Le refus scolaire : caprice ou symptôme d’un système anxiogène ?

Il ou elle ne veut plus aller en cours. Se lève avec difficulté, somatise, pleure, s’isole. Le refus scolaire inquiète, dérange, interroge. Est-il le signe d’un caprice, d’un manque de volonté, ou le symptôme plus profond d’un mal-être psychique que l’école, sans le vouloir, active ? Face à l’absentéisme répété, il devient urgent de penser autrement l’expérience scolaire.
Quand le corps dit ce que les mots ne peuvent plus
Le refus scolaire n’est pas toujours articulé. Il s’exprime souvent par le corps : maux de ventre, nausées, crises d’angoisse, mutisme. Ce ne sont pas des stratégies conscientes, mais des signaux. L’école, lieu censé structurer et faire grandir, devient pour certains un environnement menaçant. Trop bruyant, trop évaluatif, trop social, trop contraignant. Le seuil de tolérance intérieure est dépassé. Le symptôme alors prend la parole. Et ce langage du corps, trop vite disqualifié, mérite d’être entendu dans sa densité.
Un système qui ne laisse pas respirer
L’institution scolaire valorise la performance, la constance, la conformité. Mais elle laisse peu de place à la nuance, au doute, à l’émotion. Certains élèves, hypersensibles, en décalage, ou simplement plus vulnérables, s’y heurtent de plein fouet. L’emploi du temps saturé, la peur de l’échec, les codes sociaux implicites créent une tension silencieuse. Ce n’est pas l’école en soi qui est toxique, mais ce qu’elle exige parfois sans le dire : être fort, rapide, adaptable, toujours disponible. Tous ne peuvent pas s’y plier sans y laisser une part de leur équilibre.
Le silence des adultes face à l’illisible
Le refus scolaire confronte parents et enseignants à une forme de perte de contrôle. Un enfant qui ne veut plus aller à l’école remet en cause un fonctionnement, une norme, une croyance. C’est souvent perçu comme une attaque personnelle, un échec éducatif. On réagit par la réassurance ou la menace, mais rarement par l’écoute réelle. Pourtant, ce refus est souvent l’unique forme de résistance qu’il reste à l’enfant pour dire « ça ne va pas ». Derrière le retrait, il y a une demande de sens, de lien, d’apaisement.
Réintégrer le sujet dans l’école
Il ne s’agit pas de céder à chaque angoisse, mais de reconnaître que l’élève n’est pas qu’un apprenant, mais un sujet. Intégrer la parole, l’émotion, le rythme singulier dans l’espace scolaire n’est pas une faiblesse du système, mais sa nécessaire évolution. Accepter le refus comme un symptôme, c’est ouvrir un espace de transformation : pour l’enfant, pour sa famille, pour l’institution. Car un enfant qui refuse d’apprendre ne rejette pas toujours le savoir. Il rejette parfois la manière dont on l’enferme.