Psychologie

« Je ne sais pas ce que je ressens. » « J’ai quelque chose sur le cœur, mais je n’arrive pas à le dire. » Ces phrases traduisent une difficulté fréquente : celle de verbaliser ses émotions. Or, cette capacité à nommer ce que l’on vit intérieurement est essentielle à notre équilibre psychique et relationnel. En psychologie, on sait que mettre des mots sur les ressentis permet non seulement de les désamorcer, mais aussi de mieux se connaître et de créer des liens plus authentiques avec les autres. Apprendre à verbaliser, c’est apprendre à s’écouter pour mieux s’exprimer.

Pourquoi il est difficile de dire ce que l’on ressent

La plupart d’entre nous n’avons pas grandi dans un environnement où l’on apprenait à nommer ses émotions. On nous a souvent dit « ne pleure pas », « calme-toi », « ne sois pas en colère »… Résultat : nous avons appris à taire ce que nous vivons, ou à le camoufler derrière des réactions physiques ou comportementales. Certaines émotions peuvent aussi être inconscientes, ou si intenses qu’elles nous coupent de la parole. D’autres encore sont teintées de honte ou de peur d’être jugé. Verbaliser demande du courage, mais aussi une certaine éducation émotionnelle.

Mettre des mots pour apaiser le ressenti

Verbaliser ses émotions, c’est un peu comme ouvrir une soupape de sécurité. Lorsqu’un ressenti est nommé, l’intensité émotionnelle diminue. C’est ce que démontrent les neurosciences affectives : nommer une émotion active des zones du cerveau qui favorisent la régulation émotionnelle. Dire « je me sens triste », « je suis frustré », « j’ai peur », ce n’est pas se plaindre, c’est reprendre du pouvoir sur ce qui nous traverse. Cela permet aussi de prendre du recul et d’agir avec plus de clarté.

Une meilleure communication avec les autres

Les émotions non verbalisées ont tendance à s’exprimer malgré nous : par le ton, les silences, les tensions, ou des comportements déplacés. À l’inverse, verbaliser ses émotions de façon claire et respectueuse permet de désamorcer les conflits, de poser des limites, de demander de l’aide ou de partager une joie sincère. En utilisant des messages en « je » (par exemple : « Je me suis senti blessé quand… »), on exprime son ressenti sans accuser l’autre, ce qui favorise l’écoute et la compréhension mutuelle.

Des outils pour apprendre à verbaliser

Certaines personnes ont du mal à verbaliser parce qu’elles n’ont pas le vocabulaire émotionnel nécessaire. Il est possible d’enrichir cette palette avec des listes d’émotions, des cartes, des journaux d’émotions ou en s’inspirant de la Communication Non Violente (CNV). Le travail thérapeutique peut également aider à reconnaître et formuler ce qui était resté flou ou enfoui. L’écriture, la lecture, ou même l’art peuvent être des tremplins vers la verbalisation : poser un mot, une image ou une phrase sur ce qui bouillonne en soi.

Un chemin vers une relation plus authentique à soi-même

Verbaliser ses émotions n’est pas un simple exercice de langage : c’est une pratique de conscience, de présence à soi. Cela permet de mieux comprendre ses besoins, ses limites, ses désirs profonds. C’est aussi un acte de respect envers soi-même. En exprimant ce que l’on vit, on cesse de le subir, on apprend à se positionner, à faire des choix plus ajustés. Verbaliser, c’est s’ouvrir à soi pour mieux s’ouvrir aux autres. C’est transformer le tumulte intérieur en parole vivante et partagée.

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