Psychologie

Il y aurait une bonne façon d’aimer, une bonne manière d’être en couple, un équilibre parfait à atteindre. C’est cette image, diffuse mais insistante, que beaucoup poursuivent sans en avoir conscience. Le couple idéal hante les débuts amoureux, colore les attentes, nourrit les déceptions. On le rêve fluide, complice, stable et intense à la fois. Mais ce fantasme, loin d’aider à aimer, peut devenir un piège. Car vouloir être “le bon couple” empêche souvent d’habiter sa propre relation.

Un modèle social intériorisé plus qu’un désir personnel

Le couple idéal est souvent un modèle hérité, plus qu’un élan singulier. On cherche à s’y conformer avant même de se demander ce que l’on souhaite vraiment. Le bon couple serait amoureux, fidèle, vivant sous le même toit, parent d’au moins un enfant, épanoui et fonctionnel. Ce schéma, valorisé par les normes culturelles et les injonctions sociales, s’impose comme une évidence. Mais il ne dit rien de la réalité intérieure des liens.

Un imaginaire puissant et discret

Le fantasme du couple parfait ne se montre pas toujours ouvertement. Il agit en silence, dans les frustrations, les exigences, les peurs. Il fait croire que si l’on souffre, si l’on doute, si l’on se dispute, c’est que “ça ne marche pas”. Il impose une perfection relationnelle qui ne tolère ni flottement ni ambivalence. Et lorsque la réalité ne colle pas à l’image, le lien peut vaciller, non pas parce qu’il est mauvais, mais parce qu’il ne ressemble pas à l’idéal projeté.

Un idéal nourri d’attentes archaïques

En psychanalyse, on comprend que nos attentes dans le couple sont souvent des reprises de scénarios anciens. Le couple devient le lieu où l’on cherche, inconsciemment, à rejouer ou réparer des manques affectifs précoces. On attend de l’autre qu’il rassure, qu’il reconnaisse, qu’il tienne. Mais aucun couple réel ne peut répondre à toutes ces demandes sans s’effondrer. Plus l’idéal est élevé, plus la chute est brutale.

Entre idéalisation et renoncement

Certains restent prisonniers de l’idéal, refusant toute relation qui ne coche pas toutes les cases. D’autres renoncent à aimer, convaincus que l’amour vrai est un leurre. Pourtant, entre ces deux extrêmes, il existe un espace : celui du lien réel, complexe, parfois conflictuel, mais vivant. Accepter que le couple ne soit pas parfait, c’est commencer à aimer autrement. Ce n’est pas renoncer à l’exigence ; c’est renoncer à l’illusion.

Conclusion : sortir du fantasme pour entrer dans la relation

Le fantasme du couple idéal ne disparaît pas ; il se traverse. Ce n’est qu’en le voyant à l’œuvre qu’on peut commencer à aimer l’autre pour ce qu’il est, et non pour ce qu’il devrait être. L’amour devient alors moins spectaculaire, mais plus vrai. Il ne cherche plus à cocher des cases, mais à créer une forme unique. Ce n’est pas l’idéal qui rend heureux, c’est le lien que l’on rend habitable.

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