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Violences psychologiques dans le couple
S’il n’existe pas de définition générale de la violence psychologique, il est possible de décrire un ensemble de comportements qui témoigne de ce type de relations.
Le rejet
Il s’exprime au travers de deux grandes catégories de comportement. Les agirs du conjoint véhiculent tout d’abord un vécu de transparence et d’invisibilité à la femme : aucune parole, aucun regard, aucun intérêt. Cette indifférence, arrivée à son paroxysme, est l’une des formes les plus extrêmes de rejet car elle dénie jusqu’à l’existence de l’autre.
Les rejets, ce sont aussi les comportements qui renvoient à un refus de présence de l’autre dans sa vie : la femme est alors perçue comme une menace, une agression ou encore un ‘mauvais objet’ qui peut contaminer et contre lequel le conjoint doit se « protéger ».
La dégradation
Insultes, humiliations ou encore infantilisations systématiques sont subies dans la sphère privée comme en public. Le message véhiculé est omniprésent et globalisant: la femme n’est capable de rien, et c’est cette incapacité qui ‘explique’ les rejets subies : voici le sens qui doit être perçu, compris et intégré par celle-ci.
La peur
Elle s’installe progressivement dans le quotidien, variant entre les intimidations, les déceptions, la crainte et la terreur. Ses vecteurs ne sont pas que physiques, ils sont aussi psychologiques en instaurant un environnement menaçant, en changeant régulièrement les règles de façon à empêcher la création de repères ou encore en infligeant à la femme d’être témoin de la souffrance d’autrui : de l’animal de compagnie, à sa famille, ses amies jusqu’à ses enfants.
Les menaces deviennent le support privilégié de communication, elles sont préférées à l’explication et au dialogue, multiplient les interdits et tentent de transmettre à la victime le sentiment de l’omniprésence et de l’omnipotence du conjoint, à tel point qu’elle n’osera plus rien, y compris penser.
L’isolement
Renforcement des liens de dépendance de la femme vis-à-vis de son conjoint, privation de soutien moral et affectif, réduction du champ des possibles, création d’une dépendance matérielle totale, privation de liberté etc…
Ces pratiques visent à l’enfermement physique et psychologique en créant un sentiment d’étrangeté de l’environnement extérieur, de sorte que la victime, elle-même, ne pense plus à s’enfuir ou demander de l’aide.
La corruption
Elle consiste à amener la femme à accepter, cautionner et/ou réaliser des pratiques opposées à ses valeurs morales. Elle peut y être amenée pour différentes raisons telles que la croyance que cet acte prouvera (enfin) son amour à son conjoint ou encore qu’elle retrouvera une place valorisée à ses côtés.
A l’inverse, ce comportement donnera un outil de pression supplémentaire au conjoint qui lui permettra d’user de chantage, et de convaincre encore davantage sa conjointe de son incapacité, de sa répugnance ou encore de son isolement face à une société qui la jugerait pour cet acte.
Progressivement, la femme prend conscience qu’elle a agi contre ses propres valeurs, et parfois contre la loi... Elle se sent sale, culpabilise et se dévalorise elle-même. Enfin, elle perd confiance en elle-même, en ses principes et ne parvient plus à donner du sens à son environnement ou à ses actes.
La création du délit de violence psychologique
Alors que les violences physiques et sexuelles ont tant de difficultés à être prouvées, l’annonce de la création de cette loi vient modifier la perception et la compréhension des femmes maltraitées. La reconnaissance de la violence psychologique permet de lever une part du déni qui entoure cette cruauté mentale et qui ouvre la voie aux violences physiques : lorsque les premiers coups partent, les femmes n’ont souvent plus la force mentale de se relever.
Bien sûr, chaque cas est différent. La genèse de la violence dépendra de l’histoire du couple, et des conjoints. Cependant, les études montrent que la violence psychologique est vicieuse. Elle s’installe lentement : les premières agressions sont mesurées, elles créent des blessures profondes mais sont suivies d’excuses et de pardons. Le conjoint regrette, pleure, culpabilise, affirme à sa femme qu’il ne la mérite pas, qu’elle devrait le quitter…. Puis reviennent les périodes de bonheur qui font oublier, malheureusement pour un temps seulement.
Si vous pensez être victime de maltraitances, ne restez pas seule :
http://www.violencequefaire.ch/fr/vic/index.php
http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_tel_national.htm