Pourquoi je cherche l’approbation de ceux qui ne me voient pas ?

C’est un sentiment étrange et familier à la fois. Vouloir être reconnu·e, apprécié·e, validé·e… par ceux-là mêmes qui nous ignorent, nous jugent, ou ne nous voient pas vraiment. On peut avoir autour de soi de l’affection sincère, des liens solides, une présence aimante – et pourtant, notre attention se fixe ailleurs, sur cette personne distante, indifférente ou exigeante. Pourquoi cette quête ? Et pourquoi est-elle si douloureuse, si tenace ?
Une répétition plus qu’un hasard
Ce type de recherche n’est pas anodin. Il est rarement lié à la personne en face, mais à ce qu’elle représente. Dans une lecture analytique, on pourrait dire qu’il s’agit d’une figure transférentielle : quelqu’un qui réactive un schéma ancien, souvent familial. Un parent peu démonstratif, un amour inaccessible, un regard qui a toujours manqué. Ce que l’on cherche, ce n’est pas seulement l’approbation : c’est une réparation. Obtenir aujourd’hui ce qui a été refusé autrefois.
Le pouvoir symbolique du regard absent
L’approbation de ceux qui ne nous voient pas prend une valeur démesurée précisément parce qu’elle nous échappe. Elle devient une preuve, un trophée, une validation ultime : s’il ou elle me reconnaît, alors je vaux quelque chose. Mais ce mécanisme nous enferme dans une dépendance invisible : on court après une reconnaissance qu’on croit mériter, mais qui ne viendra peut-être jamais. Et plus elle nous échappe, plus on s’y accroche.
Ce que l’on rejette dans ce qui est disponible
Pendant ce temps, l’attention réelle, sincère, bienveillante – celle qui est là – devient presque invisible. Pourquoi ? Parce qu’elle ne fait pas mal. Parce qu’elle ne répare pas le trou initial. Parce qu’elle n’active pas cette tension intérieure qu’on confond parfois avec l’amour. Chercher l’approbation de ceux qui nous ignorent, c’est aussi, inconsciemment, rejeter la tendresse trop accessible, qui semble moins « méritée », moins « prestigieuse », moins chargée d’enjeu.
Vers une attention réorientée
Sortir de cette boucle ne consiste pas à « se forcer » à tourner la page. Cela commence par reconnaître ce qui se rejoue. Mettre des mots sur l’origine de ce besoin. Identifier la blessure que l’on tente de guérir en silence. Et petit à petit, rediriger son attention vers ce qui est là, même si cela semble moins intense, moins dramatique. Car c’est souvent dans les relations paisibles, discrètes et authentiques que l’on peut enfin se déposer, sans avoir à se prouver.