Quand le corps de l’enfant exprime ses émotions, ses tensions

Un enfant qui bouge sans cesse, qui se balance sur sa chaise ou, au contraire, qui reste figé et tendu attire rapidement l’attention des adultes. Mais au-delà des apparences, ces comportements corporels traduisent souvent l’expression silencieuse d’une vie psychique en plein tumulte. Le corps devient alors le premier langage, celui par lequel l’enfant manifeste des émotions, des tensions ou des conflits internes qu’il ne parvient pas à verbaliser.
L’agitation corporelle comme débordement émotionnel
Lorsque l’enfant ne tient pas en place, ce n’est pas toujours par simple besoin de dépenser de l’énergie. Paul, 6 ans, traverse la maison en courant dès qu’une dispute éclate entre ses parents ; son agitation soudaine traduit une tentative inconsciente d’évacuer une angoisse face à une situation qu’il ne contrôle pas. Le mouvement incessant devient alors un exutoire face à des émotions trop envahissantes pour être contenues autrement.
La retenue du corps, un signal de repli psychique
À l’inverse, le corps figé peut être le reflet d’une inhibition face à une peur ou à une pression intérieure. Emma, 5 ans, reste immobile et crispée lorsqu’elle est sollicitée en groupe ; ce retrait corporel exprime une peur du regard de l’autre et une difficulté à se sentir légitime dans l’espace social. Cette retenue n’est pas un simple trait de caractère mais une défense face à une insécurité émotionnelle.
Les gestes répétitifs, entre apaisement et tentative de maîtrise
Certains enfants adoptent des mouvements stéréotypés — balancements, tapotements — qui permettent de contenir une agitation interne difficile à réguler. Léa, 4 ans, se balance doucement dès qu’elle est confrontée à un environnement inconnu ; ce geste devient un moyen de s’auto-rassurer, de rythmer ses émotions pour éviter d’être submergée. Le corps crée ainsi ses propres repères pour faire face à l’incertitude.
Observer le langage du corps sans le forcer
Face à ces manifestations corporelles, l’enjeu n’est pas de contraindre l’enfant à « se tenir tranquille » ou à « se lâcher » mais de comprendre ce que son corps exprime à sa place. L’agitation comme la retenue sont souvent des réponses adaptées à un ressenti psychique complexe. Offrir un cadre sécurisant, sans jugement, permet à l’enfant de trouver progressivement d’autres moyens d’exprimer ses tensions, notamment par la parole ou la création.