Psychologie

Dans la phase de recherche d’un thérapeute, il n’est pas rare d’entendre cette phrase : « Je cherche quelqu’un à qui je peux m’identifier. » Un psy du même genre, du même âge, du même milieu, parfois même de la même orientation sexuelle ou origine culturelle. Ce besoin, légitime sur le plan du confort, interroge néanmoins ce qui se joue plus profondément dans cette quête de ressemblance : s’agit-il d’un appui rassurant pour se livrer, ou d’un évitement inconscient de ce qui, dans la différence, risquerait de déstabiliser l’image que l’on a de soi ?

La ressemblance comme refuge contre la confrontation

Trouver un psy “qui nous ressemble” peut sembler garantir une forme de compréhension immédiate. On suppose que l’autre saura “de quoi il s’agit”, qu’il n’aura pas besoin qu’on explique certains vécus. Cette proximité apparente offre un abri face à la crainte d’être mal compris, jugé ou regardé de travers. Mais elle peut aussi limiter le potentiel de déplacement du travail thérapeutique. Car c’est précisément dans l’altérité du psy — dans son regard décalé, sa posture non symétrique — que peut s’ouvrir un questionnement plus profond sur ses propres représentations, défenses et identifications.

Exemple : une attente de miroir trop lisse

Delphine, 33 ans, a consulté plusieurs thérapeutes mais n’est jamais allée au-delà de deux ou trois séances. Elle cherchait, dit-elle, une femme de sa génération, “avec une sensibilité proche”. Elle souhaitait se sentir reconnue, mais dès que la psy ne réagissait pas comme une amie aurait pu le faire, elle se sentait trahie. Le décalage réveillait en elle une peur ancienne d’être incomprise, abandonnée. En cherchant un double rassurant, elle évitait de se confronter à ce qu’un lien non fusionnel aurait pu lui permettre de traverser.

L’altérité comme moteur de transformation

Un psy n’est pas un alter ego. Il n’est pas là pour partager une expérience commune, mais pour accueillir celle du patient depuis une position tierce, ni trop proche ni trop lointaine. C’est dans cet espace d’écart, parfois inconfortable, que quelque chose de neuf peut émerger. Ce que l’on projette sur la ressemblance (bienveillance, sécurité, alliance) peut parfois masquer un refus d’être déplacé, de rencontrer d’autres versions de soi. La psychanalyse, notamment, travaille avec ce déplacement : faire place à un autre qui ne nous reflète pas, mais nous entend.

Autoriser l’inconfort, dépasser l’identification

Il ne s’agit pas de nier l’importance du cadre ou du sentiment de sécurité. Mais le sentiment d’être “bien avec” un psy ne garantit pas que le travail s’effectue. Delphine, en acceptant un jour de poursuivre malgré une impression de distance, a découvert que cette non-fusion permettait d’exprimer des choses plus profondes, moins attendues. Elle a cessé d’attendre une ressemblance pour se sentir autorisée à parler. C’est dans cet espace non symétrique qu’elle a pu commencer à se voir autrement — non à travers un miroir, mais dans une écoute réelle, structurante, décentrée.

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