Naître parent : comment l’arrivée du bébé modifie l’identité de l’adulte

On pense souvent que devenir parent est une addition : on reste soi-même et l’on ajoute simplement un nouveau rôle. Pourtant, l’arrivée d’un bébé agit comme une déconstruction profonde de l’identité adulte, bouleversant les repères, les certitudes et l’image que l’on avait de soi avant la parentalité.
La fin de l’illusion de maîtrise
Avant la naissance, l’adulte croit contrôler son quotidien, ses choix et son temps. L’arrivée d’un bébé vient brutalement rappeler une réalité plus archaïque : celle de la dépendance, de l’imprévu et de l’impuissance, comme ce père habitué à gérer sa vie professionnelle avec rigueur, déstabilisé par l’incapacité à calmer les pleurs nocturnes de son enfant, découvrant que ses compétences d’adulte n’ont plus prise sur cette nouvelle réalité.
Quand l’identité sociale s’efface derrière le rôle parental
Devenir parent, c’est aussi voir disparaître, temporairement ou durablement, certaines facettes de son identité. La reconnaissance professionnelle, les loisirs ou les interactions sociales s’estompent face aux exigences du quotidien avec un nourrisson, comme cette femme qui, après un congé maternité, ne se reconnaît plus en tant que femme active, enfermée dans une fonction de « maman » qui la réduit aux yeux des autres mais aussi d’elle-même.
La confrontation avec des parts de soi oubliées
La parentalité réveille des zones inconscientes que l’adulte pensait maîtriser. Face au bébé, surgissent des émotions, des peurs ou des colères inattendues, comme ce jeune père surpris par son irritabilité, réalisant qu’il rejoue des scènes de son enfance face à l’impuissance provoquée par les cris de son enfant. Ce n’est plus seulement l’adulte rationnel qui agit, mais une partie plus ancienne, plus vulnérable.
Se reconstruire dans une identité nouvelle et mouvante
Loin d’être une simple crise, cette déconstruction identitaire est aussi une opportunité. Devenir parent oblige à repenser qui l’on est, au-delà des rôles sociaux et des représentations figées, en intégrant ces nouvelles facettes que l’on découvre à travers la relation avec l’enfant. C’est en acceptant cette perte de l’ancien « moi » que l’adulte peut renaître dans une identité plus souple, enrichie par cette expérience transformante.