Sortir pour rencontrer, ou pour ne pas rester seul·e ?

Quand la recherche de lien masque une fuite du vide ou de l’ennui existentiel.
On dit que l’on sort pour se changer les idées, pour rencontrer, pour créer du lien. Mais parfois, derrière cette motivation affichée, se cache un besoin plus profond, plus flou, parfois inconfortable : celui de ne pas rester seul·e face à soi-même. La sortie devient alors un mouvement qui ne dit pas tout à fait son nom.
L’agitation comme réponse au vide
Multiplier les événements, les apéros, les dîners ou les vernissages peut être une manière de meubler un espace intérieur que l’on ne sait pas encore habiter. Ce n’est pas tant le désir de lien qui pousse dehors, mais la crainte de ce qui pourrait remonter dans le silence. L’autre devient une distraction, plus qu’un but.
Le lien comme réponse à une angoisse muette
Ce que l’on appelle “envie de lien” est parfois une façon d’échapper à un sentiment d’abandon, ou de flou identitaire. Rencontrer, c’est alors tenter de se sentir exister dans le regard d’un·e autre, d’échapper à l’invisibilité. Mais dans ce cas, le lien est déjà lesté d’une attente implicite qui peut l’étouffer avant même qu’il ne commence.
Être entouré·e n’est pas toujours être en lien
On peut multiplier les échanges, les rires, les discussions ; et rester seul·e intérieurement. La sortie devient un décor, un théâtre où l’on joue une présence. Le groupe rassure en surface, mais ne touche pas nécessairement l’isolement plus profond. Il y a une solitude que le monde social ne comble pas.
Une fuite difficile à reconnaître
Il est difficile d’admettre que l’on sort pour fuir. Cela suppose de reconnaître une forme de vide, ou de fragilité que l’on préférerait ignorer. Mais sortir sans savoir pourquoi laisse parfois un sentiment de fatigue, d’agitation, voire d’inutilité. La quête devient répétitive, et le désir se dilue dans le mouvement.
Vers une présence plus consciente au lien
Sortir peut être un élan vivant, à condition qu’il parte d’un désir, et non d’un besoin de remplissage. Rencontrer devient alors une manière d’être en lien, pas une stratégie pour éviter le face-à-face avec soi. Cela suppose une écoute intérieure, une capacité à habiter le manque sans chercher à le remplir à tout prix.