Psychologie

Quand l’abondance des options crée plus de confusion que de lien.

Jamais il n’a été aussi facile de rencontrer quelqu’un ; jamais il n’a été aussi difficile de désirer vraiment. Les applications de rencontre, en offrant un accès immédiat à une infinité de profils, transforment profondément notre manière d’aimer. Elles modifient non seulement la logique de la rencontre, mais la structure même du désir. Trop de choix ne mène pas à plus de liberté ; il mène parfois à l’errance.

L’effet catalogue : la séduction sous forme de sélection

Face à une interface infinie de visages, le désir se transforme en évaluation. On ne se laisse plus surprendre, on scrolle, on trie, on compare. Le geste est rapide, mécanique, souvent inconscient. Or, le désir naît du manque, de la lenteur, de l’incertitude. Le swipe permanent court-circuite ce temps du trouble, et remplace l’attente par l’anticipation.

Un fantasme d’accessibilité totale

L’illusion produite par les applis, c’est celle d’un désir toujours activable. Il suffit d’un glissement de doigt pour faire apparaître un nouvel autre, une nouvelle possibilité, un nouveau “peut-être”. Cette logique d’abondance renforce un fantasme de toute-puissance ; je choisis, je maîtrise, je consomme. Mais à force de tout pouvoir, on finit par ne plus vouloir.

Le désir comme fatigue

À force de multiplier les débuts, on s’épuise. Le désir devient volatile, sans point d’ancrage. Chaque match ouvre une fenêtre, mais aucune ne reste ouverte assez longtemps pour laisser entrer l’élan. Cette accumulation de micro-rencontres crée une saturation. Ce n’est pas que l’on ne désire plus, c’est que le désir ne trouve plus de forme stable pour se déployer.

L’autre comme version bêta

Quand trop de choix s’offre à soi, chaque personne devient potentiellement remplaçable. On ne s’attarde plus. On ne s’attache plus. On cherche mieux, plus, différent. Ce qui rend le désir vivant ; la surprise, l’inattendu, l’imperfection ; est remplacé par une quête de l’optimisation. On ne désire plus un sujet, mais une version idéale de relation.

Revenir à un désir situé, incarné, limité

Le désir ne s’épanouit pas dans l’infini ; il naît dans une contrainte, dans un cadre, dans un corps. Ce n’est pas la profusion qui crée l’intensité, mais le choix assumé parmi le multiple. Cela suppose de sortir du zapping émotionnel pour entrer dans une temporalité du lien ; de renoncer à la toute-puissance pour retrouver la fragilité du contact réel.

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