Psychologie

Face à un enfant qui murmure à l’oreille d’un camarade ou refuse obstinément de révéler ce qu’il cache, l’adulte est souvent tenté d’en savoir plus. Pourtant, le secret joue un rôle fondamental dans la construction psychique, bien au-delà du simple jeu de mystère. En gardant certaines choses pour eux, les enfants délimitent un espace intime nécessaire à leur développement, un territoire protégé où se tissent leurs premières expériences de subjectivité.

Le secret comme frontière psychique

Dès le plus jeune âge, le secret permet à l’enfant de poser une limite entre son monde intérieur et l’extérieur. Ce qu’il choisit de taire n’est pas toujours grave ou inquiétant ; il s’agit souvent d’une façon d’affirmer son autonomie face aux adultes. Léa, 7 ans, cache soigneusement un carnet où elle note ses pensées ; ce geste traduit son besoin de préserver un espace personnel, inaccessible aux regards parentaux, pour structurer son identité naissante.

Taire pour mieux contenir ses émotions

Certains secrets naissent de la nécessité de garder pour soi des émotions ou des pensées que l’enfant ne parvient pas encore à partager sans crainte. Paul, 6 ans, refuse de dire pourquoi il s’isole dans sa chambre après l’école ; en réalité, il cherche à apprivoiser seul l’angoisse liée à une dispute avec un ami. Le silence devient alors une stratégie inconsciente pour contenir une émotion débordante, en attendant de pouvoir la formuler autrement.

Le poids des secrets imposés

Il arrive que l’enfant porte des secrets qui ne sont pas les siens, lorsqu’un adulte ou une situation lui confie un poids psychique trop lourd à porter. Emma, 8 ans, à qui l’on a demandé de ne pas parler des tensions familiales, développe des maux de ventre inexpliqués ; son corps exprime ce que la parole ne peut libérer. Dans ces cas, le secret n’est plus une protection mais une entrave, enfermant l’enfant dans une solitude émotionnelle inquiétante.

Respecter le silence sans banaliser

Si le secret est un outil structurant, il est essentiel d’offrir à l’enfant un espace où il saura qu’il peut parler s’il le souhaite. L’adulte doit éviter d’insister ou de banaliser d’éventuels silences lourds de sens. Il s’agit de reconnaître la fonction positive du secret tout en restant attentif·ve aux signes qui pourraient révéler une souffrance cachée. Créer un climat de confiance permet à l’enfant de choisir, à son rythme, ce qu’il souhaite dévoiler ou préserver.

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