Psychologie

Qu’il joue au docteur, à la maîtresse ou au super-héros, l’enfant ne se contente pas d’imiter le monde qui l’entoure. À travers ces scénarios inventés, il explore des territoires émotionnels qu’il ne peut pas toujours affronter directement. En se glissant dans la peau d’un autre, l’enfant trouve un espace sécurisé pour exprimer ses peurs, ses colères ou ses désirs, tout en maintenant une distance avec ce qui le trouble.

Se déguiser pour dire l’indicible

Lorsqu’un enfant enfile un costume ou joue un rôle, il met en scène des émotions qu’il peine à verbaliser à la première personne. Léa, 5 ans, passe des heures à incarner une maîtresse autoritaire après avoir vécu l’arrivée d’un beau-père très strict ; à travers ce jeu, elle transpose une figure d’autorité qui l’inquiète, tout en s’appropriant symboliquement ce pouvoir. Le déguisement devient alors un médiateur entre son vécu émotionnel et sa capacité à l’élaborer.

Répéter des scénarios pour maîtriser l’angoisse

Quand l’enfant rejoue inlassablement la même scène, il cherche souvent à apprivoiser une situation intérieure source d’angoisse. Paul, 4 ans, s’invente des histoires de sauvetage chaque soir depuis que sa mère est hospitalisée ; derrière ces aventures imaginaires, il tente de reprendre contrôle sur une réalité qui lui échappe. La répétition, loin d’être un simple plaisir ludique, agit comme une tentative d’apaisement face à l’incertitude et à la peur de la perte.

Endosser l’autre pour mieux comprendre soi

En adoptant des rôles variés, l’enfant expérimente des positions émotionnelles qu’il n’ose pas assumer dans la vie réelle. Emma, 6 ans, qui d’ordinaire se montre très sage, adore jouer les méchantes sorcières ; ce personnage lui permet d’exprimer une agressivité normale mais réprimée au quotidien. Le jeu de rôle offre ainsi un cadre symbolique où l’enfant peut explorer librement des parts de lui-même, sans crainte de jugement ou de sanction.

Laisser l’enfant jouer sans interpréter trop vite

Si ces mises en scène sont riches de sens, il est essentiel de laisser l’enfant libre dans ses choix de personnages et de scénarios. Intervenir ou chercher à décoder systématiquement ses jeux risquerait de briser cet espace de liberté psychique. Le rôle de l’adulte est d’observer avec bienveillance, en comprenant que ces jeux permettent à l’enfant de traiter, à son rythme, des émotions complexes et d’apprendre à mieux se connaître.

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