Psychologie

La fécondation in vitro (FIV) est souvent présentée comme une solution médicale face aux difficultés à concevoir. Mais derrière ce parcours technique, se jouent des enjeux psychiques profonds, souvent méconnus ou tus. La médicalisation du désir d’enfant confronte les patient·es à des répercussions inconscientes : sentiment d’échec, fantasme de toute-puissance, ambivalence face au corps et à la maternité/paternité. Si la FIV répond à une impasse biologique, elle réveille aussi des tensions intérieures où le psychisme cherche à s’ajuster entre espoir, culpabilité et projections sur l’enfant à venir.

Le sentiment d’échec et l’image du corps « insuffisant »

Clara, 34 ans, évoque avoir ressenti une « honte diffuse » lorsque la FIV est devenue nécessaire. Au-delà du constat médical, l’inconscient interprète souvent cette étape comme une défaillance personnelle, où le corps est vécu comme incapable de remplir une fonction pourtant fantasmée comme naturelle. Cette blessure narcissique silencieuse peut fragiliser l’estime de soi, en nourrissant un sentiment d’infériorité ou de dette vis-à-vis du futur enfant, perçu comme le fruit d’une aide extérieure plutôt que d’une « capacité intime ».

Le fantasme de toute-puissance face à la maîtrise médicale

À l’inverse, le recours à la technique peut aussi nourrir un fantasme de contrôle absolu sur la vie. Sophie, 35 ans, raconte avoir enchaîné les tentatives de FIV avec l’idée que « la médecine finirait forcément par réussir ». Ce sentiment d’avoir un pouvoir illimité grâce à la science masque souvent une angoisse de perte de maîtrise, typique des parcours d’infertilité. L’inconscient oscille alors entre culpabilité et illusion de toute-puissance, transformant le désir d’enfant en un projet où l’imprévu n’a plus de place.

L’enfant idéalisé : de la réparation à la charge symbolique

Ces répercussions psychiques ne disparaissent pas avec la réussite médicale. L’enfant issu d’une FIV peut être investi d’attentes inconscientes démesurées, comme s’il devait justifier les efforts, les souffrances et les épreuves traversées. Il devient alors porteur d’un double rôle : celui d’un enfant désiré, mais aussi celui d’un enfant « réparateur », censé combler les blessures psychiques accumulées durant le parcours médical. Cette charge symbolique silencieuse peut peser sur la relation future si elle n’est pas identifiée.

Redonner au désir d’enfant sa dimension psychique libre

Il est essentiel d’accompagner ces parcours en prenant en compte non seulement le corps, mais aussi l’inconscient. Reconnaître les blessures, les fantasmes et les attentes projetées permet de réhumaniser le désir d’enfant, au-delà du protocole médical. La FIV est une réponse technique, mais elle ne doit pas occulter le travail psychique nécessaire pour accueillir l’enfant comme sujet, et non comme aboutissement d’un défi ou réparation d’une faille.

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