Psychologie

À une époque où le travail est souvent évalué à l’aune de la rentabilité ou du prestige individuel, choisir la fonction publique peut apparaître comme un acte à contre-courant. Pourtant, pour beaucoup, ce choix s’inscrit dans une vision du travail où l’engagement collectif, la continuité du service et l’utilité sociale priment sur la réussite personnelle. Être fonctionnaire n’est pas un simple statut, c’est une manière d’être au monde, de se positionner dans un rapport aux autres marqué par la responsabilité, la régularité et le sens. Et cette posture mérite d’être reconnue dans toute sa légitimité, loin des stéréotypes.

Une place stable dans un monde incertain

Dans un contexte marqué par l’instabilité des parcours professionnels et la multiplication des réorganisations, la fonction publique représente un îlot de stabilité. Mais au-delà de la sécurité de l’emploi, ce que recherchent de nombreux agents, c’est une inscription durable dans un cadre structurant. Ce rapport au temps long permet d’approfondir les missions, de tisser des liens solides avec les usagers, et d’inscrire son action dans une continuité. Ce n’est pas l’immobilité qui est recherchée, mais la possibilité d’agir sans être soumis à la logique de l’urgence ou de la rentabilité immédiate.

Un exemple : Thomas, l’attachement à la mission

Thomas, 45 ans, est bibliothécaire dans la fonction publique territoriale depuis une quinzaine d’années. Il aurait pu évoluer dans le privé ou dans des structures plus innovantes, mais il a fait le choix de rester. Ce qu’il valorise, ce n’est pas le confort, mais la cohérence entre ses valeurs et ce que son poste incarne : transmission, accès à la culture, présence régulière auprès des publics. Il parle de son métier avec fierté, non par vanité, mais parce qu’il sent qu’il contribue, à sa manière, à maintenir un bien commun. Ce qui le nourrit, c’est d’être au service sans se renier, d’avoir trouvé un lieu d’action aligné avec ce qu’il estime juste.

Une identité professionnelle fondée sur le lien

Ce qui structure l’identité du fonctionnaire n’est pas tant le contenu des tâches que le rapport à l’institution et à la collectivité. Travailler dans le public, c’est inscrire son action dans un maillage social plus large, où l’on n’agit pas pour soi seul, mais dans une dynamique de transmission et de relais. Cette position peut parfois sembler invisible, peu valorisée socialement, mais elle porte une force tranquille. Elle repose sur un engagement quotidien, parfois discret, mais essentiel au bon fonctionnement de la société. La fierté ne se proclame pas, elle se construit dans la durée, dans l’éthique du geste répété.

Réaffirmer la valeur symbolique de ce choix

À l’heure où le mot « service » est souvent réduit à une fonction logistique, il est essentiel de réhabiliter la dimension symbolique et politique du service public. Être fonctionnaire, c’est choisir de se tenir à une place, avec ses contraintes, mais aussi ses effets structurants. C’est une manière de participer à la vie collective sans chercher à se mettre en avant, mais sans s’effacer non plus. Cette fierté n’est pas un privilège : c’est le juste retour d’une position tenue avec engagement. Dans une époque traversée par la défiance, cette constance vaut d’être reconnue.

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