Psychologie

Souvent perçu comme une activité sans importance, le gribouillage chez l’enfant est pourtant loin d’être anodin. Avant même de savoir dessiner ou écrire, l’enfant trace, rature, remplit l’espace de lignes apparemment désordonnées. Ces gestes spontanés ne relèvent pas seulement du jeu mais traduisent un besoin profond d’exprimer ce qui, en lui, ne trouve pas encore de forme ni de mots. Le gribouillage devient alors un langage, celui de l’inconscient en quête de contours.

Tracer pour exister dans l’espace

Quand un enfant s’empare d’un crayon pour gribouiller, il ne cherche pas à représenter mais à s’inscrire dans un espace qu’il s’approprie. Ces lignes sinueuses ou répétitives témoignent d’un besoin de marquer sa présence, de laisser une trace là où il n’a pas encore accès à l’élaboration verbale. Lucas, 3 ans, remplit frénétiquement des feuilles de boucles sans fin après l’entrée en maternelle ; ce geste traduit sa tentative d’apprivoiser un environnement nouveau en posant, à sa manière, des repères visuels rassurants.

Le désordre graphique comme reflet d’une agitation intérieure

Derrière l’apparente cacophonie des traits, le gribouillage devient souvent l’écho d’un tumulte psychique difficile à canaliser. Lorsque l’enfant est traversé par des émotions intenses – colère, frustration, angoisse – il utilise le geste graphique pour externaliser ce qui le déborde. Emma, 5 ans, s’acharne à noircir des pages entières de coups de crayon après une dispute familiale ; loin d’être un simple « dessin raté », ce gribouillage traduit un besoin urgent de mise à distance de ses tensions internes.

Un premier langage de l’inconscient

Avant de raconter des histoires avec des images, le gribouillage permet à l’enfant d’exprimer l’informulé, ce qui n’a pas encore de contour psychique. Ces formes indéfinies sont autant de tentatives de donner forme à l’indicible, aux sensations brutes et aux affects confus. Paul, 4 ans, multiplie les spirales et les enchevêtrements de lignes au moment où il vit une séparation parentale ; ces motifs répétitifs révèlent un travail inconscient d’élaboration autour du vide et de la perte.

Accueillir sans interpréter trop vite

Face à ces productions graphiques désordonnées, l’enjeu n’est pas de chercher un sens caché immédiat mais de reconnaître le gribouillage comme un espace d’expression nécessaire. Plutôt que de minimiser ou de corriger l’enfant, il est précieux de lui offrir la possibilité de continuer à tracer librement, sans attente de résultat. Ce geste simple peut devenir un véritable outil de régulation émotionnelle, un passage entre le chaos intérieur et la construction progressive d’un monde psychique plus ordonné.

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