Psychologie

Dans le couple, il est rare que les deux partenaires désirent avancer exactement au même rythme. L’un veut officialiser, l’autre temporise ; l’un parle d’enfant, l’autre détourne le regard. Ces décalages ne sont pas anecdotiques : ils activent des couches profondes du psychisme, où se rejouent souvent des conflits plus anciens que le couple lui-même. L’enjeu n’est donc pas seulement relationnel, mais aussi intrapsychique.

Derrière le “je suis prêt”, une stratégie inconsciente

Ce que l’un appelle “être prêt” peut parfois être le besoin de sécuriser l’autre ou de figer une relation perçue comme incertaine. Il y a dans ce désir d’avancer un appel, voire une tentative de réponse à une angoisse d’abandon ou d’instabilité. L’ »avance » de l’un est parfois une manière de poser un cadre face à une peur de perdre le lien. Inversement, celui qui freine n’est pas toujours celui qui ne veut pas, mais celui pour qui l’engagement active une mémoire d’enfermement, de perte de soi, ou de loyauté familiale non trahie.

L’écart de rythme comme miroir d’histoires différentes

Chaque partenaire vient avec sa propre histoire affective, son rapport au lien, au temps et à l’autonomie. Ce que l’un vit comme une étape naturelle, l’autre peut le ressentir comme une menace. La désynchronisation devient alors le symptôme d’un conflit plus profond : comment appartenir à deux sans renier ce que l’on est ? Le couple n’est pas seulement un lieu d’amour, mais un lieu de projection, où chacun dépose ses attentes conscientes… et ses peurs inconscientes.

L’injonction à avancer : un déguisement de la peur

Celui qui “pousse” l’autre à se décider croit souvent agir par amour ou cohérence, mais il peut en réalité être traversé par une angoisse difficile à tolérer : celle de rester dans une attente indéfinie, sans garantie. La demande d’engagement devient parfois une réponse à une insécurité intérieure que le couple ne peut pas entièrement résoudre. Cette pression, même douce, peut étouffer l’autre, surtout si elle se présente comme une évidence partagée alors qu’elle ne l’est pas.

Freiner pour exister

De l’autre côté, celui qui ralentit ou se montre hésitant peut chercher à préserver un espace interne encore fragile. Il ne s’agit pas nécessairement d’un refus, mais d’une tentative de sauvegarde psychique. Le “non tout de suite” peut être une façon de dire : “je ne veux pas me perdre dans le nous”. Si cela n’est pas entendu, il y a un risque que le frein soit interprété comme un désamour, alors qu’il relève d’un besoin de continuité de soi dans le lien.

Un entre-deux à négocier en conscience

L’écart dans le couple ne disparaît pas toujours par le dialogue, mais il peut devenir vivable s’il est reconnu sans jugement. Il ne s’agit pas d’attendre indéfiniment, ni d’exiger une synchronisation immédiate, mais d’explorer ce que chacun projette dans ce “prochain pas”. Ce n’est pas tant l’engagement lui-même qui est en jeu, mais ce qu’il vient symboliser pour chacun. En travaillant ces couches inconscientes, le couple peut dépasser le simple conflit de rythme pour accéder à une forme de vérité relationnelle plus profonde.

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