Psychologie

Porter plainte, contester une décision, demander réparation ou faire valoir une liberté fondamentale : revendiquer ses droits peut sembler évident dans une démocratie. Pourtant, ce geste reste parfois chargé de malaise, de crainte ou de retenue. Et si faire valoir ses droits n’était pas seulement une démarche juridique, mais un acte profondément politique et subjectif ?

Le droit comme outil, pas comme faveur

Dans les discours, le droit est présenté comme un acquis partagé. Mais dans les faits, beaucoup vivent leurs droits comme quelque chose qu’il faut oser réclamer, presque demander. Cette confusion trahit une relation ambivalente aux institutions : peur de déranger, crainte d’être mal perçu·e, sentiment d’illégitimité. Revendiquer devient alors un acte de courage, non pas contre la loi, mais pour s’y reconnaître. Faire valoir ses droits, c’est déjà dire : « j’ai une place », « je mérite d’être entendu·e ».

Une forme de parole politique

Lorsque quelqu’un fait appel à la justice, à un avocat, à un service public pour faire valoir ses droits, il ou elle quitte la position d’usager passif pour devenir sujet politique. C’est une prise de parole qui s’inscrit dans le champ collectif, même si elle part d’un problème individuel. En cela, elle ne concerne pas seulement l’auteur·e de la démarche, mais interroge la société toute entière : ses règles, ses silences, ses contradictions. Revendiquer, ce n’est pas s’opposer ; c’est participer.

Ce que cela coûte d’oser

Mais ce geste, en apparence neutre, peut être lourd de conséquences. Faire valoir ses droits, c’est parfois s’exposer à la lenteur, à la confrontation, à la suspicion. Ce n’est jamais une simple formalité. Cela suppose une énergie psychique, une confiance en soi, une certaine stabilité. Nombreux·ses sont celles et ceux qui renoncent, non par manque de raison, mais par fatigue anticipée. Cela en dit long sur l’asymétrie entre ce que la loi promet et ce qu’elle permet réellement.

Une réappropriation du lien démocratique

Réaffirmer que faire valoir ses droits est un acte citoyen, c’est redonner du sens à la démocratie comme espace vivant, disputé, incarné. C’est aussi reconnaître que le droit ne suffit pas s’il reste formel : il a besoin de sujets pour l’activer, le mettre en tension, le faire vivre. Loin de l’image du « plaignant » ou du « râleur », celui ou celle qui revendique fait œuvre collective. Il ou elle rappelle que la citoyenneté n’est pas seulement une appartenance, mais une pratique active, concrète, parfois exigeante.

Trouver un psy