Applis de rencontre : entre fatigue psychique et lassitude

Trop de débuts, pas assez de durée ; quand le cycle répétitif épuise le désir.
Il y a l’envie, puis la conversation, parfois l’enthousiasme d’un premier échange. Et puis soudain, un désintérêt. Une lassitude soudaine. Avant même la rencontre, le lien semble s’effondrer, vidé de sa substance. Ce phénomène, de plus en plus fréquent, témoigne d’un épuisement particulier : celui de la répétition des débuts sans suite.
L’accumulation de possibles comme fatigue psychique
Sur les applis, tout semble accessible, immédiat, renouvelable. Chaque interaction ouvre un potentiel. Mais à force de recommencer, le lien devient un geste automatique, sans affect, sans surprise. Le désir s’épuise dans la quantité, incapable de se fixer ou de s’approfondir.
Le début comme seule scène supportable
Pour certains, le début est la seule partie du lien qui paraît tolérable. Il est léger, excitant, non engageant. Mais dès que l’autre devient réel, incarné, une forme de désenchantement surgit. Ce n’est pas tant la personne qui déçoit que le fait même de devoir passer de l’imaginaire à la réalité.
Le désir comme mécanisme de fuite
Derrière cette fatigue, il y a parfois une défense inconsciente. Désirer, mais à distance ; commencer, mais sans jamais entrer dans la suite. Ce comportement évite l’engagement, la vulnérabilité, le risque de l’intimité. La lassitude devient un refuge contre ce que l’on ne parvient pas à assumer.
Une saturation sensorielle et émotionnelle
Lire, répondre, s’exposer, recommencer… Chaque nouveau contact mobilise une énergie émotionnelle souvent invisible. À force de se projeter dans des liens éphémères, le système affectif s’épuise et se protège par le retrait. Ce n’est pas un manque d’intérêt pour l’autre, mais un trop-plein d’efforts non récompensés.
Repenser le temps du lien
Sortir de cette fatigue demande un réajustement du rythme. Moins d’attente immédiate, plus de lenteur. Il ne s’agit pas de multiplier les interactions, mais de réinvestir la qualité, même au stade du début. Le désir a besoin d’un espace pour se poser, se développer, et parfois, de silence pour renaître.