être soi
L’école, le centre aéré et de nombreuses activités vont jouer sur le fait que le grand, c’est celui qui donne l’exemple. Aucun enfant ne devrait à avoir à supporter d’être un modèle. En effet, de quel modèle se fait-il l’expression ? Bien souvent, la place qu'il se doit de tenir correspond à un idéal d’adultes. Le grand c’est celui qui est sage, qui donne l’exemple, qui se tient bien, … Mais un enfant pour se développer a besoin de savoir qu’il a le droit de se tromper, d’être imparfait et quand même aimable et aimé. S’il lui est prescrit telle ou telle attitude sous le prétexte qu’elle est attendue d’un aîné, il risque de perdre une partie fondamentale de sa singularité.
Qui de l’enfant ou de l’aîné s’exprime dans la vie quotidienne ? Aucun grand frère ni aucune grande sœur ne devrait être placé dans ce dilemme. Il est au contraire nécessaire que l’enfant soit respecté dans son développement sans qu’une mission ne lui incombe. Il n’est pas là pour dicter l’exemple ni satisfaire à un projet parental. Chaque enfant, aîné ou cadet doit disposer de l’espace suffisant pour être qui il est, fut-il contraire aux fantasmes familiaux quant à la place qu’il doit tenir. Heureusement, aujourd’hui beaucoup d’enfants refusent d’être comparés, bien conscients que la comparaison est toujours une forme de négation de leur personnalité et de leur unicité. Ils savent sortir d’eux-mêmes des fonctions dans lesquels inconsciemment nous tendons à les enfermer.
Qui de l’enfant ou de l’aîné s’exprime dans la vie quotidienne ? Aucun grand frère ni aucune grande sœur ne devrait être placé dans ce dilemme. Il est au contraire nécessaire que l’enfant soit respecté dans son développement sans qu’une mission ne lui incombe. Il n’est pas là pour dicter l’exemple ni satisfaire à un projet parental. Chaque enfant, aîné ou cadet doit disposer de l’espace suffisant pour être qui il est, fut-il contraire aux fantasmes familiaux quant à la place qu’il doit tenir. Heureusement, aujourd’hui beaucoup d’enfants refusent d’être comparés, bien conscients que la comparaison est toujours une forme de négation de leur personnalité et de leur unicité. Ils savent sortir d’eux-mêmes des fonctions dans lesquels inconsciemment nous tendons à les enfermer.