Psychologie

Principe fondamental de toute démocratie, l’égalité devant la loi affirme que nul ne doit être privilégié ou désavantagé par sa condition sociale, son origine ou son statut. Mais au-delà du cadre légal, qu’en est-il du vécu de la justice ? Cette promesse d’impartialité résiste-t-elle à l’épreuve des pratiques, des biais inconscients et des expériences subjectives ? Et si la justice, en prétendant être la même pour tous, exposait aussi ses angles morts ?

Une égalité de principe

Sur le papier, la justice traite chaque citoyen·ne comme un sujet de droit. Les textes, les procédures, les garanties sont pensés pour neutraliser les écarts. C’est le cœur même de l’idéal républicain : effacer les privilèges de naissance au profit d’un ordre fondé sur la loi commune. C’est aussi une manière de tenir ensemble une société traversée par les différences. Mais cette égalité formelle ne dit rien de la capacité réelle des individus à faire valoir leurs droits.

Des inégalités d’accès

Car la justice ne se vit pas seulement dans les textes : elle s’expérimente dans le face-à-face avec l’institution. Or, l’accès à un bon avocat, la compréhension des procédures, la capacité à rassembler des preuves ou à argumenter efficacement dépendent fortement du niveau d’éducation, des ressources économiques, du capital social. Deux personnes dans une situation similaire peuvent connaître des trajectoires judiciaires très différentes. Ce décalage ne relève pas d’une injustice intentionnelle, mais il mine profondément le sentiment d’équité.

Une écoute inégalement distribuée

Au-delà des faits, le sujet qui parle n’est pas toujours entendu de la même manière. Le langage, la posture, le lieu d’origine, l’assurance dans la prise de parole influencent, souvent inconsciemment, la perception qu’en ont les juges, les greffiers, les policiers. La justice, même de bonne foi, n’échappe pas aux biais sociaux. L’impartialité institutionnelle cohabite avec des sensibilités humaines, des représentations, des filtres. Et c’est souvent là que naît le sentiment d’une justice « à deux vitesses » : non pas dans la loi, mais dans son incarnation.

Reconnaître pour mieux garantir

Dire que la justice n’est pas toujours la même pour tous ne revient pas à en contester les fondements, mais à affirmer la nécessité de vigilance constante. L’idéal d’égalité ne se maintient qu’en se confrontant à ses limites, à ses angles morts, à ses ratés silencieux. C’est dans cette lucidité qu’un lien de confiance peut se reconstruire. Une société adulte ne nie pas ses écarts : elle les regarde, les pense, et les travaille. Pour que l’égalité devant la justice ne soit pas un slogan, mais un horizon partagé.

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